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Réforme des retraites : la majorité divisée, les syndicats prêts à dégainer

Alors que la rentrée sociale s'organise côté syndicats, la majorité présidentielle est divisée sur le mode opératoire pour faire passer la réforme des retraites.

Article rédigé par Sarah Lemoine, franceinfo - Hadrien Bect
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Temps de lecture : 4min
François Bayrou, le patron du MoDem et maire de Pau, le 21 juin 2022 après un échange avec Emmanuel Macron à l'Elysée. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Des appels à la mobilisation, avec grèves et manifestations. C'est ce que promettent les syndicats si l'éxecutif passe en force sur la réforme des retraites. En clair, si le gouvernement utilise un texte budgétaire cet automne pour modifier les conditions d'âge. 

Ainsi, si sur l'équilibre financier du système de retraite, les syndicats estiment qu'il n'y a pas le feu au lac, sur la mesure d'âge, ils sont tous unanimement contre - y compris la CFDT -  qu'il s'agisse du report de l'âge légal ou de la hausse de la durée de cotisation. Un appel à la mobilisation est déjà lancé pour le 29 septembre.

>> Retraites : le gouvernement étudie "toutes les pistes" pour faire adopter sa réforme

L'urgence, pour les syndicats, c'est de s'attaquer aux difficultés d'emploi des seniors et d'aménager les fins de carrières, de travailler aussi sur la pénibilité et les carrières longues. Pas d'imposer une mesure brutale d'entrée de jeu, en opposition avec la méthode avancée par Emmanuel Macron.

François Bayrou opposé "à un passage en force"

Le président de la République a d'ailleurs tenté de calmer le jeu, promettant concertation sociale et recherche des compromis, alors que sa première ministre Elisabeth Borne n'exclut pas l'utilisation de l'article 49.3 de la constitution. Mais, samedi 17 septembre, François Bayrou, à la tête du conseil national de la refondation, s'est opposé "à un passage en force", mettant en lumière les divisions au sein de la majorité. Le patron du MoDem refuse un vote de la réforme des retraites dans le budget de la sécurité sociale.

Son avertissement ne devrait, cependant, pas changer la donne. C’est en tout cas ce qu’on jure au sein de l’exécutif. "Il fait valoir sa position, et on écoute toutes les positions", souligne-t-on autour d’Elisabeth Borne. Autrement dit, pas uniquement celle de François Bayrou. Le maire de Pau a d’ailleurs déjà eu l’occasion de dire sa façon de penser à la Première ministre la semaine dernière lors du petit déjeuner des cadres de la majorité.

Avec cette sortie publique dans la presse, des mots forts, l’objectif était de mettre sous pression le chef de l’État et sa première ministre. "Notre ligne gagne du terrain, croit savoir un élu MoDem. Chez Renaissance il y a la crainte de redéclencher une crise sociale qui coûtera bien plus cher au pays." Et c’est là qu’il y a divergence dans la majorité. "Cette réforme, personne n’en veut, reconnaît le conseiller d’un important ministre. Mais il faut la faire, alors autant aller vite." C’est aussi ce que certains croient comprendre de l’état d’esprit d’Emmanuel Macron. La semaine dernière, cette question - rhétorique - a été posée aux députés de la majorité membres de la Commission des finances que le président recevait à l’Élysée : "Est-ce que vous pensez que nos concitoyens seront plus prêts dans quatre ou cinq mois ? La réponse est non."

Elisabeth Borne doit trancher dans les prochains jours

La Première ministre va passer son début de semaine à tenter de trouver le chemin voulu par Emmanuel Macron. Elisabeth Borne va enchaîner les rendez vous avec ses ministres de l’Économie, du Travail, des Comptes publics. Elle va aussi sonder les présidents de tous les groupes parlementaires Ce sera mercredi 21 septembre à Matignon, même si officiellement il ne s’agira pas que de parler retraites.

Même si les positions sur le sujet sont déjà bien connues, il s’agit surtout de montrer que la nouvelle méthode, le dialogue, tellement prôné par le président de la République, se poursuit. Malgré le contraste avec la tentation de passer en force sur la réforme des retraites, de quoi alimenter de potentielles critiques sur le retour de la verticalité présidentielle, c’est peut être là le prix à payer pour s’épargner un procès en immobilisme.

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