Les policiers sont fatigués : " Nous aussi on va les enfiler, les gilets", prévient Unité SGP Police
Rocco Contento, secrétaire départemental Paris Unité-SGP Police, prévient le gouvernement : "La ressource policière n'est pas inépuisable", affirme-t-il, alors que les forces de l'ordre sont mobilisées depuis trois semaines pour maintenir l'ordre lors des manifestations des "gilets jaunes".
Rocco Contento, secrétaire départemental Paris Unité-SGP Police, a mis en garde lundi 10 décembre sur franceinfo les "plus hautes autorités de l'État" sur l'épuisement des policiers et gendarmes, mobilisés depuis trois semaines pour maintenir l'ordre lors des manifestations des "gilets jaunes".
franceinfo : Le dispositif était-il exceptionnel samedi dernier ?
Rocco Contento : C'est inédit. On a mis le paquet. L'objectif, c'était les arrestations tous azimuts, surtout en prévention. Ce qui est inédit, c'est que la chancellerie avait donné des instructions au parquet pour samedi afin de faire des interpellations préventives (...) Dès lors que le parquet donne des instructions aux policiers, nous sommes bien dans un cadre légal (...) Dans un territoire donné, sur un temps donné, nous pouvons interpeller à volonté. Cela a été fait à bon escient.
A-t-il eu des arrestations abusives de personnes qui venaient simplement manifester ?
C'est possible, mais cela reste à la marge (...) Il fallait le faire parce que sinon vous auriez eu 400 à 500 personnes de plus dans les manifestations. Vous ne m'empêcherez pas de penser que ces personnes avaient pour objectif de nuire. Soit de casser, soit de piller. Quand on interpelle des personnes avec des sacs de boulons, ce n'est pas pour jouer avec (...) Ça peut choquer l'opinion, mais ce qui compte c'est qu'il y ait le moins de dégâts possibles. Je parle au niveau des blessés.
Le maire de Saint-Étienne dénonce le manque de policiers lors des manifestations de samedi. Le dispositif était-il concentré sur Paris ou Lyon ?
La ressource policière n'est pas inépuisable. On était pratiquement au maximum. 89 000 forces de l'ordre sur tout le territoire national. Nous comptons 100 000 gradés et gardiens. On ne peut pas faire plus (...) Je ne sais pas si on a oublié la province, mais effectivement on a mis plus de moyens à Paris. Ce qui me semble assez logique. Malheureusement pour la province, c'est elle qui a trinqué.
Les forces de l'ordre pourront-elles faire face à une nouvelle mobilisation sur tout le territoire ?
Il y a des collègues qui ont travaillé jusqu'à 14 jours d'affilée (...) Ce n'est pas tenable. On va arriver à un point de rupture. Nous aussi on va les enfiler, les gilets. Pas les gilets jaunes, mais les gilets bleus, si cela continue. Il faut faire attention, c'est un message que je veux faire passer aux plus hautes autorités de l'État. On est dans une crise politique. Ce n'est pas aux gendarmes et policiers de la dénouer, c'est au politique. Chacun son boulot. On n'en peut plus. Cela fait des semaines et des semaines qu'on n'en peut plus. Il faut faire attention. C'est bien beau que le Premier ministre se promène pour féliciter les troupes. D'abord, nous exigeons des compensations. C'est important. Et au-delà de ça, que le politique trouve les moyens pour que les choses s'apaisent, que nous puissions faire notre travail et que nous ne soyons pas sollicités tous les week-ends, appelés sur les repos.
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