Réforme des retraites : Emmanuel Macron et le choix "un peu étrange" d'une prise de parole au 13 Heures
Certains le poussaient à intervenir rapidement, d'autres à temporiser jusqu'à la semaine prochaine. Finalement, ce sera mercredi 22 mars. Emmanuel Macron sera l'invité des journaux télévisés de France 2 et TF1 à 13h00. Une prise de parole au lendemain de l'adoption de cette réforme des retraites controversée. Le chef de l'Etat veut s'adresser au plus grand nombre et de la manière la plus apaisée possible.
>> Réforme des retraites : suivez notre direct
Et pourtant, le choix surprend, même dans les couloirs des ministères. Le 13 Heures, un public âgé, souvent retraité ; le 13 Heures, bien moins solennel que la grand-messe du 20 Heures. "Un peu étrange", confesse un conseiller. Pour la solennité, cela se passera au Palais, objecte l'Elysée. Et puis "c'est bien mal connaître la France", s'agace un proche du président. "Très bonne formule", estime de son côté Fadila Khattabi, présidente de la commission des affaires sociales à l'Assemblée, alors que beaucoup de femmes s'inquiètent des conséquences de la réforme sur leurs retraites.
"A 13 heures, on parle aux mamans, on parle aux personnes qui sont peut-être en train de déjeuner et qui seront à l'écoute du président de la République. Un moment de convivialité, en tous les cas, et d'apaisement."
Fadila Khattabi, présidente de la commission des affaires socialesà franceinfo
Pas comme le 20 h quand, la nuit tombée, dans certaines villes, les poubelles commencent à brûler. C'est le bon choix pour Benjamin Haddad, le porte-parole du groupe Renaissance à l'Assemblée. "C'est une façon de parler à la France des territoires, sur deux chaînes, donc de toucher un public large. Et puis le plus important, c'est ce qu'il va dire de la suite et de la façon dont on peut construire avec les Français, après cette séquence qui a laissé des traces. Comment on peut remettre le travail, le plein-emploi au centre de notre projet."
Ni référendum, ni dissolution
Bien sûr, du côté des oppositions, certains rêvent de voir Emmanuel Macron reculer. C'est le cas de Laure Lavalette, porte parole du Rassemblement national, qui, de toute façon, n'attend pas grand-chose de son intervention. "A moins qu'il arrive en nous disant : je vous ai entendu, j'ai bien compris, je vais faire un référendum sur ce projet de réforme injuste, inutile et brutale, et qu'il veuille dissoudre, par exemple... Je pense que le lien, si tant est qu'il ait existé, ce lien entre le peuple français et Emmanuel Macron a été rompu."
Référendum et dissolution sont des options d'ores et déjà écartées, ont fait fuiter les proches du président qui l'ont vu ce matin. Philippe Juvin, député Les Républicains, esquisse lui de nouveau la piste d'un élargissement de la majorité et du gouvernement. "Il me semble qu'une des responsabilités du président de la République, c'est de mettre autour de la table tous ceux et celles qui veulent que le pays s'en sorte. Et quand je dis ça, je ne parle pas que de ma famille politique, je parle de la gauche aussi. Je parle de la gauche qui ne s'est pas corrompue, pour utiliser un terme fort, avec la Nupes."
"Bosser sur une feuille de route solide"
Ce qu'il faut pour sortir de la crise, c'est en tout cas un geste fort, dit on en coulisse au sommet de l'exécutif. Ce sera donc sans dissoudre l'Assemblée, sans remanier le gouvernement, sans convoquer de référendum, selon ceux qui étaient mardi matin à l'Elysée. En tout cas, pour l'instant. L'étape de l'adoption du texte franchie, il faudra avancer. L'entourage d'Emmanuel Macron le dit depuis des jours. Dissoudre ? "Le Parlement n'en sortirait pas moins fragmenté", analyse un proche. Il y a d'autant moins intérêt que ses troupes ne sont pas prêtes à repartir en campagne. Remanier ? Ce n'est "une solution à rien", dit un conseiller. Pourquoi alors provoquer ce que l'échec de la censure a permis d'éviter ? Même à une voix près, une majorité est une majorité, répète-t-on au Palais.
Le président veut donc continuer de réformer le pays, démontrer que son quinquennat n'est pas mort alors qu'il lui reste quatre ans devant lui. A ses fidèles, il demande de travailler, de "bosser sur une feuille de route solide", raconte un pilier de la majorité. Il leur donne une poignée de semaines, manière de leur mettre la pression. "Ce n'est pourtant pas son genre", sourit un participant. Pour celui-ci, souvent décrit comme isolé, c'est en tout cas "une manière d'associer les siens", dit l'un de ses soutiens.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.