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Réforme des retraites : "La lutte continue", "La fracture est béante"... Les réactions politiques après la décision du Conseil constitutionnel

Le Conseil constitutionnel a validé vendredi l'essentiel de la réforme des retraites, y compris le report de l'âge de départ à 64 ans.
Article rédigé par franceinfo
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Le Conseil constitutionnel, à Paris, le 14 avril 2023. (LP/OLIVIER ARANDEL / MAXPPP)

C'était une décision très attendue après trois mois de crise politique et sociale. Après sept heures de débat en continu vendredi 14 avril, le Conseil constitutionnel a validé l'essentiel de la réforme des retraites. Seules six dispositions sont écartées, dont "l'index seniors". Les Sages ont rejeté la demande pour un référendum d'initiative partagée. "Ce soir, il n’y a ni vainqueur, ni vaincu", a réagi Elisabeth Borne sur Twitter. Pour le ministre du Travail, Olivier Dussopt, "cette décision marque la fin du cheminement législatif et démocratique de la réforme".

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"La lutte continue", assure Jean-Luc Mélenchon (LFI)

Pour Jean-Luc Mélenchon (LFI), cette décision montre que le Conseil constitutionnel "est plus attentif aux besoins de la monarchie présidentielle qu'à ceux du peuple souverain. La lutte continue et doit rassembler ses forces", écrit le leader des "insoumis" sur Twitter.

"Nous regrettons cette décision", a déclaré sur franceinfo Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l'Assemblée nationale. "Je crois que nous avons eu des arguments juridiques solides pour demander la censure totale de ce texte et invalider une procédure parlementaire qui a multiplié les passages en force et n'a pas permis de garantir la sincérité des débats", avance la députée. Avec la Nupes, "nous appelons solennellement le président de la République à ne pas promulguer cette loi", complète-t-elle.

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François Ruffin a également réagi sur Twitter : "Demain, Macron et tous ses amis seront vaincus, dans les urnes ou dans la rue". Il prédit que "la retraite à 64 ans sera abolie" et ajoute que "le Référendum d'initiative citoyenne s'imposera pour ne plus laisser les pleins pouvoirs à un nouveau roi."

Pour Alexis Corbière, député LFI, "le désaccord demeure, le rejet populaire demeure et rien ne s'arrête". Et il l'assure : "Le peuple n'a pas dit son dernier mot".

"Nous sommes désormais sur un volcan", lance Fabien Roussel (PCF)

"La loi passée à la moulinette du Conseil constitutionnel est encore pire que la loi votée au Parlement, estime le patron du Parti communiste sur son compte Twitter. Les mesurettes sociales ont été enlevées. Promulguer dans les 48 heures, ce serait une gifle monumentale au peuple qui se mobilise !" Fabien Roussel appelle à manifester le 1er mai prochain. 

"Ci-gît le tombeau de la Ve République", réagit Olivier Besancenot (NPA)

"1958/2023 : R.I.P, écrit Olivier Besancenot le porte-parole du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), sur Twitter. La lutte continue".

"À nous aussi de ne 'rien lâcher', d’exprimer la colère, de continuer la lutte pour nos vies, abonde Philippe Poutou, autre porte-parole du NPA. Les 64 ans validés, Macron et le pouvoir vont brutalement au bout de leur politique, de leur guerre de classe, pour leurs privilèges égoïstes, méprisant la contestation populaire."

"Une déception, pas une reddition", selon Olivier Faure (PS)

"C'est une déception, pas une reddition", réagit Olivier Faure, le patron du Parti socialiste à franceinfo, qui cite Robert Badinter : "Toute loi inconstitutionnelle n'est pas forcément mauvaise, mais toute loi mauvaise n'est pas forcément anticonstitutionnelle". Il dit penser "aux Françaises et aux Français qui depuis des mois manifestent et ont perdu une part de leur salaire, ont mis tous leurs espoirs dans cette mobilisation et ce soir doivent être très déçus eux aussi de cette décision. Mais je leur dis que le combat ne s'arrête pas là, qu'il prendra d'autres formes." Olivier Faure estime que "nous sommes face à une loi mauvaise, injuste, illégitime", "même si constitutionnellement, elle a été validée".

Le député socialiste de l'Essonne Jérôme Guedj ressent "forcément, un peu de dépit et de déception", après la validation par le Conseil constitutionnel de l'essentiel de la réforme des retraites. "Comme je suis un républicain conséquent, je prends acte de la décision du Conseil constitutionnel", ajoute-t-il sur France Inter.

Une réforme "illégitime", juge Marine Tondelier (EELV)

"Nos institutions sont de plus en plus déconnectées des aspirations des Francais.e.s.", écrit sur Twitter, Marine Tondelier, secrétaire nationale d'EELV. "Vous avez aimé la procédure accélérée, les votes bloqués et le 49-3 ? Vous adorerez la validation des 64 ans par le Conseil constitutionnel et le rejet de la demande de référendum d’initiative partagée", ajoute-t-elle. "La réforme est légale, mais plus que jamais illégitime", selon elle, regrettant "l'impasse démocratique". "Les partis, les syndicats, les Français ne passeront pas à autre chose", dit encore Marine Tondelier, qui confie être aussi "choquée" par le rejet du référendum d'initiative citoyenne demandé par la gauche.

De son côté, Sandrine Rousseau juge la situation sociale "presque pire qu'avant la décision du Conseil constitutionnel." Elle annonce l’envoi d’un courrier à Emmanuel Macron "au nom de la Nupes, (…) pour que l'article 10 de la Constitution puisse être déployé et qu'il [le texte] repasse devant le Parlement, pour montrer qu'il n'y a pas de majorité au sein du Parlement pour faire voter cette loi." Sandrine Rousseau dénonce l’absence d’étude d’impact. "Aujourd’hui en France, faire une loi de cette ampleur sans étude d'impact, c'est mettre les personnes immédiatement en danger, particulièrement les femmes qui vont payer le plus lourd tribut dans cette réforme."

Eric Ciotti (LR) appelle "toutes les forces politiques" à "accepter" la décision

Du côté des Républicains, Eric Ciotti appelle "toutes les forces politiques" à "accepter" la décision du Conseil constitutionnel, tout en estimant que "la censure de certains articles sanctionne les erreurs de méthode du gouvernement". Le président du parti Les Républicains appelle dans un communiqué à une "réunion rapide d'une grande conférence sociale" sur le pouvoir d'achat et le travail, soulignant que "la question du travail et sa réhabilitation doit revenir au cœur de nos discussions". 

"Le Conseil constitutionnel vient de déclarer que la loi sur les retraites était conforme à notre Constitution. Je m’en réjouis, car cette réforme est indispensable pour garantir le niveau des pensions, aujourd’hui et demain", réagit sur franceinfo, Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat. Il appelle Emmanuel Macron à promulguer "rapidement" la loi et renouer le dialogue avec les syndicats, notamment pour que la loi Travail "soit le fruit d’une vraie concertation".

"Le sort politique de la réforme n’est pas scellé", selon Marine Le Pen (RN)

"Le sort politique de la réforme des retraites n’est pas scellé", réagit Marine Le Pen sur Twitter. "Le peuple ayant toujours le dernier mot, il lui appartiendra de préparer l’alternance qui reviendra sur cette réforme inutile et injuste."

Pour Jordan Bardella, "Emmanuel Macron ne pourra pas se cacher derrière la décision du Conseil constitutionnel, qui ne referme en rien le débat sur la réforme des retraites. Cette réforme reste massivement rejetée par les Français, et la fracture entre le président et le peuple est aujourd’hui béante", écrit le président du Rassemblement national sur son compte Twitter.

"Une grande tristesse pour le peuple français qui va devoir travailler deux ans supplémentaires", a réagi sur franceinfo Laure Lavalette, porte-parole du groupe RN à l’Assemblée nationale. La députée du Var exprime sa "frustration de se dire que tous les moyens que nous avions mis sur la table, offerts aux autres oppositions, n'ont pas été saisis". Elle estime que si "la Nupes avait voté notre motion référendaire, nous n'en serions pas là. Ce texte serait passé devant les Français et aurait déjà été mis à la poubelle".

Laure Lavalette se projette dans "la victoire de Marine Le Pen" pour la prochaine présidentielle. "Si elle devait gagner", le RN assure qu'"une des premières mesures sera de détricoter et de remplacer cette réforme des retraites par le projet beaucoup plus juste et équitable de Marine Le Pen".

"Je dis aux Français 'Courage, en 2027, Marine Le Pen l'abrogera'", a déclaré plus tard dans la soirée sur franceinfo Laurent Jacobelli, porte-parole du Rassemblement national et député RN de Moselle. "Le verdict du Conseil ne change rien au fond de la réforme. Cette décision rend la réforme constitutionnelle mais pas plus acceptable", a-t-il ajouté.

Le Conseil constitutionnel "bâillonne le peuple français", regrette Nicolas Dupont-Aignan (DLF)

Pour le président du parti "Debout la France !", la décision des Sages est "indigne" et "disqualifie le Conseil constitutionnel. En refusant de reconnaître le détournement de procédure de l'article 47.1, et en écartant le RIP, le Conseil bâillonne le peuple français et devient le complice d'Emmanuel Macron", ajoute Nicolas Dupont-Aignan.

Un "soulagement" pour le système de retraites par répartition, salue le député Jean-René Cazeneuve (Renaissance)

"Notre système de retraites par répartition est sauvé et c'est pour nous le plus important. C'était le sens de cette loi. (…) Soulagement, c'est le mot", explique sur franceinfo Jean-René Cazeneuve, député Renaissance et rapporteur général de la Commission des Finances de l’Assemblée nationale. Il appelle à ce que "chacun respecte la décision du Conseil. Il y a eu depuis quelques semaines trop de remises en cause de nos institutions". "Peut-être que nous avons mal expliqué notre loi et ce travail de pédagogie continue, admet le député de la majorité. Ce n'est pas la fin. Nous avons encore un travail très important à faire avec les syndicats pour préparer la suite".

Même tonalité du côté d'Aurore Bergé, présidente du groupe Renaissance à l'Assemblée, qui appelle désormais les députés à "travailler à l'Assemblée nationale avec toutes les forces politiques responsables et tous les partenaires sociaux".

"Retrouvons le chemin du dialogue social et avançons pour les Français. Le Parlement y est prêt, lance Yaël Braun-Pivet, la présidente (Renaissance) de l’Assemblée nationale, sur Twitter. Notre seule boussole : le droit et nos règles communes. La procédure et le texte de la réforme des retraites ont été jugés conformes à notre Constitution par le Conseil constitutionnel".

"Il faut prendre pour acquis que dorénavant la réforme des retraites va rentrer dans le droit commun, affirme sur franceinfo Frédéric Valletoux, le porte-parole du groupe Horizons à l’Assemblée nationale et député de Seine-et-Marne. La décision du Conseil constitutionnel vient clore l'aboutissement de la réforme". Selon lui, il "faut savoir sortir de ces situations pour ouvrir de nouveaux chapitres, parce qu'il y a beaucoup d'autres sujets à évoquer entre les syndicats et le gouvernement".

"On peut la critiquer", explique Frédéric Valletoux au sujet de la décision du Conseil, mais il constate que "dans les réactions [politiques ce vendredi soir] on la conteste", ce qui est davantage problématique selon lui. Dorénavant, conclut-il, "il faut retrouver les voies de l'apaisement et du dialogue. On ne peut pas en permanence vouloir rouvrir cette réforme des retraites".

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