Abaissement du droit de vote à 16 ans : "Il faut d'abord leur montrer qu'on prend en considération leur point de vue", plaide une députée
La candidate socialiste à l'élection présidentielle de 2022 propose d'abaisser le droit de vote à 16 ans. La députée de l'étranger Paula Forteza a estimé lundi sur franceinfo qu'il "faut leur faire confiance" avant de leur "demander" la leur.
Abaisser le droit de vote à 16 ans ? La proposition est signée Anne Hidalgo. Lundi 25 octobre, sur franceinfo, la candidate socialiste à l'élection présidentielle de 2022 a estimé que "les jeunes de 16 ans doivent pouvoir se prononcer" sur différents sujets mais aussi "être éligibles". Cela pourrait permettre selon elle aux jeunes de "prendre conscience de la fragilité de la démocratie".
"Avant de demander la confiance aux jeunes, il faut leur faire confiance", lui a répondu sur franceinfo Paula Forteza, députée non inscrite des Français de l’étranger d'Amérique latine et des Caraïbes. Paula Forteza a été l'auteure et la rapporteure d'une proposition de loi pour le droit de vote à 16 ans en octobre 2020.
franceinfo : En quoi le droit de vote à 16 ans peut-il faire changer les choses ?
Paula Forteza : Avant de demander la confiance aux jeunes, il faut leur faire confiance. Ce sont typiquement les arguments qui nous étaient opposés par la majorité pendant les débats à l'Assemblée nationale. Mais il faut d'abord leur montrer qu'on prend en considération leur point de vue, leur positionnement politique, pour qu'eux veuillent aussi se mobiliser et participer. Les jeunes se mobilisent déjà, on parle notamment de cette génération Greta Thunberg. Ils participent dans la rue et sur les réseaux sociaux. Il faut leur faire une place dans nos institutions.
Les jeunes se mobilisent, mais est-on sûrs qu'ils ont envie de voter ?
Le droit de vote à 16 ans est une des mesures qu'il faudra mettre en place pour lutter contre l'absention des jeunes mais ce n'est pas la seule. Il est aussi question, par exemple, de la reconnaissance du vote blanc, du changement des règles de financement politique pour faire émerger des candidatures citoyennes, d'expérimenter d'autres types de scrutin, comme le vote préférentiel...C'est en tout cas une idée dont le temps est venu, qui va dans le sens de l'histoire, marquée par l'extension progressive du suffrage. De plus en plus de candidats et d'équipes de campagne en parlent à l'approche des élections. On voit même qu'en Allemagne, alors que l'accord de gouvernement est en train d'être mis en place entre les socio-démocrates, les Verts et les progressistes, cette mesure fait partie du programme qui les réunit. Cela avance dans plusieurs autres pays d'Europe et du monde. C'est une mesure qu'il faut mettre en avant.
Pensez-vous aussi que voter à 16 ans veut également dire être éligible à cet âge ?
Personnellement, je suis pour cette mesure. Pendant les débats, ce n'était pas celle qui faisait le plus de consensus. Ce n'était même pas une demande des jeunes, qui ne se sentaient peut-être pas encore préparés, qui sentaient que c'était une grande responsabilité. Cependant, beaucoup de jeunes se mobilisent aujourd'hui pour que des personnalités de moins de 30 ans soient sur des listes municipales, aient des investitures de partis. Je pense notamment au parti Allons enfants, qui se mobilise pour avoir des candidats jeunes. C'est aussi quelque chose qu'il faut accompagner, notamment en renforçant la formation et l'éducation citoyenne au lycée. C'est une grande demande des jeunes de pouvoir se construire un avis politique, avec plus d'heures de cours pour faire des comparatifs de programmes, des débats entre différentes positions, un peu comme une sorte de "conduite accompagnée". L'intérêt du droit de vote à 16 ans est que les jeunes sont encore au lycée et peuvent être accompagnés dans cette construction citoyenne.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.