Réforme des retraites : comment un tweet de Mélenchon sur le retrait des amendements a semé le désordre au sein de la Nupes
Quatre petites phrases qui ont semé un peu plus le trouble dans l'hémicycle. Un tweet de Jean-Luc Mélenchon, publié peu avant 17 heures, jeudi 16 février, a relancé la polémique au sein de la Nupes sur la stratégie à adopter à l'Assemblée nationale dans la dernière ligne droite de l'examen de la réforme des retraites. Le temps est compté : à minuit, où qu'en soient les débats, le rideau tombera et le texte partira au Sénat. Afin d'avoir le temps de débattre du fameux article 7, qui prévoit le recul de 62 à 64 ans de l'âge légal de départ à la retraite, les députés de La France insoumise ont retiré mercredi "plus d'un millier" d'amendements, et encore plus de 500 jeudi. Les socialistes ont fait de même avec "90%" des leurs, tout comme les communistes, jeudi, avec 350 de leurs amendements.
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Au sein de l'alliance de gauche, il y a "consensus sur le fait que le cœur" de la réforme "doit être débattu", avait assuré le député communiste Sébastien Jumel, jeudi matin. Les députés LFI avaient initialement déposé 13 000 amendements, leur valant des critiques en "obstruction" de la part du camp présidentiel. Mais les élus insoumis ont finalement semblé se ranger à l'avis de leurs alliés. Une stratégie fustigée par Jean-Luc Mélenchon. Le fondateur de LFI, en déplacement à Montpellier pour un meeting, a jugé ce retrait des amendements "incompréhensible" et appelé les députés de son camp à ne pas se "précipiter" vers l'article 7. Auraient-ils "hâte de se faire battre ?" leur a-t-il demandé sur Twitter.
Incompréhesible retrait des amendements du PCF. Pourquoi se précipiter à l'article 7 ? Le reste de la loi ne compte pas ? Hâte de se faire battre ?
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) February 16, 2023
Le ministre des Comptes publics, Gabriel Attal, a aussitôt interprété les mots de l'ex-candidat à la présidentielle comme une "bascule" et un "aveu" pour faire "traîner les débats". Le successeur de Jean-Luc Mélenchon, Manuel Bompard, est monté au créneau. "Pourquoi vous n'ouvrez pas des débats supplémentaires ?" a lancé le député au ministre. "Si vous vouliez que l'article 7 soit examiné, vous aviez la possibilité de le mettre en premier dans la loi", a renchéri l'écologiste Sandrine Rousseau.
"Une vraie erreur" de Mélenchon, selon Bayou
Dans les rangs d'EELV, pourtant, Julien Bayou estime que ce tweet de Jean-Luc Mélenchon "est une vraie erreur". "Il y a un accord à gauche au Parlement. Sur l'article 7, on peut avoir une surprise", a-t-il estimé auprès de France Télévisions. Même avis du côté de Jérôme Guedj pour le PS, rappelant la "coordination de la Nupes sur les amendements". "Nous voulons aller à l'article 7. On pense que le gouvernement peut être battu", ont appuyé auprès de France Télévisions les socialistes Olivier Faure et Boris Vallaud.
Ces divergences de stratégie au sein de la Nupes n'ont pas manqué d'être exploitées par la majorité. Jean-Luc Mélenchon "est en train de dire très clairement : 'C'est la Nupes, c'est LFI qui fait le blocage'", a commenté le député Renaissance Sylvain Maillard, sollicitant une suspension de séance. Durant celle-ci, la présidente de son groupe, Aurore Bergé, a accusé les insoumis d'avoir "peur du vote". "Quelqu'un d'extérieur à l'Assemblée, Jean-Luc Mélenchon, vient d'accuser ses propres partenaires de faire le jeu de la démocratie", a-t-elle dénoncé.
Ces atermoiements de LFI présagent un épilogue tendu dans l'hémicycle. "Il nous reste 2 022 amendements à examiner" avant de passer à l'article 7, a déploré vendredi au perchoir Yaël Braun-Pivet, présidente de l'Assemblée nationale. La journée s'annonce donc animée. D'autant que ce sera la première fois que la lecture d'un texte sera interrompue parce que le délai constitutionnel aura été atteint.
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