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Le FN peut-il peser au Parlement européen ?

Marine Le Pen avait entamé, avant le scrutin, des négociations avec plusieurs partis nationalistes. La constitution d'un groupe dans l'hémicycle est possible, mais fragile. 

Article rédigé par Salomé Legrand
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La présidente du FN, Marine Le Pen, et le président du PVV néerlandais, Geert Wilders (D), le 13 novembre 2013 à La Haye (Pays-Bas). (VALERIE KUYPERS / ANP / AFP)
Bien avant les élections européennes, Marine Le Pen négociait déjà en coulisses avec d'autres formations nationalistes pour former un groupe au Parlement européen. Coincée entre des partis qui jugent le Front national trop radical et des partis qu'elle-même trouve trop sulfureux pour sa stratégie de dédiabolisation, la présidente du FN devrait avoir du mal à réunir les 25 eurodéputés issus de sept pays différents nécessaires à la constitution d'un groupe. Décryptage.
 

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Le Front national peut-il former un groupe ?

Le FN a remporté 24 sièges et aura des difficultés à former un groupe. Certains partis ont d'ores et déjà dit oui à Marine Le Pen. C'est le cas du Partij Voor de Vrijheid (PVV), le "Parti de la liberté" néerlandais. En deçà des prévisions qui le donnaient premier, le PVV réunit 12,9% des voix et obtient quatre sièges. Le FN pourra également s'allier au FPÖ autrichien, qui envoie quatre eurodéputés au Parlement, sur la Ligue du Nord italienne, qui compte cinq élus grâce à ses 6%, sur le parti lituanien Ordre et Justice, qui a deux représentants, et sur le Vlaams Belang belge, qui n'obtient qu'un siège.
 
En revanche, les Nationalistes slovaques, eux, ont raté la marche et n'auront aucun représentant à Bruxelles et Strasbourg. Enfin, des discussions avaient été entamées, mais sans accord concret, avec les Démocrates suédois, qui remportent deux sièges. 

Quels nationalistes européens en seraient exclus ?

Il y a ceux qui ne veulent pas en entendre parler, comme le Britannique Nigel Farage. Même si le patron de l'United Kingdom Independence Party (Ukip) a reconnu "des fondements communs" avec le FN dans The Guardian (en anglais), il refuse toute alliance avec un parti d'extrême droite, dont il considère "l'ADN" encore marqué par "l'antisémitisme". Le Parti populaire danois ou encore Perussuomalaiset, les "Vrais Finlandais", rechignent aussi à se rapprocher du parti de Marine Le Pen. Et c'est un nein définitif pour l'Alternative für Deutschland (AfD), qui a réussi une percée en Allemagne avec 7% des voix et sept sièges.

Il y a aussi ceux dont Marine Le Pen ne veut pas, trop sulfureux pour la nouvelle image qu'elle souhaite imprimer au FN. Le groupe nationaliste au Parlement devrait donc être privé de l'eurodéputé néonazi allemand du NPD, mais aussi des trois élus du Jobbik hongrois et des deux Grecs d'Aube dorée.

Que peuvent-ils faire concrètement ?

S'ils arrivent à former un groupe, ces partis nationalistes auront d'abord accès à d'importants financements, 2,43 millions d'euros par an pour le groupe, un secrétariat et des assistants financés par Bruxelles. Mais, surtout, ils pourront participer à l'élaboration de l'ordre du jour des séances, prétendre à siéger voire présider certaines commissions parlementaires et y disposer de rapporteurs et, enfin, déposer des amendements et s'exprimer sur tous les textes présentés devant l'hémicycle.

Cependant, les sources de tensions ne manqueront pas entre les différents partis, défenseurs des intérêts de leur propre pays. En 2007, le groupe formé par le frontiste Bruno Gollnisch avait été dissous au bout de quelques mois.

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