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Blocages du 17 novembre : "On est dans un moment d'injustice totale, qui crée de l’incompréhension"

"Je souhaite que cette mobilisation permette une prise de conscience et que le gouvernement entende ce que les Français ont à lui dire", a estimé Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste.

Article rédigé par franceinfo
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Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, le 30 juillet 2018. (JEAN-CHRISTOPHE BOURDILLAT / FRANCEINFO)

"On est dans un moment d'injustice totale, qui crée de l'incompréhension", a déclaré samedi 17 novembre sur franceinfo Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, alors que démarre la mobilisation des "gilets jaunes".

franceinfo : Est-ce que vous espérez que cette mobilisation des "gilets jaunes" soit un succès ?

Je souhaite que cette mobilisation permette une prise de conscience et que le gouvernement entende ce que les Français ont à lui dire. Ce mouvement est né en dehors des partis, c'est un mouvement citoyen. Ce que les Français nous demandent, ce n'est pas de chercher à les récupérer, mais qu'on les entende, que l'on réponde à leurs souffrances. Leur revendication, c'est le pouvoir d'achat, mais c'est aussi la justice fiscale. Il faut tout remettre à plat, ne pas opposer l'écologie et le social comme le fait le gouvernement aujourd'hui. Nous proposons des états généraux du pouvoir d'achat et du financement de la transition énergétique et dans l'attente, de geler les nouvelles augmentations [du prix du carburant] prévues en janvier pour permettre ce dialogue et avancer sur ce double chemin, qui est à la fois sur le pouvoir d'achat et la transition écologique, indispensable.

Est-ce qu'il ne faut pas carrément imaginer sortir du tout pétrole ?

Si bien sûr. C'est un moment particulier, où nous savons que les dommages causés à la planète peuvent être irréversibles. Ce qui sera perdu le sera pour toujours. Il y a aujourd'hui un danger, et c'est un drame. L'État doit réfléchir et entendre les Français. Quand nous avons mis en place la taxe carbone, qui est nécessaire et qui permet de faire converger le prix du diesel et le prix de l'essence, nous l'avons fait avec un baril qui était à 50 euros. Aujourd'hui il est à 75-80 euros. Le signal prix, le fait que chacun puisse comprendre que nous devons sortir progressivement des énergies fossiles, c'est un message qui est largement adressé par le marché lui-même, et donc y ajouter encore des taxes qui viennent rendre insupportable cette trajectoire qui permet la convergence entre essence et gasoil.

Cela devient difficile à comprendre parce qu'il y a des Français qui n'ont pas d'autre choix aujourd'hui que de se chauffer au fioul, qu'ils n'ont pas d'autre moyen de transport que leur voiture individuelle. Nous avons incité les Français à choisir le diesel depuis des décennies, donc ce changement ne peut pas être brutal. S'il est trop brutal, il est incompris alors qu'il ne faut pas opposer écologie et social mais faire en sorte que chacun comprenne que cette transition énergétique cherche d'abord à protéger celles et ceux qui en sont les premières victimes : les quartiers populaires, les pays les plus fragiles parce qu'il y a un lien étroit entre pollution et lutte contre les inégalités.

Qu'avez-vous pensé des mesures annoncées ?

C'est un pansement sur une jambe de bois, chacun l'a bien compris. Quand le président de la République explique à la télévision qu'il va donner 4 000 euros de prime et qu'il propose aux Français d'acheter un véhicule électrique à 5 000 euros, je vous mets au défi de trouver des véhicules électriques à 5 000 euros. Comment voulez-vous que des gens qui n'arrivent déjà pas à trouver l'argent pour faire leur plein, qui n'arrivent pas à trouver 5 ou 10 euros supplémentaires, comment voulez-vous leur demander de trouver les 15 000 euros qui leur permettront de financer le reste à charge après cette prime ?

Il y a quelque chose qui relève de la provocation et c'est la raison pour laquelle c'est aussi mal vécu, c'est que les Français ont le sentiment qu'on se moque d'eux, et qu'ils sont amenés aujourd'hui à faire des efforts qui ne sont demandés qu'à eux alors qu'au même moment, le gouvernement a fait le choix d'accorder des cadeaux fiscaux qui vont monter jusqu'à 25 milliards d'euros sur cinq ans, peut-être plus, avec notamment la suppression de l'ISF [l'impôt sur la fortune]. On est dans un moment d'injustice totale, qui créé de l'incompréhension. Comment voulez-vous que l'on dise aux Français "vous allez financer la transition énergétique, vous qui n'avez pas d'autre choix que de rouler au diesel, en revanche, celui qui a un yacht qui pollue en mer, lui on lui fait des cadeaux" ?

N'êtes-vous pas gêné à appeler à manifester au même titre de l'extrême droite ?

Je ne suis gêné en rien, je n'ai pas appelé à manifester, même si cette pétition est née dans ma propre commune, à Savigny-le-Temple. Pourquoi cette jeune femme l'a-t-elle lancée ? Peut-être que son discours n'était pas pris en charge par le monde politique. Je ne cherche en rien à me greffer, ou à récupérer, je cherche à répondre et qu'il y ait une grande remise à plat notamment de la politique fiscale du gouvernement, pour que nous puissions adresser un message clair : quelle est la participation de chacun à l'effort et notamment sur cette transition écologique ? Comment fait-on pour qu'elle ne soit pas l'ennemi du social et que ça ne vienne pas frapper les Français qui n'ont pas d'autres possibilités ? C'est possible, nous avons montré avec notre contre-budget qu'il y avait d'autres choix possibles et notamment de revenir sur tous les choix budgétaires qui ont été faits depuis un an et demi et qui touchent notamment les plus faibles.

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