Grève à la SNCF: la mobilisation "va peut-être au-delà de certaines espérances syndicales", affirme le syndicat des cheminots
Alors que la grève annoncée jeudi 22 mars menace de fortement affecter les transports, Bernard Aubin, secrétaire général du syndicat des cheminots FIRST, estime mercredi sur franceinfo que le "taux de grévistes est visiblement supérieur à celui qui était escompté".
Un vaste mouvement de grève nationale se profile dans les services publics jeudi 22 mars. D'après la Direction générale de l'aviation civile, 30% des vols au départ et à l'arrivée des aéroports de Roissy, Orly et Beauvais seront annulés. Du côté du rail, seulement 25% des Intercités, 40% des TGV et 50% des TER circuleront jeudi, a annoncé Guillaume Pepy, le patron de la SNCF.
Les cheminots vont manifester aux côtés des fonctionnaires pour protester contre la réforme de la SNCF, engagée par le gouvernement. La mobilisation "va peut-être au-delà de certaines espérances syndicales", estime, mercredi 21 mars sur franceinfo, Bernard Aubin, secrétaire général du syndicat des cheminots FIRST.
Franceinfo : La grève de jeudi va-t-elle être compliquée pour les usagers ?
Bernard Aubain : Cela va être très compliqué, cela va peut-être même au-delà ce certaines espérances syndicales. Au départ, cette grève devait être technique, c'est-à-dire qu'elle devait permettre aux cheminots de se rendre à la manifestation. Mais au vu de l'impact de la campagne de dénigrement des cheminots mise en oeuvre par le gouvernement, le taux de grévistes est visiblement supérieur à celui qui était escompté. Cela va peut-être même poser problème aux fonctionnaires qui veulent se rendre à Paris pour manifester, car bon nombre de trains vont être supprimés.
N'y a-t-il pas, pourtant, un service minimum garanti ?
Les modalités de grève à la SNCF sont encadrées par la loi d'août 2007 dite relative au dialogue social et à la continuité de service. Cette loi prévoit un certain nombre d'obligations. Une obligation d'abord pour les syndicats de respecter un délai entre l'intention de faire grève et la grève elle-même. Ce délait était de 5 jours avant la loi, il est aujourd'hui de 15 jours. La deuxième obligation porte sur les agents de la SNCF. Un agent qui veut se mettre en grève doit se déclarer gréviste 48 heures à l'avance, et cela concerne un tiers des agents de la SNCF. Ce sont ceux qui concourent à la circulation des trains comme les aiguilleurs, les conducteurs ou les contrôleurs des trains. Et cela permet notamment à la SNCF de faire un recensement des effectifs et de construire un plan de transport. Il n'y a donc pas de service minimum en France dans les transports, parce que cela voudrait dire réquisition et plan de transport préétabli. C'est une garantie de service, c'est-à-dire que la SNCF effectue des pronostics par rapport aux effectifs à disposition sur la base de ces déclarations individuelles. Je prends un exemple concret. S'il y avait 100% de grévistes jeudi 22 mars en France, il y aurait 0% de trains qui circulent. Donc, on garantit le service mais ce n'est pas un service minimum en tant que tel.
L'ampleur de la mobilisation de jeudi sera-t-elle un test pour les cheminots ?
Bien entendu, ce sera un test mais au départ cette grève n'avait pour but que de libérer les cheminots qui voulaient aller à la manifestation et là on voit déjà que la mobilisation dépasse ce cadre. C'est à la hauteur du dénigrement du gouvernement de toute une profession, de la remise en cause de l'avenir de la SNCF, des menaces sur le statut, des menaces avérées aussi sur un tiers du réseau appelé à disparaître. Je pense que cela créé dans le monde cheminot un mouvement de colère, d'indignation qui va se révéler plus tard dans les grèves à venir.
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