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"On est vraiment à la ramasse" : un an après, la réforme du rail au point mort selon les syndicats

Un an après la réforme et cette grève en pointillé qui a marqué l'entreprise, où en sont les cheminots de la SNCF ? Côté syndical, on retient surtout un chantier qui n’avance pas.

Article rédigé par franceinfo - Maxime Debs
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Conséquence de la réforme ferroviaire adoptée au printemps dernier, qui elle-même traduit dans le droit français des directives européennes, les TET (trains d'équilibre du territoire) doivent comme les TER être progressivement ouverts à la concurrence à partir de décembre 2019.  (EMMANUEL MOREAU / FRANCE-BLEU PAYS D’AUVERGNE)

La SNCF deviendra au 1er janvier 2020 une "société nationale à capitaux publics", au capital "intégralement détenu par l'État". Le texte, adopté en juin 2018, doit préparer l'arrivée de la concurrence. Mais le chantier est vaste, et il n'est pas prêt d'être terminé, ce que ne manquent pas de souligner les syndicats. "Quand un arbre est tordu au départ, dur de le remettre d’équerre." Voilà comment Didier Aubert, de la CFDT cheminots parle aujourd’hui de la réforme ferroviaire. "On est vraiment à la ramasse, avec un patron sur la sortie, alors qu’il y a tout à construire en interne", explique-t-il.

Un an après la grève historique des cheminots, Guillaume Pepy effectue en effet son dernier mandat au sein d’une SNCF qu’il doit encore transformer en Société anonyme (SA), passage obligé pour que l’entreprise ne soit pas considérée comme privilégiée face aux opérateurs privés, avec la part d’inconnu que cela comporte pour SUD-Rail et son représentant Bruno Poncet. "C'est une espèce de jeu de Monopoly qui est en train de se mettre en place, et en fin de compte c’est un grand flou. Les cheminots sont inquiets", note-t-il.

"On n’a pas écrit la première ligne !"

Autre sujet, le statut qui doit être supprimé pour les nouveaux embauchés au 1er janvier. Et là encore, Didier Aubert pointe l’absence d’avancées. "Le nouveau pacte social pour les nouveaux embauchés, on n’a pas écrit la première ligne dessus !" affirme le secrétaire général de la CFDT-cheminots. Pas une ligne car ça coince. SNCF, syndicats, opérateurs privés sont en pourparlers depuis des mois pour fixer les conditions notamment de rémunération des futurs employés du rail, mais pour l’heure tout semble un peu à l’arrêt. 

Aujourd’hui on se retrouve avec des négociations inexistantes pour arriver à un résultat où ce sera le gouvernement qui statuera par décrets.

Bruno Poncet, de Sud-Rail

à franceinfo

Le gouvernement a un peu plus braqué les syndicats en janvier, en lançant  le processus d’appel d’offres de deux lignes intercités, Nantes-Lyon et Nantes-Bordeaux. Pour Didier Aubert, c’est un peu comme partir sans avoir accroché les wagons. "Le gouvernement a voulu donner un signe aux régions en disant ‘vous voyez, moi le premier je siffle le début du match de l’ouverture à la concurrence à travers les intercités’, alors que les trois quarts des décrets qui permettent cette ouverture à la concurrence issus de la loi ne sont pas encore pris. Donc ça ne fait pas sérieux", déplore-t-il. Peut-être reconnaissent aujourd’hui certains représentants syndicaux qu’il serait temps d’y retourner… en grève, histoire de montrer au gouvernement qu’on ne se laissera pas faire.

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