"On peut manifester calmement, on n’est pas complices de ce qui se passe autour" : paroles de "gilets jaunes" à Paris
Des manifestants ont défilé à Paris samedi, notamment pour montrer au gouvernement qu'ils ne cautionnent pas la violence et que leur mobilisation est intacte.
Environ 8 000 personnes ont défilé à Paris, samedi 12 janvier, "dans le calme" et "sans incident grave", selon la place Beauvau. Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, avait averti les "gilets jaunes" que "ceux qui viennent manifester dans des villes où il y a de la casse annoncée savent qu'ils seront complices de ces manifestations-là". Un avertissement qui a remotivé certains participants.
Une violence réfutée
À Paris, dans le défilé, le slogan "Macron démission" est à nouveau martelé comme lors des précédents rendez-vous. Le dialogue semble impossible avec ces "Gaulois réfractaires" comme certains l'écrivent au dos leurs vestes symboliques. Parmi les manifestants, Léonore dénonce ce qu'elle voit comme une instrumentalisation de la violence. "Comme disait Bourdieu, le fait-divers fait diversion, explique-t-elle. On parle des problèmes de violence, très sporadique et très limitée, pour éviter de parler de tout le reste des manifestants qui sont, comme ici, joyeux, discutant entre eux et se demandant pourquoi ce gouvernement est aussi sourd à cet appel du peuple."
Une réponse au ministre de l'Intérieur
Tous les accès à la place de l'Etoile sont filtrés par un important dispositif de sécurité. Certains "gilets jaunes" ayant tenté à plusieurs reprises de forcer le passage, les forces de l'ordre ont riposté avec des canons à eau et des gaz lacrymogènes. Il y a eu de la tension, sans pour autant atteindre le point de rupture. Katie, une professeure parisienne, qui manifeste pour la première fois depuis le début du mouvement il y a deux mois, a bravé sa crainte. "Malgré ma peur de la violence et ma peur de la force policière, je suis venue dire qu’on peut manifester calmement, que non, on n’est pas complices de ce qui se passe autour, déclare-t-elle. Je pense que nos hommes politiques, en charge actuellement, sont des pyromanes."
La place se vide peu à peu en fin d’après-midi. Mais les CRS imposent de retirer le gilet jaune pour pouvoir quitter les lieux. Une demande jugée inacceptable par un couple de Lannion (Côtes-d'Armor). "On vient, on fait la route, on fait mille bornes, on est super calmes et on ne peut pas sortir si on n’enlève pas notre signe d’appartenance", pestent Marion et Christophe, qui ne comprennent pas la mesure. Le dialogue de sourds continue. Ces Bretons manifesteront à nouveau samedi prochain, mais à St Brieuc, plus près de chez eux.
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