La Renfe a vendu 100 000 billets de train en France : la SNCF doit-elle s'inquiéter de ce concurrent espagnol ?
Depuis le mois dernier, la Renfe propose deux trajets franco-espagnols : Lyon-Barcelone et Marseille-Madrid. La compagnie de trains espagnole est le deuxième opérateur ferroviaire étranger à faire rouler ses trains sur les rails de la SNCF, après Trenitalia, depuis fin 2021. Mais pour l'instant, ces dernières ne représentent pas de menace immédiate pour la compagnie française.
Déjà, en termes de volume. La Renfe annonce avoir vendu 100 000 billets, mais seuls 43 000 ont été utilisés et ont donné lieu à un voyage, et donc ont rapporté de l'argent à l'espagnole. Et pas beaucoup d'argent pour le moment, puisque la Renfe a lancé des offres d'appels particulièrement attractives avec des billets de 9 à 29 euros selon le trajet effectué. De quoi faire rêver bien des clients de la SNCF. Mais ces offres ne sont valables jusqu'au 31 octobre. C'est donc après cette date que les conditions réelles de l'implantation de l'espagnole en France vont apparaître.
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En attendant, la SNCF assure ne pas être inquiète. Les lignes ouvertes à la concurrence sont des lignes qu'elle avait en partie abandonné, sur lesquelles elle est absente ou bien sur des lignes tellement fréquentées, comme le Paris-Lyon, que la SNCF ne perd pas pour le moment de parts de marchés avec l'apparition d'un concurrent.
Une baisse des prix temporaire
Cependant, à terme, la concurrence pourrait bien tirer les prix vers le bas et explique en partie certaines opérations spéciales lancées par le SNCF, comme les petits prix sur 300 000 billets TGV fin juillet, ou encore les billets payables en trois fois, avec des frais supplémentaires. Mais en dehors de ce type d'opérations spéciales, ce n'est pas certain. Apparition de la concurrence et prix plus bas ne sont pas automatiquement liés, cela dépend des conditions dans lesquelles elle s'implante.
Pour le ferroviaire, les frais sont élevés, l'énergie pèse toujours lourd et les opérateurs auront sans doute du mal à sortir d'une politique d'opérations promotionnelles sur les prix. En tout cas, il est peu probable que la Renfe maintienne ses offres telles quelles au-delà du 31 octobre. La SCNF de son côté a d'ailleurs augmenté ses prix de billets de 5% et annoncé le relèvement des plafonds pour les cartes d'abonnement.
Il faut dire que pour le moment, la concurrence entre les opérateurs se joue surtout sur la qualité de service, notamment pour le business, avec des salles de réunion dans certains trains, des sièges confortables.
L'avantage, aussi, pour les voyageurs consiste en l'augmentation du volume de sièges disponibles, qui avait baissé à la SNCF après le Covid.
Bientôt un Paris-Londres à la concurrence ?
Mais ce mouvement n'est qu'un début. Trenitalia, qui revendique déjà un million de voyageurs sur les axes Paris-Milan et Paris-Lyon, assure que la France est une priorité. Son directeur note que le trafic a progressé de 10% en 2022. Le marché est donc porteur, malgré des coûts élevés, notamment les péages ferroviaires payés à Réseau ferré de France, le gestionnaire du réseau, qui est à ce jour le grand gagnant de l'ouverture à la concurrence.
Les appétits s'ouvrent aussi sur le Paris-Londres, où un groupe d'entreprises portées par le britannique Mobico, envisage de se lancer. La Renfe avait elle aussi, il y a deux ans, fait part de ses ambitions dans le tunnel sous la Manche.
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