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Réforme des retraites : quatre questions sur le "blocus challenge" lancé par le député LFI Louis Boyard aux lycéens et étudiants

L'élu de La France insoumise appelle la jeunesse à se mobiliser mardi 7 mars, sixième journée nationale de manifestations contre le projet de loi du gouvernement.
Article rédigé par franceinfo
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Le député La France insoumise Louis Boyard, à Paris, le 21 janvier 2023. (ESTELLE RUIZ / HANS LUCAS / AFP)

Il adopte une tendance des réseaux sociaux pour encourager lycéens et étudiants à se mobiliser contre la réforme des retraites. Le député de La France insoumise Louis Boyard a lancé, dimanche 5 mars dans une vidéo sur TikTok et Twitter, un "blocus challenge" dans lequel il appelle la jeunesse à bloquer les établissements scolaires, mardi 7 mars à l'occasion de la sixième journée de manifestations nationales. L'initiative de l'élu de 22 ans a été immédiatement critiquée et dénoncée par plusieurs responsables politiques, y compris la présidente de l'Assemblée nationale.

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1 Quel est ce "challenge" lancé par Louis Boyard ?

Contrairement au "mannequin challenge" ou au "ice bucket challenge", il n'est pas question de chorégraphie immobile ni de seau d'eau glacée. Mardi 7 mars, à l'occasion de la sixième journée de mobilisation contre le projet de loi du gouvernement, "on s'attend à ce que tous les lycées et toutes les universités soient bloqués. (...) C'est pourquoi on lance le hashtag #BlocusChallenge : postez vos plus belles photos de blocus de lycée et d'université", appelle le député du Val-de-Marne dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux TikTok et Twitter, dimanche midi. 

Une photo sera tirée au sort parmi les photos envoyées avec ce hashtag, promet-il. "L'équipe de bloqueurs sera invitée à visiter l'Assemblée nationale avec nous", ajoute l'un des plus jeunes députés, dont franceinfo avait raconté les premiers pas en tant qu'élu, l'été dernier.

2 Comment réagissent les autres camps politiques ?

La présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a très rapidement condamné l'appel du député LFI. Le Palais-Bourbon "n'est pas un prix de concours. La politique n'est pas un challenge TikTok. Vous devriez les servir, vous leur faites du mal. Respectez votre fonction, respectez votre institution, respectez les Français !", a-t-elle lancé sur Twitter, en citant le message initial. "Appeler en permanence au désordre, vouloir tout transformer en ZAD, multiplier les excès et les outrances est indigne d'un parlementaire en exercice", a dénoncé de son côté le député RN Laurent Jacobelli.

Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France, est allée plus loin en annonçant son intention de porter plainte contre Louis Boyard, au nom de la région qu'elle préside, pour incitation au délit d'entrave et incitation à la violence. L'ancienne candidate LR à la présidentielle dénonce des propos "inacceptables", "irresponsables" et "pyromanes", alors que "le droit de manifester doit respecter le droit d'étudier".

A gauche, sans surprise, Jean-Luc Mélenchon a publiquement soutenu l'initiative de Louis Boyard, dont il est proche. "Coup au but ! Tous les perroquets du régime surjouent l'indignation et font la pub de ton idée ! Ils ont oublié les clowneries de Macron avec les youtubeurs", a-t-il tweeté, lundi après-midi, alors qu'il avait déjà soutenu l'ancien syndicaliste lycéen après son altercation avec l'animateur Cyril Hanouna, en novembre. Certains alliés de la Nupes ont cependant peu goûté cet appel. "Je n'aime pas le débat public quand il se transforme en jeu. (...) La créativité a toute sa place dans le débat mais elle doit trouver sa propre limite", a notamment réagi le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, sur Public Sénat.

3 Est-il légal de bloquer un lycée ou une université ?

C'est la question soulevée par l'appel de Louis Boyard, qui fut président de l'Union nationale des lycéens (UNL) entre 2018 et 2019 et qui a multiplié les appels au blocage depuis le mois de janvier. Selon Jean-Paul Markus, professeur de droit public, "le Code pénal est très clair" sur le blocage des lycées : "Le fait de pénétrer ou de se maintenir dans l'enceinte d'un établissement d'enseignement scolaire sans y être habilité (...) ou y avoir été autorisé (...), dans le but de troubler la tranquillité ou le bon ordre de l'établissement, est puni d'un an d'emprisonnement et de 7 500 euros d'amende", est-il écrit à l'article 431-22, rappelle l'enseignant à l'université Paris-Saclay sur le site Les Surligneurs

Une différence existe avec les blocages d'universités. "Il n'existe pas de texte similaire, ce qui ne signifie pas que les blocages sont légaux", explique Jean-Paul Markus sur le site du média spécialisé en droit. Le Code de l'éducation prévoit notamment que les usagers de l'université puissent s'informer et accéder à des cours "dans des conditions qui ne portent pas atteinte aux activités d'enseignement et de recherche et qui ne troublent pas l'ordre public". "Le même Code ajoute que des sanctions disciplinaires sont applicables, allant jusqu'à l'exclusion", précise-t-il.

4 L'appel au blocus de Louis Boyard est-il illégal ?

Pour Jean-Paul Markus, la vidéo de Louis Boyard constitue "de la part d'un député, un appel au délit", même si, explique-t-il, les peines prévues en cas de blocage "n'ont jamais été appliquées à l'encontre d'élèves". "On a bien un député qui appelle à violer la loi", résume le spécialiste à propos de l'initiative de Louis Boyard. En revanche, le professeur de droit public souligne auprès de franceinfo que le député "ne commet pas de délit lui-même, car il n'appelle pas à s'introduire dans les lycées, par exemple. Il n'y a pas de sanctions pour Louis Boyard, car c'est un propos politique. On ne voit pas trop comment il serait sanctionné."

La plainte annoncée par Valérie Pécresse peut-elle inquiéter Louis Boyard ? "Le délit d’entrave auquel elle pense ne s’applique qu’à la circulation, sinon c’est un délit de droit du travail sans rapport, explique Jean-Paul Markus à franceinfo. Quant à l'incitation à la violence, c'est vrai que Louis Boyard prend le risque que les blocages qu'il encourage dégénèrent. Mais il n'appelle pas à la violence. Le Code pénal s’interprète de façon stricte, pas extensive."

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