: Vidéo Prix des carburants : "La barre mythique des 2 euros" le litre va être franchie "dans la semaine", selon Michel-Édouard Leclerc
En revanche, le président du comité stratégique des centres Leclerc ne prévoit pas d'impact de la guerre en Ukraine sur l'alimentation avant l'été.
Michel-Édouard Leclerc, président du comité stratégique des centres Leclerc, prévient lundi 7 mars sur franceinfo que les prix des carburant à la pompe vont augmenter "d'environ dix centimes dans la semaine, à peu près dans toutes les stations-service de France". Il appelle donc le gouvernement à mettre en place de nouvelles aides, avec "des chèques ciblés". Pour Michel-Édouard Leclerc, la guerre en Ukraine va avoir un impact sur le pouvoir d'achat des Français plutôt "l'été prochain", avec les récoltes de céréales dont le pays est, comme la Russie, un gros exportateur. Il estime par ailleurs que "nous sommes déjà entrés dans une ère d'inflation depuis décembre", avec une une hausse moyenne attendue des prix des produits alimentaires de 3,6% dans les deux prochains mois.
franceinfo : Sur les prix des carburants, le plus dur est-il devant nous ?
Michel-Édouard Leclerc : Oui. La barre mythique des 2 euros est dans toutes les têtes. On y arrive cette semaine à Paris. Aujourd'hui, les cours dans les stations-service des Centres Leclerc, on est aux alentours de 1,85 à 1,86 euro le litre en province sur le gazoil. Dès qu'on s'approche de la région parisienne ou des grandes métropoles, on est entre 1,93 et 1,96 euro le litre. Sur le sans plomb E10, on est autour de 1,85 euro le litre. Il va y avoir une hausse d'environ dix centimes dans la semaine, à peu près dans toutes les stations-service de France. Nous étions en opération "prix coûtant", sans prendre de marge. On s'était engagé pour les retours de vacances. Maintenant, il s'agit de rester le moins cher.
"J'invite les consommateurs à regarder tous les sites comparatifs. Celui qui n'est pas cher initialement, il va vendre plus et renouveler ses stocks à un prix plus cher, et parfois être plus cher quelques heures plus tard."
Michel Édouard-Leclercà franceinfo
Je pense que ça va continuer, la tendance est à la hausse.
Le gazoil à 2,50 euros le litre dans quelques mois, c'est possible ?
Je n'y crois pas trop, non. Je pense qu'il y aura une intervention des pouvoirs publics avant. On a une bataille de la croissance et de la relance à gagner. Je pense que l'idée de Bruno Le Maire, c'est de ne pas faire grimper l'indice des prix plus que celui de l'Allemagne ou que celui de l'Italie ou de l'Espagne, puisque c'est l'Europe qui est notre principal concurrent, quitte à ouvrir des poches d'aides ciblées aux populations qui en ont le plus besoin. Vu les finances de l'État, il faut orienter les aides vers ceux qui en ont le plus besoin. Le conducteurs de 4x4, il prendra son carburant cher s'il le faut. Mais les salariés d'entreprise, les médecins qui sont en voiture, etc, il faut faire des chèques ciblés.
Y a-t-il un impact de la guerre en Ukraine sur les carburants ?
Si vous regardez les sanctions [liées à la guerre en Ukraine], on continue à acheter du gaz russe et du carburant russe. Le tiers de notre carburant sur la façade atlantique, il vient via des traders russes. Le problème, c'est de passer d'un approvisionnement à un autre, d'aller chercher des barges aux États-Unis, qui mettent un mois pour venir. On a une tension là, autour de l'Ukraine. Mais je ne sais pas si, véritablement, les États européens vont arrêter véritablement d'acheter toute cette énergie en Russie.
L'Ukraine et la Russie sont de gros exportateurs, de nombreux prix agricoles s'emballent : est-ce que ça se ressent déjà sur le pouvoir d'achat ?
Il y a plusieurs sources d'inflation. Celle-là est à venir. L'inflation dûe aux sanctions sur la Russie ou la crise ukrainienne, les deux étant de gros producteurs de céréales mais aussi d'engrais, c'est plutôt pour l'été prochain si elle se concrétise, parce qu'il faut attendre les récoltes. Il faut savoir s'ils pourront les vendre ou non, s'ils nous les vendent directement ou s'ils passent par les Chinois ou les Indiens.
Nous sommes déjà entrés dans une ère d'inflation depuis décembre. Cette inflation vient de la hausse du coût de transport pendant la sortie du Covid, et de la loi Egalim qui garantit une rémunération aux agriculteurs. Dans les deux mois qui viennent, de par ces facteurs-là, on aura une hausse moyenne sur l'alimentaire de 3,6% dans toutes les enseignes. On a des hausses sur les deux prochains mois, d'autres hausses avant l'été, et les effets de l'Ukraine ensuite.
La guerre en Ukraine change-t-elle notre façon de consommer ?
Non. Il n'y a pas de mouvement de panique et il n'y a pas lieu d'en avoir. Autant l'Ukraine va impacter les prix à la consommation alimentaire dans quatre à cinq mois, mais aujourd'hui, il n'y a pas lieu de faire des stocks.
Comptez-vous poursuivre votre opération de baguette de pain à 29 centimes ?
On va continuer. On a 18 millions de clients dans les centres Leclerc. Mon obsession, c'est de modérer cette inflation. Le temps des négociateurs est revenu et le temps pour lequel il faut lutter contre la hausse des prix est vraiment impératif.
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