"Je vous avoue que je suis en colère" : dans les zones rurales, le rapport Spinetta sur la SNCF ne passe pas
Jean-Yves de Chaisemartin, maire UDI de Paimpol dans les Côtes-d'Armor, a exprimé, vendredi sur franceinfo, sa colère après la remise du rapport Spinetta prévoyant, notamment, de supprimer un certain nombre de petites lignes jugées trop peu rentables.
Après la remise du rapport Spinetta sur l'avenir de la SNCF, les petites villes s'inquiètent pour leurs lignes. Le rapport prévoit en effet de supprimer un certain nombre de petites lignes jugées trop peu rentables. Une réforme "stupéfiante", a estimé, vendredi 16 février sur franceinfo, Jean-Yves de Chaisemartin, maire UDI de Paimpol dans les Côtes-d'Armor.
franceinfo : Des lignes sont-elles menacées chez vous ?
Jean-Yves de Chaisemartin : Menacées, je ne sais pas, mais quand on voit l'analyse, si l'on n'avait pas encore compris la logique dans laquelle le gouvernement opérait, on comprend maintenant bien la méthode. On commence à porter l'invective à faire culpabiliser des territoires ruraux qui ne sont pas concentrés autour du Grand Paris et tout d'un coup on dit que tout cela est beaucoup trop cher alors que seulement 16% des moyens ferroviaires sont donnés aux petits territoires ruraux. On considère, aujourd'hui, que c'est une dépense inique et à supprimer. Je vous avoue que je suis un peu en colère.
Le rapport Spinetta dit qu'on peut interroger la pertinence des lignes qui partent de Guingamp avec comme terminus Carhaix et Paimpol. Vous en dites quoi ?
Mais c'est stupéfiant ! On vient d'investir 30 millions d'euros pour refaire cette ligne, ce ne sont pas des dépenses jetées en l'air. Ce n'est pas pour se faire plaisir de dire aujourd'hui que le schéma ferroviaire date du XIXe siècle, c'est oublier complètement que demain les territoires ruraux, comme les milieux urbains, devront réussir à se passer de la voiture, à développer le transport collectif. Le train c'est le moyen de transport du XXIIe siècle, donc on est en train de le construire, de préparer l'avenir. Aujourd'hui, de dire que ces investissements doivent être abandonnées aux régions sans moyen, c'est tout simplement scandaleux. On veut concentrer les moyens uniquement autour des grandes métropoles. C'est tourner le dos à la réalité et à la richesse de notre pays.
Ces lignes sont-elles rentables ?
Mais est-ce que même une ligne de TGV est rentable aujourd'hui ? Est-ce qu'une centrale nucléaire est rentable ? Est-ce qu'une autoroute est rentable ? Les collectivités locales désormais participent à tous les financements. Sur les 30 millions d'euros investis sur Guingamp-Paimpol, les collectivités locales ont payé 6 millions d'euros. Combien cela coûte de faire 100 mètres de tramway en région parisienne ? On en est aujourd'hui à devoir alimenter les lacunes et les carences des budgets de l'État alors qu'ils essayent de nous refiler la patate chaude sans nous donner les moyens de le faire. Alors je pose la question : est-ce que le gouvernement ne ferait pas mieux de nous laisser faire, laisser les collectivités locales investir mais à ce moment-là nous donner les moyens de le faire, c'est à dire de nous donner une fiscalité qui nous permette de porter ces projets-là ? Dire on va laisser les structures et les réseaux ferroviaires aux collectivités locales sans moyens c'est exactement ce qu'il s'est passé pour Notre-Dame des Landes. Et il faudra donner de la voix, je sens qu'il y a une mobilisation syndicale et il faudra qu'il y ait une véritable révolte territoriale.
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