Des usagers du RER A racontent leur galère : "Je peux m'estimer heureux de ne pas avoir été licencié"
Excédé par les problèmes à répétition de cette ligne de RER, un collectif d'usagers veut lancer une action de groupe contre le Syndicat des transports d'Ile-de-France, la RATP et la SNCF. Francetv info a recueilli des témoignages de passagers en colère.
Ils veulent attaquer le RER A en justice. Un collectif de voyageurs de cette ligne, qui traverse la région parisienne d'est (Marne-la-Vallée, Boissy-Saint-Léger) en ouest (Cergy, Poissy, Saint-Germain-en-Laye), a annoncé mardi 3 mars son intention de lancer une action de groupe contre la SNCF, la RATP et le Syndicat des transports d'Ile-de-France (Stif). "La situation actuelle n'est pas acceptable, il faut remettre les pendules à l'heure", tempête le président du collectif, Jean-Louis Roura, contacté par francetv info.
Retards répétés, licenciements, opportunités manquées, conditions de travail... Selon le collectif, la ligne du RER A nuit à la vie professionnelle des 1,2 million de voyageurs qui l'empruntent chaque jour. Voici quelques témoignages d'usagers récoltés par francetv info, via notre appel à témoins, des e-mails transmis par le collectif et des commentaires Facebook.
"Je l'ai pris deux fois, cela m'a suffi"
Lili : J'ai déménagé il y a quelques mois en banlieue, j'habite à vingt minutes à pied du RER A. Je l'ai pris deux fois, et puis j'ai acheté un scooter. Ces deux voyages m'ont suffi : je les ai passés littéralement écrasée contre les autres voyageurs, et je suis arrivée dégoulinante de sueur au boulot - nous étions pourtant en plein hiver... Et encore, j'ai réussi à monter. Je conseille à madame Hidalgo [la maire de Paris] de prendre le RER A à 19 heures à Châtelet au moins une fois avant de songer à rendre le stationnement scooter payant à Paris. Je lui souhaite bien du bonheur.
"Habiter à moins de 10 km de Paris et parfois mettre deux heures pour y aller, c'est inadmissible"
Pas fan du RER A : Je prends le RER A quotidiennement pour me rendre sur mon lieu de travail. En heures creuses, mon trajet de huit stations entre une station de l'axe Boissy-Saint-Léger et une grande gare du centre de Paris dure entre 20 et 25 minutes. Mais aux heures de pointe, il dure plus généralement 40 minutes, voire une heure.
Il faut donc s'adapter, toujours partir plus tôt. A 7 heures, cela va encore, le trafic n'est pas trop perturbé en général, mais entre 8 heures et 9 heures, il n'y a pas un jour sans ralentissement, sans de longues attentes en station ou autres incidents en tout genre. A force, c'est insupportable : habiter à moins de 10 km de Paris et parfois mettre deux heures pour y aller, c'est inadmissible !
"Il m'est arrivé plusieurs fois de ne pas pouvoir aller travailler à cause du RER"
Amélie : J'emprunte la ligne A tous les jours de semaine et également la ligne D... Et c'est pratiquement tous les jours qu'il y a des retards, des suppressions... Ce matin du 3 mars 2015, il y a encore eu des problèmes... Mes responsables sont assez tolérants, mais ce n'est pas la même chose pour tout le monde. Il m'est arrivé plusieurs fois de ne pas pouvoir aller travailler à cause de ces problèmes récurrents sur la ligne A et la ligne D, ou de devoir changer de trajectoire, ou d'arriver avec plus d'une heure de retard ! Il faut agir et pas seulement sur la A, mais sur l'ensemble des lignes de RER !
"Je peux m'estimer heureux de ne pas avoir été licencié"
Fabien : Je peux juste dire que je peux m'estimer heureux de ne pas avoir été licencié. J'ai deux avertissements pour retard. On ne m'a jamais mis le troisième parce qu'on a "besoin" de moi pour le moment. Il y a 90% de chances qu'ailleurs, j'aie été licencié. Et vous pouvez partir 30-45 minutes en avance : ça n'y changerait rien…
"Je n'aurai jamais de CDI"
Anonyme : Dans le RER de 9h05. Arrivée à Nanterre à 9h10. Repartie de Nanterre à 9h30. Arrivée au boulot 9h42. Si jamais un CDI se dégage, il ne sera jamais pour moi. Je suis celle qui arrive toujours en retard.
"J'ai décidé de quitter l'Ile-de-France"
Anonyme : Habitant Noisy-le-Grand, rares sont les jours où je ne mets que 35 minutes de Noisy-Mont-d'Est à Charles-de-Gaulle-Etoile. La tendance est plutôt au double, voire au triple. Et je ne parle pas des conditions de voyage (...) : rames déjà pleines à cette gare, remplissage à coups de haut-parleurs (entassez-vous !), menaces des conducteurs de faire débarquer tout le train si les portes ne ferment pas... Incivilités et freins de secours pour pouvoir monter ou descendre du train... A transporter les êtres humains comme des bêtes, ils finissent par se comporter comme telles...
J'ai décidé de quitter l'Ile-de-France (dès que j'en aurai les moyens), et la motivation principale est justement le problème du transport : habitant à 25 km de mon lieu de travail, je dois quitter mon domicile vers 7 heures le matin pour espérer être arrivé à 9h15... Perdre plus de trois heures par jour dans des conditions de promiscuité inhumaines, ça ne m'est plus tolérable. (…)
Nous sommes tous concernés par ce RER A. Vous parlez des étudiants qui ratent leurs examens, mais parlez aussi des salariés qui se font sanctionner pour leurs retards, qu'ils doivent rattraper et ensuite payer encore plus les nounous ou faire aller chercher les enfants par les voisins, quand ce n'est pas au poste de police...
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