Les trois provocations des eurosceptiques au Parlement européen
Lors de la session constitutive du nouveau Parlement, à Strasbourg, plusieurs élus ont affiché leur rejet de l'Europe et ses symboles.
L'ambiance feutrée du Parlement européen à Strasbourg n'empêche pas quelques incidents. La session plénière de la nouvelle assemblée, élue à l'occasion des européennes du 25 mai, en a donné la confirmation, mardi 1er et mercredi 2 juillet.
Alors que les députés de la nouvelle mandature se rassemblaient pour la première fois depuis les élections, plusieurs nouveaux élus, issus de la droite eurosceptique voire europhobe, ont choisi d'afficher leur désaccord avec l'Union européenne et ses symboles. A chacun sa méthode.
Technique n°1 : bouder l'hymne européen
Les eurodéputés du groupe parlementaire Europe de la liberté et de la démocratie directe (ELDD), qui rassemble 48 élus issus notamment du Ukip, le Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni de Nigel Farage, et du Mouvement cinq étoiles de l'Italien Beppe Grillo, ont donné le ton, mardi, dès l'ouverture de la séance. Les europhobes britanniques ont tous tourné le dos à l'hémicycle, alors que se jouait l'Ode à la Joie de Beethoven, pour accueillir la nouvelle mandature.
Pour Paul Nuttall, membre du Ukip, cité dans le Guardian (en anglais), lui et ses collègues se sont accordés sur ce geste planifié parce qu'ils ne veulent "ni reconnaître, ni respecter le drapeau ou l'hymne européen". "Ils sont des symboles de notre asservissement à une union politique que le peuple britannique rejette", estime-t-il.
D'autres élus, dont ceux du Front national, et certains Tories (conservateurs britanniques), sont eux restés assis pendant le morceau, alors que l'ensemble des députés se sont levés en signe de respect, note Daniel Hannan, membre du parti conservateur britannique sur Twitter.
Most MEPs rose as for a national anthem. ECR members sat quietly, EFDD members turned their backs. #Beethovens9th #ClockworkOrange
— Daniel Hannan (@DanHannanMEP) July 1, 2014
"Quand il y a un drapeau ou un hymne, c'est qu'il y a un Etat", explique Bruno Gollnisch, interrogé par francetv info. "J'ai pensé très fort à la 'Marseillaise' pendant l'hymne européen", a de son côté précisé le vice-président du FN, Florian Philippot. Ce dernier a confirmé sur Twitter que les élus frontistes étaient restés assis, ironisant au passage sur les "eurogagas". A gauche comme à droite, l'attitude des eurosceptiques a en effet provoqué de nombreuses réactions indignées.
Nous sommes évidemment restés assis pendant qu'était joué au parlement européen "l'hymne européen" #illégitimité
— Florian Philippot (@f_philippot) July 1, 2014
Les eurogagas jouent les indignés pour défendre leur hymne en carton européiste, mais sont silencieux quand la Marseillaise est malmenée...
— Florian Philippot (@f_philippot) July 1, 2014
Technique n°2 : déambuler en tenue traditionnelle
Pour contrer le sentiment européen, et afficher leur amour de la nation, deux députés eurosceptiques ont fait leur entrée en tenue traditionnelle. L'élu autrichien Georg Mayer, issu du Parti de la liberté d'Autriche (FPÖ), s'est fait remarquer dans les allées de l'hémicycle avec sa culotte bavaroise et ses chaussettes hautes.
Il n'a pas été le seul à se démarquer au milieu des costumes gris et des chemises cintrées des autres élus. L'eurodéputé francophile David Coburn, membre du parti Ukip, a lui revêtu un kilt, surnommé "mon costume national" sur Twitter.
"L'Europe n'est pas un pays, mais une zone de libre-échange. Nous ne voulons pas d'hymne, pas de drapeau, pas d'armée, pas de Parlement", a expliqué l'Ecossais, qui voit dans ce vêtement une défense de la nation.
Technique n°3 : voter en burqa
L'eurodéputé italien Gianluca Buonanno a lui frappé fort en se présentant avec une burqa sur la tête lors de la session constitutive du Parlement. L'élu du parti populiste de la Ligue du Nord, allié du FN, a poussé le vice jusqu'à aller voter avec, mardi. Il a posté un "selfie" en situation sur son compte Facebook.
Interrogé par francetv info sur les raisons de cet accoutrement, Gianluca Buonanno a expliqué ne pas vouloir "mourir pour l'islam", évoquant le "problème" de l'Italie avec les clandestins. Il regrette aussi que "l'Europe rejette les racines chrétiennes". La Repubblica (en italien) a saisi des images de son arrivée, visage couvert, à l'entrée de l'hémicycle.
Le député, réélu le 25 mai, est un habitué des actions coup de poing. Il a déjà brandi une fourchette, un poisson frais et s'est récemment mouché dans le drapeau européen. Mercredi, l'élu haut en couleur a toutefois été contraint de retirer son couvre-chef pour entrer dans l'hémicycle.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.