Un médecin visé par une plainte après avoir annoncé qu'il ne recevrait "aucun salarié de la SNCF"
Au premier jour de la grève des cheminots, ce chirurgien exerçant en Seine-et-Marne s'en était pris aux conducteurs de train travaillant "le cul sur une chaise". "Une plaisanterie", assure-t-il.
Sa "blague" n'a pas été du goût de tout le monde. Un chirurgien orthopédique qui avait annoncé qu'il ne recevrait "aucun salarié de la SNCF" en raison du mouvement de grève contre la réforme du rail a été visé par une plainte déposée auprès du conseil départemental de Seine-et-Marne de l'Ordre des médecins, a appris franceinfo, jeudi 31 mai.
Sur une affiche placardée dans son cabinet de Pontault-Combault (Seine-et-Marne), le praticien de 57 ans avait informé ses patients, le 3 avril, au premier jour de la grève, qu'"en raison d'un mouvement social du Dr Henri Robin, il ne [recevrait] ce jour aucun salarié de la SNCF". En cas d'urgence, le médecin, lui-même usager des transports en commun franciliens, invitait les cheminots à se rendre à l'hôpital privé de Nogent-sur-Marne, "en prenant le RER E" puis le RER A, malgré "1 RER sur 3", un trajet qui prendrait, en raison de la grève, "environ 3 heures".
Nanan franchement il est colère celui-là hein! Heureusmt qu’ê. médecin ce n’est pas de devoir soignerquiconque se présente parce que sinon nous pourrions croire a 1 sermon d’hypocrite!J’qu’il soit 1 voyageur Excédé #ReformeSncf #SNCF #Iamcheminot #cfdtcheminot 1/2 pic.twitter.com/BsS6RJBhX1
— misterzOom_Aurelien (@MisterzoomAurel) 19 mai 2018
Dans son message, relayé à son insu sur les réseaux sociaux, Henri Robin dénonçait le régime de retraite des cheminots et ironisait sur la pénibilité du métier des conducteurs de train, qui ont "le cul sur une chaise en appuyant sur un bouton et une pédale, 6h37 par jour". Il prenait le parti des "vrais faibles", parmi lesquels les usagers souvent précaires du RER.
"Je n'ai jamais refusé personne"
Contacté par franceinfo, le praticien affirme avoir "essayé de faire un truc d'humour" pour exprimer son "énervement". "Tous mes patients m'en parlent", assure-t-il, amusé, précisant que l'affiche est toujours au mur et que "95% des gens trouvent que c'est bien tourné". Il reconnaît toutefois avoir reçu quelques réactions indignées, notamment celle d'une personne disant "qu'elle allait se casser la jambe pour venir [le] voir".
Le médecin affirme avoir pris connaissance, lundi, de la plainte à son encontre. Dans ce texte daté du 18 mai, consulté par franceinfo, un particulier dénonce un "comportement inapproprié" et réclame un "rappel" à l'ordre.
Demain ce sera quoi, un refus d'une couleur de peau, d'une origine, d'une orientation sexuelle...!?
L'auteur de la plaintedans un e-mail au conseil départemental de Seine-et-Marne de l'Ordre des médecins
"Le conseil m'a envoyé un courrier avec le contenu du texte et je vais maintenant devoir donner ma version des faits", commente le médecin, qui n'est visiblement pas inquiet.
C'était une plaisanterie. Si un cheminot se présentait, bien sûr que je le prendrais. En pratique, je n'ai jamais refusé personne.
Henri Robinà franceinfo
Selon le Conseil national de l'Ordre des médecins, la procédure prévoit d'abord une tentative de conciliation et l'organisation d'une rencontre entre le médecin et le plaignant. En cas d'échec, l'affaire passera entre les mains de juges administratifs. Le chirurgien pourrait notamment se voir rappeler l'article L1110-3 du Code de la santé publique, selon lequel "aucune personne ne peut faire l'objet de discriminations dans l'accès à la prévention ou aux soins".
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