Le recul dans la lutte contre la pauvreté en France est "sans précédent", selon le rapporteur spécial de l'ONU sur les droits humains et l'extrême pauvreté
Olivier De Schutter dénonce un phénomène de "pauvrophobie", qui entraîne des discriminations à l'encontre des personnes pauvres.
Le recul dans la lutte contre la pauvreté en France est "sans précédent", estime samedi 26 novembre sur France Inter le rapporteur spécial de l'ONU sur les droits humains et l'extrême pauvreté. Olivier De Schutter constate que pour les bénéficiaires d'allocations sociales, c'est "un appauvrissement net tout à fait inédit depuis de très nombreuses années", après la pandémie de Covid-19, avec la guerre en Ukraine et l'inflation.
Olivier De Schutter détaille ainsi le phénomène de non-recours aux prestations sociales. Selon lui, il est "loin d'être marginal". Pour le RSA, cela concerne "40% des bénéficiaires potentiels" et "30% pour les allocations familiales". Ces situations en France ne sont pas exceptionnelles, c'est aussi le cas dans de nombreux pays de l'Union européenne, "c'est environ un tiers des bénéficiaires des prestations sociales qui ne les réclament pas ou qui, face à des obstacles bureaucratiques, à la lourdeur des procédures, au manque d'informations ou à la peur de sanctions n'utilisent pas les droits qui sont les leurs."
"Aujourd'hui, le fait de mal s'habiller et de ne pas avoir le bon accent, de ne pas avoir les codes culturels, d'habiter dans les quartiers qui ont une mauvaise réputation, c'est une véritable pénalité pour les personnes". Pour Olivier De Schutter, il y a un véritable phénomène de "pauvrophobie". "C'est une peine qu'elles subissent pour leur vie entière" et affirme qu'"on ne traitera pas bien de la pauvreté sans traiter de ce phénomène de discrimination envers les personnes en pauvreté."
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