"Je conseille de demander le renvoi" : au tribunal de Bobigny, la grève des avocats perturbe les audiences
Depuis le début de la semaine, les avocats du barreau de Seine-Saint-Denis multiplient les actions contre la réforme des retraites.
La grève des avocats contre la réforme des retraites commence à avoir des conséquences sur les audiences. Au tribunal de Bobigny en Seine-Saint-Denis, le deuxième tribunal de France en volume d'affaires, les 460 avocats inscrits au barreau multiplient depuis le début de la semaine les actions. Selon les grévistes, la réforme des retraites qui menace leur régime autonome condamnerait plus de la moitié des cabinets à fermer. En attendant, la justice dans ce tribunal tourne au ralenti.
Les demandes de renvoi se multiplient
"C'est mieux avec un avocat, je te conseille de demander le renvoi", dit jeudi 16 janvier un avocat gréviste à un jeune homme qui s'apprête à aller voir un juge. "Tout cela est très inconfortable pour nous et nos clients, poursuit-il. Il n'est pas dans l'intérêt des justiciables de se faire juger aujourd'hui sans avocat." Habituellement, la permanence des avocats tourne bien à Bobigny et les justiciables trouvent vite un défenseur mais depuis la semaine dernière "il y a beaucoup de dossiers qui sont bafoués", déplore Souad qui attend désespérément un avocat.
Nabil est convoqué chez le juge des libertés et il craint de partir en prison s'il y va tout seul. "C'est pour régler un problème avec la juge d'application des peines", dit-il à une avocate. "Compte-tenu de la grève, la permanence n'est pas assurée, lui dit-elle. Vous pouvez solliciter le renvoi de l'examen de votre dossier parce que vous souhaitez être assisté d'un avocat, c'est un droit". Nabil semble hésitant mais compréhensif : "C'est la grève je comprends, mais nous on peut avoir de gros problèmes sans vous."
Les avocats dépose en masse des demandes de remise en liberté
Selon Ariana Bobétic, avocate en Seine-Saint-Denis, "les conséquences de la grève touchent surtout les justiciables qui sont en difficulté à Bobigny". Mercredi soir avec des confrères, elle a passé la nuit dans le palais sous des tentes. Parallèlement, elle dépose en masse des demandes de remise en liberté. "Je crois que j'en ai déposé à peu près une cinquantaine", soit dix fois plus que d'habitude.
Les magistrats et les greffiers comprennent et ne montrent pas de signes d'exaspération même si la machine va être considérablement ralentie. Dans les prochains jours, la charge de travail va devenir très compliquée à gérer car les magistrats préfèrent renvoyer les affaires plutôt que de juger sans défense.
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