"Gilets jaunes" : un CRS a-t-il profité de la manifestation à Paris pour voler des maillots du PSG ?
Une séquence tournée samedi par un journaliste de Brut montre un policier en train de ranger des maillots dans un sac, après le pillage de la boutique du PSG. Un syndicat de police assure qu'il s'agit d'une procédure classique, liée à une collecte de pièces à conviction. L'IGPN a néanmoins été saisie.
La scène ne dure que quelques secondes, mais fait beaucoup réagir sur Twitter. Samedi 16 mars, le journaliste Rémy Buisine filme en direct la manifestation des "gilets jaunes" sur les Champs-Elysées, à Paris, lorsque l'on voit sur ses images diffusées sur Facebook un membre des forces de l'ordre en train de plier minutieusement ce qui ressemble à des survêtements ou des maillots de foot dans un sac à dos noir.
allo @Place_Beauvau - c'est pour un signalement - 529
— David Dufresne (@davduf) 16 mars 2019
Le journaliste @RemyBuisine matraqué sur les Champs-Elysées
Paris, #ActeXVIII
Source: @brutofficiel pic.twitter.com/bgQwqUldeO
Le journaliste de Brut commente la scène quand il est violemment bousculé par un policier. Rémy Buisine se dit alors victime d'un coup de matraque. "Mais vous êtes sérieux, liberté de la presse bordel, pourquoi tu me matraques comme ça ?" crie-t-il à l'intention du policier qu'il accuse d'avoir "frappé son téléphone".
Une "collecte de pièces à conviction" ?
Cette séquence a suscité de nombreuses questions parmi les internautes de franceinfo. "Des CRS auraient profité du pillage de la boutique du PSG pour voler des maillots, nous interpelle l'un de nos lecteurs dans notre live, dimanche. Le journaliste qui filmait les faits aurait reçu des coups. Info ou intox ?"
Cet extrait du direct est aussi partagé par plusieurs comptes Twitter qui accusent le premier policier de voler des maillots de la boutique du Paris Saint-Germain, qui se situe juste à côté, et qui a été, comme de nombreux magasins, pillée lors de la manifestation des "gilets jaunes".
[FLASH] - Un #CRS a été filmé par @RemyBuisine (#Brut), en train de remplir son sac de t-shirt du #PSG, juste à côté de la boutique PSG. Le journaliste a été violemment pris à parti par un de ses collègues, celui-ci à tenter de prendre son téléphone. #Acte18 #GiletsJaunes pic.twitter.com/nUwVvbzTKd
— La Plume Libre (@LPLdirect) 16 mars 2019
Contactée par franceinfo, la préfecture de police de Paris indique que l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) a été saisie pour enquêter sur cette affaire.
L'Unsa Police n'a pas d'informations sur l'identité du policier mis en cause. Le syndicat précise toutefois à franceinfo qu'il ne s'agit pas d'un CRS, étant donné qu'il "n'a pas les bandes jaunes sur le casque", signe distinctif de ce corps de la police. Du côté du syndicat minoritaire VIGI, on estime qu'il n'y a pas lieu à polémiquer et on dément formellement l'hypothèse d'un vol et affirme qu'il s'agit d'une procédure classique de "collecte de pièces à conviction".
"On ramasse les objets comme on peut"
Axel Ronde, secrétaire général VIGI en Ile-de-France*, a visionné la vidéo transmise par franceinfo et assure en avoir discuté avec ses collègues. Selon ses informations, ces affaires de sport avaient été pillées dans la boutique du PSG par un homme qui a ensuite été interpellé par les forces de l'ordre. Ce policier serait donc en train de collecter les preuves du pillage qui doivent ensuite faire office de pièces à conviction.
La situation sur place était chaotique. A tout moment ça pouvait dégénérer. Alors dans ces cas-là, on ramasse les objets comme on peut pour matérialiser l'infraction.
Axel Ronde, secrétaire général VIGI Ile-de-Franceà franceinfo
Dans la version complète du live vidéo tourné par Rémy Buisine, quelques minutes avant la scène polémique, le journaliste montre l'intérieur du magasin saccagé et commente : "Il y a eu des pillages dans la boutique du Paris Saint-Germain, il y a eu au moins une interpellation, décrit-il à 4'56''55. Et cette personne avait avec lui des vêtements qu'on peut trouver à l'intérieur de cette boutique. Et donc là, vous voyez à l’image, il y a donc des policiers qui sont rentrés à l’intérieur et qui ont procédé directement à des interpellations."
Des propos qui semblent être compatibles avec la version avancée par le syndicat VIGI Ile-de-France même si, comme le rappelle le représentant de l'Unsa Police, "il ne faut pas se précipiter et tirer de conclusions hatives avant la fin de l'enquête ne soit terminée". Contacté, Remy Buisine n'a pas souhaité s'exprimer sur cette séquence vidéo.
* Dans une première version de cette article, Axel Ronde était présenté comme secrétaire général de la CGT-Police Ile-de-France. Après publication, le syndicat a contesté cette étiquette. Axel Ronde dénonce une "guéguerre" interne. En 2018, VIGI – qu'il représente – annonçait cependant avoir décidé de "pas être affilié à la CGT pour les élections professionnelles".
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