Gendarme qui appelle à ne "rien lâcher", mort sur les Champs-Elysées, trains bloqués... Six intox qui circulent autour de la manifestation des "gilets jaunes"
La journée de mobilisation organisée à Paris contre les taxes sur le carburant a charrié son lot de rumeurs et de fausses informations.
Des "gilets jaunes" et des intox. A l'instar des blocages du 17 novembre, la manifestation du samedi 24 novembre contre les taxes sur le carburant a été accompagnée par son lot de rumeurs et de fausses informations sur la Constitution, sur le nombre de manifestants ou sur le bilan humain des heurts sur les Champs-Elysées. Franceinfo vous aide à y voir plus clair.
1Un gendarme appelle-t-il les gilets jaunes à "ne rien lâcher"?
Depuis samedi, une photo publiée sur la page Facebook d'un internaute supportant le mouvement des gilets jaunes a été partagée plus de 180 000 fois. On y voit un individu vêtu d'un polo de la gendarmerie tenir une petite pancarte avec cette phrase : "Ne lâchez rien."
Comme le relève l'AFP, cette photo n'est pas un message de soutien d'un gendarme anonyme au mouvement des gilets jaunes puisqu'on en retrouve la trace sur au moins deux pages web datées d’octobre 2016.
Sur une de ces deux pages, la photo est associée à une manifestation de policiers en colère qui s’était déroulée sur le parvis de Notre-Dame le 21 octobre 2016.
2Des manifestants ont-ils été empêchés de rejoindre Paris ?
Non. Sur les réseaux sociaux, plusieurs "gilets jaunes", dont Frank Buhler, ont assuré que de nombreux manifestants avaient été bloqués à l'entrée de Paris. Mais il n'existe aucun témoignage direct de personne effectivement coincée dans un train, un bus ou une voiture à l'extérieur de la capitale. Aucun accès à la ville n'a par ailleurs été fermé.
Les témoignages s’accumulent. Des centaines de bus et des dizaines de trains sont bloqués en région parisienne pour empêcher les manifestants de rejoindre Paris la manipulation En Marche. #24novembre #GiletsJaunes@BFMTV @chrisjaku @afpfr @le_Parisien @LCI @CNEWS @TF1 @France2tv
— Frank Buhler (@fbu_82) 24 novembre 2018
3Une personne est-elle morte sur les Champs-Elysées ?
Non. La question nous a été posée dans les commentaires du live de franceinfo et la rumeur a circulé sur les réseaux sociaux. Mais les heurts sur les Champs-Elysées n'ont pas fait de mort, contrairement aux manifestations du 17 novembre. Selon le bilan du ministère de l'Intérieur, les violences ont fait 24 blessés, dont 5 du côté des forces de l'ordre.
4Le chiffre du syndicat France Police est-il fiable ?
Non. Ce syndicat policier avait déjà contesté les chiffres de la participation aux manifestations du 17 novembre. Selon lui, 800 000 manifestants se sont mobilisés dans toute la France le 24 novembre. Mais ce chiffre se base sur un calcul discutable, qui n'est d'ailleurs étayé par aucune observation sur le terrain : 500 "gilets jaunes" en moyenne par point de blocage. Ce syndicat, non-représentatif, est en outre une source très orientée : il est dirigé par Michel Thooris, élu du Rassemblement national à Carros (Alpes-Maritimes) et ancien conseiller de Marine Le Pen.
5La France a-t-elle perdu sa Constitution ?
Non. Cette théorie fumeuse a refait surface à l'occasion du mouvement des "gilets jaunes". Comme l'explique Le Monde, elle remonte à 2016 et à un décret controversé de Manuel Valls instituant une inspection générale de la justice, sous la tutelle du ministère. Ce décret, annulé depuis par le Conseil d'Etat, avait provoqué la fureur de la Cour de cassation, choquée de voir "la juridiction suprême de l'ordre judiciaire placée sous le contrôle direct du gouvernement". Des critiques utilisées par des figures conspirationnistes et nationalistes pour décréter que la séparation des pouvoirs n'existait plus et que la Constitution était caduque. Mais c'est oublier un peu vite que cette dernière est tout en haut de la hiérarchie des normes et qu'aucun décret ne saurait la modifier.
6La chaîne BFMTV a-t-elle annoncé une allocution d'Emmanuel Macron samedi soir ?
Non. Dans l'après-midi de samedi, un compte Twitter imitant celui de BFMTV a annoncé qu'Emmanuel Macron s'exprimerait samedi soir depuis l'Elysée, en sous-entendant qu'il annoncerait une décision importante. La chaîne a été obligée de publier un démenti sur son (vrai) compte.
ALERTE FAKE.
— BFMTV (@BFMTV) 24 novembre 2018
Attention, plusieurs comptes Twitter usurpent l'identité de nos chaînes. Les comptes à suivre sont : @BFMTV et @BFMParis.
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