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Vins : un millésime 2014 sauvé des eaux

Prometteur. Un peu partout en France, les vignerons ont le sourire. Le millésime 2014, qui vient d'être rentré en cave, s'annonce bon. Et peut-être même très bon... L'été a pourtant été pourri, mais septembre a déjoué tous les pronostics. Reportage en Bourgogne. Illustrations à Bordeaux, dans le Rhône et en Languedoc.
Article rédigé par Guillaume Gaven
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
  (Le village de Pommard, photographié des vignes du 1er cru "Charmots" © RADIOFRANCE/ Guillaume Gaven)

Qui l'eût cru ? Qui en Bourgogne, il y a deux mois, se serait hasardé à annoncer un bon millésime 2014 ? Les vignerons contemplaient anxieusement le ciel, les températures étaient au plus bas, et la pluie s'invitait plus que régulièrement... Bref, cet été 2014 avait tout du pourri.  

Et surtout, il y avait eu ce 28 juin de sinistre mémoire : une très violente averse de grêle ravageait la Côte de Beaune. Pommard, Meursault, Volnay : les vignes étaient, par certains endroits, réduites à néant.  "Le vignoble de Pommard a été détruit à au moins 50%" , se souvient Anne Parent, propriétaire du domaine éponyme. "Mais il y a des premiers crus qui ont été détruits à 90%."  Et c'est la troisième année d'affilée que ça se produit...

  (Anne Parent, dans sa parcelle de Pommard 1er cru "les Chaponnières", grêlée cet été © RF/GG)

Pommard a été détruit à au moins 50%... et pour la troisième année consécutive, se souvient Anne Parent

Bref, à la fin du mois d'août, le moral n'était pas franchement au beau fixe. C'était compter sans septembre : un vrai et bel été indien. Du soleil en veux-tu,  en voilà. De quoi sécher les raisins, et les faire - enfin - mûrir. Et tout le monde a respiré. Une fois encore, l'adage "septembre fait le vin" s'est vérifié.

Retournement de situation

"Sans les deux-trois semaines de beau temps, sec, ensoleillé que l'on a eues, on aurait été confronté à beaucoup plus de soucis" , estime avec le recul Frédéric Barnier, le vinificateur de la maison Louis Jadot, l'un des plus grands négociants de Bourgogne. "Quelques jours de beau temps ont suffi à rattraper le retard de maturité, et à récolter des raisins blancs de toute beauté, et des raisins rouges plutôt surprenants : aujourd'hui on sort des vins qui ont de la couleur, des parfums très intéressants... Je reste complètement pantois." 

Même constat du côté de Pommard, analyse Anne Parent : "Les petites baies qui ont été détruites par la grêle ont séché et sont tombées. Ou alors elles ont été écartées lors du tri de vendanges. Du coup, ce que l'on a rentré, c'est de qualité..."

  (Frédéric Barnier, le vinificateur de la maison Jadot, suit de près les cuvées déjà entonnées  © RF/GG)

Frédéric Barnier, de la maison Jadot : le millésime a changé du tout au tout grâce à l'été indien

Du nord au sud de la Bourgogne, les vignerons ont désormais le sourire. A Chablis, au nord, Louis Moreau, du domaine éponyme, préside la commission Chablis au BIVB, le Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne. "C'est un millésime du terroir" qui se prépare, dit-il. "On veut toujours dire qu'il y a le superbe millésime, comme Bordeaux sait si bien le faire, mais cette année on a vraiment quelque chose de très bien" .

Chablis en 2014 ? Chaque terroir va pouvoir donner sa personnalité, analyse Louis Moreau.

Des blancs splendides

"On est à mon avis sur une très belle année de blanc" , analyse Frédéric Barnier qui, pour la maison Jadot, vinifie de Chablis à Pouilly-Fuissé, plus de 200 km au sud. "On a des équilibres vraiment splendides" . Pour les rouges, il va falloir être un peu plus patient, "ça ne se révèle pas aussi vite que les blancs" .

Quant à cet épisode de grêle, couplé à une fleur qui n'est pas partout bien passée - c'est la période pendant laquelle la fleur se transforme en fruit - il se voit aujourd'hui dans les cuveries. Celles-ci sont parfois un peu vides...

  (Pour Roland Masse, le régisseur des Hospices de Beaune, la qualité est au rendez-vous en 2014, mais pas la quantité © RF/GG)

Roland Masse, le régisseur des Hospices de Beaune, a fait ses comptes : il manque du vin...

Le mois prochain a lieu la célèbre vente des Hospices de Beaune, qui traditionnellement donne une bonne indication sur les cours du vin. Depuis quelques années, les prix flambent. Roland Masse, le régisseur des Hospices, qui a la haute main sur toutes les vinifications, a fait ses comptes : "Il y a plus de vin que l'année dernière : 534 pièces (contre 444) - des fûts de 228 litres - à la vente. Si on avait eu une récolte normale on en aurait eu entre 700 et 750..." 

Bref, la pénurie est toujours là, et les cours devraient encore grimper. Ce qui ne fera pas les affaires des amateurs...

2014, un milléisme prometteur. Reportage en Bourgogne, illustration à Bordeaux.

Et ailleurs en France ?

Un millésime inespéré... Un peu partout en France finalement, les vignerons se montrent optimistes. Bordeaux s'attend à une production en hausse - mais 2013 était une très faible récolte. Ici aussi, le millésime a été sauvé par l'été indien. 

Même cause, mêmes résultats dans la vallée du Rhône. Des saisons à l'envers qui ont ralenti le cycle végétatif de la vigne. "On s'attendait à des vendanges précoces ; à l'arrivée, les vendanges ont été très classiques" , constate Françoise Dijon, oenologue en charge de l'observatoire du vignoble du Rhône. La qualité semble là, au final. "On a des raisins très équilibrés, entre l'alcool et l'acidité ; on a surtout des très beaux arômes" . Et des vins pas trop alcooleux cette année...

Des vins du Rhône plus équilibrés cette année, et moins alcooleux, pronostique François Dijon, l'oenologue qui supervise le vignoble

Bilan plus contrasté dans le Languedoc. A cause de la sécheresse pendant l'hiver, se souvient Philippe Coste, le vice-président du CIVL, le Conseil interprofessionnel des vins du Languedoc. "On a été à la moitié d'une pluviométrie normale en hiver" . Les pluies sont arrivées au printemps, et n'ont pas suffi. "Les vignes ne se sont pas développées comme on l'aurait souhaité" .

Petite récolte en Languedoc, et qualité contrastée, analyse Philippe Coste, le vice-président du Comité interprofessionnel

  (vendanges)
 

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