: Témoignages Réforme des retraites : "Qu’est-ce qu’on a à perdre ?", lancent des enseignants de Mayenne, prêts à un long bras de fer pour faire plier le gouvernement
Stève, Frédéric et Émilie sont professeurs des écoles à Laval, en Mayenne. Tous trois font partie du syndicat majoritaire dans le département, Force ouvrière (FO). Et d’après leurs remontées, près des trois-quarts de leurs collègues feront grève jeudi 19 janvier autour de cette question centrale : est-ce que vous vous voyez dans une salle de classe à 64 ans ou plus ?
"Est-ce que vous me voyez dans une salle de classe à 67 ans ?, rétorque Stève. Il faut quand même un minimum d’énergie pour pouvoir enseigner à des jeunes enfants", lance-t-il abasourdi.
"Être toute la journée à répondre aux sollicitations de nos élèves, début ou sur les petites chaises, dans la cour, en cours d’EPS… Avec le déambulateur, ça va être plus compliqué."
Émilie, professeur des écolesà franceinfo
"Je me l'imagine difficilement. On voit que la plupart de nos collègues qui sont en fin de carrière, ont des aménagements de leur service, de leur temps de travail. Ça me paraît compliqué", tranche Frédéric.
Il paraît donc inenvisageable de travailler après 62 ans pour ces trois professeurs des écoles qui voient en plus leurs conditions de travail se dégrader d’année en année, entre les fermetures de classes et le gel des salaires. Alors, ce projet de réforme, c’est la goutte d’eau. "Il y a beaucoup de personnels qui déjà sont fatigués dans leur classe et qui ont pris ça comme un coup de massue de découvrir qu’ils allaient devoir continuer dans ces conditions-là, voire pire, jusqu’à 67 ans. Il y a déjà une très grosse augmentation du nombre de ruptures ou de démissions ces dernières années. J’imagine que ça ne va que flamber encore plus ou alors que les arrêts-maladies vont se multiplier".
"Une seule journée ne suffira pas"
C’est donc pour sauver leur métier, pour sauver son attractivité également que ces professeurs des écoles marcheront dans les rues de Laval jeudi 19 janvier et peut-être aussi après demain, et encore la semaine prochaine, qui sait. "Qu’est-ce qu’on a à perdre ?, interroge de nouveau Stève. Personne n’accepte de bosser jusqu’à 64 ans ou 67 ans. Les collègues s’organisent."
"Il y a des caisses de solidarité qui sont mises en place pour pouvoir tenir dans la grève."
Stève, professeur des écolesà franceinfo
Et Frédéric d’appuyer : "Une seule journée ne suffira pas à faire reculer ce gouvernement. À titre personnel, je m’engage à être gréviste sur un temps beaucoup plus long". Le syndicat majoritaire prévoit qu’au moins un quart des écoles seront fermées en Mayenne jeudi. Et on l’entend, ce n’est peut-être que le début.
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