Elections européennes : "Des 'gilets jaunes', il y en a sur la liste de La France insoumise", assure sa tête de liste
Manon Aubry, ancienne porte-parole de l'ONG Oxfam et désormais tête de liste La France insoumise aux élections européennes, a estimé, mardi sur France Inter, que les revendications des "gilets jaunes" n'ont pas été entendues.
"Le cri du cœur et l'appel à la dignité des 'gilets jaunes' n'ont pas été entendus", a affirmé, mardi 18 décembre sur France Inter, Manon Aubry, qui va conduire la liste de La France insoumise aux élections européennes en mai prochain. L'ancienne porte-parole de l'ONG Oxfam a accepté cette mission afin de "donner un débouché politique aux espoirs, aux convictions" qu'elle portait "au quotidien en tant qu'actrice associative".
franceinfo : Avez-vous hésité à devenir la tête de liste de La France insoumise aux élections européennes ?
Manon Aubry : J'ai hésité, c'est vrai. Ce n'est pas une décision facile à prendre. J'étais une citoyenne et j'observais la vie politique depuis mon rôle associatif. J'ai dit oui parce que pour moi, face à l'urgence du réchauffement climatique, face à l'urgence de la montée des inégalités, il y avait la nécessité de donner un débouché politique aux espoirs, aux convictions que je portais au quotidien en tant qu'actrice associative. Dans le secteur associatif, combien de communiqués de presse avons-nous fait pour alerter du changement climatique ? Combien de communiqués de presse avons-nous fait pour alerter de la montée des inégalités ? Et donc, mon objectif à travers ce "oui", c'est de, demain, transcrire politiquement les propositions que je portais, mais que d'autres portent aussi dans le monde associatif, pour aller dans le sens du progrès social en Europe.
Pensez-vous que les "gilets jaunes" doivent passer à autre chose, ou espérez-vous un acte 6 ?
Ce n'est pas à moi de donner des consignes aux "gilets jaunes". Qui suis-je moi, Manon Aubry, pour dire : "Est-ce que vous devez aller vers un acte 6 ?" Par contre, ce dont je suis convaincue, c'est qu'aujourd'hui, les attentes des "gilets jaunes" ne sont pas remplies. Quand les "gilets jaunes" demandent le rétablissement de l'ISF, l'impôt sur la fortune, le gouvernement n'y répond pas. Quand les "gilets jaunes" demandent le référendum d'initiative populaire, le gouvernement ouvre une porte et en ferme une autre. Quand les "gilets jaunes" demandent une hausse du SMIC, on a en réalité une hausse de la prime d'activité qui ne concerne qu'un tout petit nombre de personnes. Je pense aujourd'hui que le cri du cœur, l'appel à la dignité des "gilets jaunes" n'ont pas été entendus, et j'espère qu'ils pourront être entendus dans les prochains mois. Des "gilets jaunes", il y en a déjà sur la liste de La France insoumise. C'est la seule liste pour l'instant qui est constituée, avec 79 personnes. Des actrices de terrain, des militants associatifs, des militants syndicaux qui étaient sur les ronds-points. Après, on n'a pas la prétention de représenter l'ensemble des "gilets jaunes", ce serait présomptueux de notre part.
Envisagez-vous de voir la France quitter l'Union européenne ?
L'Union européenne telle qu'elle existe aujourd'hui n'a pas tenu ses promesses de progrès social. Le plan A, c'est renégocier tous ensemble et tenir les promesses de l'Europe, de cette Europe sociale qui lutte contre le dumping fiscal, qui lutte contre l'évasion fiscale, c'est l'Europe du progrès. Si ça ne marche pas et qu'on n'arrive pas à renégocier tous ensemble, le plan B, c'est d'avancer à plusieurs, à tous ceux qui le voudraient, notamment avec nos alliés de Podemos en Espagne. Ça veut dire instaurer un rapport de force pour renégocier les traités, mais on sait très bien que l'Union européenne ne se fera pas sans la France. Et donc on va dissiper toute inquiétude : demain, nous ce qu'on veut, c'est instaurer un rapport de force pour renégocier les traités. Idéalement à 27. [Sinon], c'est désobéir aux dispositions qui nous posent problème. A commencer par les 3% de déficit. La France n'a pas respecté cette règle pendant des années. Les premiers à désobéir n'étaient pas forcément les partis politiques de gauche d'ailleurs.
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