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Pouvoir d'achat : que proposent les oppositions en alternative au projet du gouvernement, débattu à l'Assemblée nationale ?

Article rédigé par Alice Galopin - Marine Cardot
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 7min
Les députés réunis à l'Assemblée nationale, le 12 juillet 2022. (XOSE BOUZAS / HANS LUCAS / AFP)

Les partis d'opposition comptent amender le projet du gouvernement sur le pouvoir d'achat, débattu à partir de ce lundi dans l'hémicycle. Carburant à 1,50 euro le litre, baisse de la TVA sur les prix de l'énergie, Smic à 1 500 euros... Franceinfo fait le tour de leurs propositions.

Revalorisation des minimas sociaux, prolongation de la remise carburant de 18 centimes et du bouclier tarifaire sur l'énergie, triplement de la prime Macron... Le projet de loi "relatif aux mesures d'urgence pour la protection du pouvoir d'achat" est débattu, à partir de lundi 18 juillet, à l'Assemblée nationale. Les députés enchaîneront, à compter de jeudi, avec l'examen du projet de finances rectificative pour 2022 qui doit permettre de financer et compléter ces mesures.

Du côté de la majorité, l'heure est à la mobilisation. "Tout le week-end, les téléphones ont chauffé tous azimuts, on a consulté à gauche, à droite (…) pour trouver des voix d'accords et être capable de dire aux oppositions qu’on a envie de bosser avec eux", a assuré lundi sur France 2, le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran. Si certaines mesures du gouvernement semblent faire consensus, comme la déconjugalisation de l'allocation aux adultes handicapés, les oppositions comptent aussi amender le projet de l'exécutif. Voici leurs principales propositions.

Les Républicains favorables à une baisse du prix du carburant à 1,50 euro

Les 62 députés Les Républicains ont fixé "trois priorités". La première est la baisse du prix du carburant à 1,50 euro le litre, alors que le gazole et le sans-plomb 95 E10 s'écoulent en moyenne à près de 2 euros le litre, selon les derniers chiffres du ministère de la Transition écologique"L'idée c'est de pouvoir baisser la totalité des taxes pour arriver à 1,50 euro le litre", a expliqué début juillet la députée LR Emilie Bonnivard dans une interview au Journal du dimanche. Actuellement, la TVA et la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) représentent environ la moitié du prix à la pompe, selon les calculs de l'Union française des industries pétrolières.

Outre la réduction des prix des carburants, le chef de file des députés LR, Olivier Marleix, a également plaidé, dans une lettre adressée à la Première ministre début juillet, pour l'"annulation de la hausse de la CSG [contribution sociale généralisée] sur tous les retraités". Enfin, Les Républicains sont favorables à une "revalorisation du travail et pas uniquement des minima sociaux". "Nous allons donc défendre une baisse des charges pour augmenter le salaire net" pour les salariés et les indépendants, a promis Olivier Marleix. De son côté, l'exécutif prévoit déjà une baisse des cotisations des travailleurs indépendants, de l'ordre de 550 euros par an pour un revenu au niveau du Smic.

Les propositions des députés de droite ont été vertement critiquées par le gouvernement. "On ne peut pas dire d'un côté qu'on veut absolument réduire la dette publique, qu'il faut réduire la dépense publique, (...) et puis de l'autre déposer des amendements le même jour pour une baisse de la CSG à 70 milliards d'euros, pour un carburant plafonné à 1,50 euro le litre pour des dizaines de milliards d'euros. Un peu de cohérence", a lancé le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, lors d'un discours prononcé le 12 juillet au Medef.

Le Rassemblement national défend une réduction de la TVA sur les carburants et l'énergie

Fidèle à sa volonté d'apparaître comme un parti de gouvernement, le Rassemblement National pourrait quant à lui voter le texte "même imparfait" parce qu'"il y a urgence", a estimé Jordan Bardella, le 12 juillet, sur franceinfo. Le RN entend tout de même peser sur les débats et défendre ses amendements, car le texte du gouvernement sur le pouvoir d'achat "ne répondra que partiellement" à l'inquiétude des Français, selon le président par intérim du parti.

Sur le prix de l'essence par exemple, le parti de Marine Le Pen n'est pas convaincu par la remise de 18 centimes à la pompe, que le gouvernement prévoit de prolonger jusqu'à fin septembre, puis de remplacer progressivement par une indemnité carburant "travailleurs" sous conditions de ressources. Les 89 députés RN souhaitent plutôt défendre une baisse de la TVA de 20% à 5,5% sur les carburants, l'électricité, le gaz et le fioul. Le Rassemblement National a par ailleurs fustigé la "méthode" du gouvernement : "Tant qu'on aura une taxation aussi forte sur l'énergie, l'électricité, le gaz, alors distribuer des chèques sera un puits sans fond", a dénoncé Jordan Bardella.

La Nupes propose une hausse du Smic à 1 500 euros et un "blocage des prix"

Du côté de la Nupes, Mathilde Panot juge "dangereux" le texte du gouvernement"En réalité, par ce texte, on acte quelque chose qui est une baisse de pouvoir d'achat pour les gens", a lancé lundi 18 juillet sur franceinfo la présidente du groupe La France insoumise à l'Assemblée nationale. Le Premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a quant à lui évoqué un texte de "moindre perte" plutôt que de pouvoir d'achat.

Les élus de la Nupes ont donc planché sur un contre-projet d'"urgence sociale", dont ils comptent porter les mesures dans l'hémicycle. Sur le niveau des salaires, les 151 députés Insoumis, socialistes, écologistes et communistes se sont accordés sur une hausse du Smic à hauteur de 1 500 euros. Ils défendent également une revalorisation de la valeur du point d'indice des fonctionnaires de 10%, alors que l'exécutif a de son côté proposé une hausse de 3,5%

Sur le logement, la Nupes plaide pour le gel de l'indice de référence des loyers, tandis que le gouvernement s'est positionné sur un plafonnement de la hausse des loyers à 3,5% maximum pendant un an. Les députés de gauche sont également en faveur d'une revalorisation des aides personnalisées au logement (APL) à hauteur de 10%, contre 3,5% proposé par le gouvernement. L'alliance de la gauche défend par ailleurs un "blocage des prix" des "produits de première nécessité". Une mesure qui concernerait l'alimentaire, les produits d'hygiène, l'énergie et les carburants.

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