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Autoroutes : sept questions sur la nouvelle hausse des tarifs des péages

Les prix des péages d'autoroute ont une nouvelle fois été relevés jeudi. Comment expliquer cette augmentation ? Est-elle particulièrement élevée ? Franceinfo fait le point. 

Article rédigé par Valentine Pasquesoone
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Un péage à Tonnay-Charente (Charente-Maritime), le 28 janvier 2018.  (FABRICE RESTIER / AFP)

En route pour une nouvelle hausse. Les tarifs des péages d'autoroute augmentent de 0,87% à 2,04% pour les voitures particulières jeudi 1er février, sur les principaux réseaux du pays. Pour les autres types de véhicules la hausse est de 0,59% à 2,92% sur le réseau autoroutier historique. 

Pourquoi les sociétés d'autoroutes relèvent-elles leurs prix ce jeudi ? Cette hausse est-elle importante, et va-t-elle se poursuivre au cours des prochaines années ? Franceinfo répond à sept questions que vous vous posez peut-être sur ces nouveaux tarifs. 

1A combien s'élèvent les hausses prévues jeudi ? 

L'augmentation des tarifs des péages varie d'un réseau d'autoroutes à l'autre. Sur le réseau Cofiroute (Centre-Ouest), par exemple, les prix augmentent dès jeudi de 1,33%, selon l'AFP. L'évolution est similaire sur les Autoroutes du Sud de la France (ASF), et les Autoroutes Esterel-Côte d'Azur (Escota), également gérées par Vinci. Les péages y sont désormais 1,34% plus chers.

Les automobilistes utilisant les réseaux du nord, de l'est et du nord-ouest du pays seront légèrement plus touchés. La Société des autoroutes du nord et de l'est de la France (Sanef), avec la Société des autoroutes Paris-Normandie (SAPN), relèvent leurs tarifs de 1,39% cette année. Les hausses les plus fortes sont celles des Autoroutes de Rhône-Alpes (Area) et des Autoroutes Paris-Rhin-Rhône (APRR), gérées par Eiffage. Elles augmentent respectivement leurs prix de 2,04% et 2% dès jeudi. 

Concrètement, un automobiliste payera désormais 27 euros au lieu de 25,20 euros pour un trajet Lyon-Montpellier, explique Les EchosPour un trajet beaucoup plus court, entre Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) et Riom (Puy-de-Dôme) par exemple, il faudra payer 1,40 euros et non plus 1,30, poursuit le journal.

2Ces augmentations sont-elles plus élevées qu'avant ?

Cette nouvelle hausse est bien plus élevée que les précédentes. En 2016 et 2017, l'augmentation moyenne des prix des péages était d'environ 1%, après un gel des tarifs en 2015. Selon Le Figaro, l'ancien président de la République, François Hollande, avait appelé à une hausse modérée en 2017, année électorale. 

En moyenne, sur dix ans, les prix des péages ont augmenté d'environ 20%, selon RTL. Ces hausses ont cependant sensiblement varié en fonction des réseaux concernés. D'après une enquête de 60 millions de consommateurs, les évolutions les plus importantes entre 2011 et 2017 ont eu lieu sur les trajets Bordeaux-Pau (+16,2%), Paris-Chambéry (+13,6%), Paris-Montpellier et Grenoble-Marseille (+12,7%). La hausse la plus faible a eu lieu sur le trajet Lyon-Clermont-Ferrand (+2,9%), selon 60 millions de consommateurs. 

3Qui décide d'augmenter ces tarifs ?

Depuis la décision de Dominique de Villepin, alors Premier ministre, de privatiser les autoroutes françaises en 2006, les réseaux autoroutiers sont désormais gérés par des sociétés privées. Leurs clauses prévoient des augmentations annuelles, selon France Bleu.

L'Etat garde cependant un droit de regard et d'encadrement sur l'évolution des tarifs, relève Ouest-France. L'Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières (Arafer), une instance publique et indépendante créée dans le sillage de la loi Macron, est ainsi "chargée de veiller au bon fonctionnement du régime des tarifs de péages autoroutiers" depuis 2016. 

4Pourquoi les prix des péages augmentent-ils ? 

Plusieurs paramètres entrent en jeu. Comme le précise APRR dans un communiqué, l'augmentation de 2% des prix de ses péages comprend la "répercussion de la hausse de la redevance domaniale", la répercussion du taux d'inflation et le financement des "investissements supplémentaires"

Les sociétés d'autoroutes peuvent ainsi répercuter l'évolution de l'inflation "à hauteur de 70% sur le ticket", rappelle RTL. Quant à la redevance domaniale, il s'agit de l'argent versé par les sociétés concessionnaires à l'Etat. Selon Le Monde, celle-ci est passée, en 2013, de 180 à 290 millions d'euros environ. Les sociétés compensent donc cette hausse en revoyant leurs tarifs à la hausse. 

Un plan d'investissements de plus de 800 millions d'euros pour les autoroutes françaises, décidé en janvier 2017, explique aussi ces augmentations. Sans compter le nécessaire rattrapage du gel des tarifs des péages en 2015, qui se répercute lui aussi sur le prix des tickets. Ce rattrapage coûtera au total 500 millions d'euros aux usagers, selon l'Arafer

5Ces hausses sont-elles justifiées ?

Les sociétés concessionnaires d'autoroutes ont affiché de très bons résultats financiers en 2016 – et des bénéfices en nette hausse. Selon le rapport annuel de l'Arafer, le chiffre d'affaires de ces sociétés a atteint 9,8 milliards d'euros en 2016, soit une hausse de 4,5% par rapport à 2015. 

Leur résultat net a sensiblement progressé en conséquence : +25,2% en un an, atteignant 2,8 milliards d'euros en 2016. Un résultat qui a particulièrement bénéficié aux actionnaires de ces sociétés : le montant des dividendes versés cette année-là par ces sociétés a atteint 4,7 milliards d'euros, soit 40% de plus qu'en 2015. 

En 2014, l'Autorité de la concurrence qualifiait ainsi les bénéfices des sociétés d'autoroute de véritable "situation de rente", rappelle Ouest-France. "Les coûts et les risques auxquels les concessionnaires sont exposés ne justifient pas une telle rentabilité", alertait alors l'organisme.

6Vont-elles bientôt s'arrêter ?

Hélas, non. Comme le précise l'Arafer, le gel des prix des péages en 2015 sera compensé encore longtemps par des hausses des tarifs, des "hausses spécifiques" ayant notamment lieu entre 2019 et 2023, précisait l'autorité en 2016. 

Ensuite, comme le note Le Progrès, l'inflation ne risque pas de connaître un ralentissement au cours des prochaines années. Et il faudra continuer de financer les investissements négociés avec l'Etat : "Les sociétés d'autoroutes sont priées par le gouvernement de relancer leurs investissements de manière plus appuyée", prévient le journal. 

7Quelles sont les réactions à cette augmentation ? 

Plusieurs associations n'ont pas caché leur désaccord ces derniers jours. Selon Le Monde, le Comité des usagers du réseau routier national appelle l'Etat à négocier des tarifs plus avantageux pour les automobilistes. Pierre Chasseray, délégué général de 40 millions d'automobilistes, a dénoncé une "aberration", après l'annonce de ces augmentations. "On sent un Etat qui n'est pas du tout disposé à entrer dans un bras de fer", critique-t-il, évoquant des sociétés d'autoroutes "très protégées, très à l'aise".

Déjà en juin, l'Arafer avait estimé que "les augmentations des tarifs de péages prévues excèdent le juste niveau qu’il serait légitime de faire supporter aux usagers". L'autorité de régulation juge ainsi qu'il n'est "pas justifié de faire supporter par l'usager de l'autoroute" le financement de 23 des 57 opérations prévues par le plan d'investissements annoncé début 2017. "Soit parce que les projets correspondent à des obligations déjà prévues dans les contrats, explique l'Arafer. Soit parce qu’il n’est pas établi qu’ils sont strictement nécessaires ou utiles à l’exploitation de l’autoroute, indépendamment d’autres motifs d’utilité."

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