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Vidéo Mobilisation du 1er-mai : "J'ai eu peur, c'est très violent, ça tape très fort de tous les côtés", témoigne un sénateur qui a suivi la Brav

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Article rédigé par franceinfo
Radio France
Jérôme Durain a suivi la Brigade de répression des actions violentes (Brav) lors de la mobilisation du 1er-Mai à Paris. "Pour une réflexion sur les techniques du maintien de l'ordre, j'ai appris plein de choses", estime le sénateur socialiste.

"Moi, j'ai eu peur, c'est très violent, ça tape très fort de tous les côtés", témoigne mardi 2 mai, sur franceinfo, Jérôme Durain, sénateur socialiste de Saône-et-Loire qui a suivi la Brigade de répression des actions violentes (Brav) lors de la mobilisation du 1er-Mai à Paris. "C'est très intéressant pour fabriquer la loi et pour essayer de comprendre comment le maintien de l'ordre s'effectue dans notre pays", note le sénateur en immersion.

franceinfo : Qu'avez-vous observé ?

Jérôme Durain : Beaucoup de violences. J'ai pu observer comment les forces de l'ordre se positionnent, quels sont les moyens qu'ils utilisent, les techniques employées. C'est un travail de fond qui n'a pas vocation à documenter les violences policières, mais plutôt d'essayer de comprendre comment tout cela s'organise après Sainte-Soline et ces séquences de manifestation qui ont été très critiquées en matière de maintien de l'ordre.

Mais hier [lundi], j'ai vu une forme de retenue dans le dispositif policier, dans le positionnement. J'ai le sentiment qu'on en a fini avec la nasse – ce qui est une bonne chose. J'ai vu que tout pouvait voler dans la mesure où le nombre de projectiles qui arrivent sur les forces de l'ordre est hallucinant.

Avez-vous été surpris par ce déferlement de violence ?

C'est éprouvant. Ce qui est impressionnant, c'est la violence qui s'exerce par des gens qui sont là et qui n'ont rien à voir, ni avec le mouvement syndical, ni avec des aspirations politiques liées aux retraites. Moi, j'ai eu peur, c'est très violent. Effectivement, ça tape très fort de tous les côtés. J'ai vu des policiers blessés, j'ai vu des gens blessés avec la tête en sang, des gens qui étaient traînés par terre. Ce sont des circonstances très violentes.

"Moi, je suis un militant politique. Mon rôle, il est plutôt normalement d'aller du côté de ceux qui tapent sur des casseroles, parce que je suis très hostile à cette réforme des retraites, mais c'est très intéressant pour fabriquer la loi et pour essayer de comprendre comment le maintien de l'ordre s'effectue dans notre pays, d'être de ce côté-là et de voir les techniques employées."

Jérôme Durain, sénateur socialiste

à franceinfo

Est-ce que le fait de suivre la Brav lors de la manifestation du 1er-Mai a changé votre regard sur les manifestations, sur le maintien de l'ordre ?

Je comprends bien désormais les contraintes qui sont faites aux policiers qui effectuent le maintien de l'ordre et le niveau de violence auquel ils ont à faire face. Quand vous êtes observateur avec une unité, vous voyez le bout de la rue, vous avancez et vous reculez, vous êtes dans les gaz, il y a du bruit, il y a des bombes agricoles, des projectiles. Donc, je n'ai pas vocation à vous dire tout ce qui s'est passé dans la manifestation. En revanche, comme parlementaire, pour un travail de fond, pour une réflexion sur les techniques du maintien de l'ordre, j'ai appris plein de choses.

Gérald Darmanin a parlé de "casseurs extrêmement violents venus avec un objectif : tuer du flic et s'en prendre aux biens des autres". Utiliseriez-vous les mêmes mots que ceux du ministre de l'Intérieur ?

Moi, ce que j'ai vu, c'est qu'il y a des gens qui sont extrêmement violents. Quand on vient pour jeter des pavés, des bombes incendiaires ou des cocktails Molotov, on n'est visiblement pas là pour aller chercher du muguet, c'est évident. En revanche, je pense que si le débat parlementaire, c'est d'un côté les méchants policiers, de l'autre les casseurs qui veulent tuer du flic, on n'en sortira pas.

La question, c'est pourquoi, de manière récurrente dans ce pays, on a un problème et systématiquement, après une manifestation, on constate que des manifestants sont blessés et qu'on a le sentiment qu'il y a des techniques d'interpellation qui sont excessives. Notre travail, c'est d'essayer de dépassionner le débat, de comprendre ce qui est mis en œuvre, de savoir quels sont les bons outils. Comprendre aussi pourquoi ça se fait mieux dans d'autres conditions, dans d'autres pays. En-tout-cas, ce n'est pas avec ces déclarations-là qu'on peut trouver des solutions pérennes pour assurer le maintien de l'ordre de façon correcte.

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