La dure vie des petites mains de la présidentielle : "Si une affiche électorale tient 24 heures en ville, c'est bingo"

La campagne officielle de l'élection présidentielle est lancée, lundi 10 avril. Elle implique notamment des obligations en matière de temps de parole et d'affichage. Les équipes de colleurs rivalisent d'astuces pour maintenir l'affiche de leur candidat, au-delà de quelques heures, comme à Nancy, où une équipe "colle" pour Jean-Luc Mélenchon.   

A la recherche du collage tout frais d'un concurrent

Laura, 24 ans, participe à sa première campagne électorale. Elle a rapidement compris ce qu’elle pouvait tirer d’une juxtaposition avantageuse des collages. Son idée, c’est de faire "un damier entre les affiches, avec le visage de Jean-Luc Mélenchon et le 'LFI'", autrement dit le logo de La France insoumise qui représente le mouvement. Ce collage est "visuellement plus attirant", assure la militante. L’équipe est emmenée par Nordine Jouira, candidat aux législatives de juin prochain dans la 1re circonscription de Nancy. Au volant de la voiture qui emmène l'équipe de colleurs, il fait du repérage, efficace et économe. L'œil averti par quinze ans de pratique, il s’arrête devant l'affiche idéale, celle d'un concurrent récemment placardée. "Ça a l’air d’être tout frais, donc on va peut-être bénéficier de la colle", présume le chef d'équipe. C'est le cas. En quelques secondes, le visage de Nicolas Dupont-Aignan est recouvert par celui de Jean-Luc Mélenchon.

Le jeu incessant de l'affiche recouverte 

Les équipes sont composées de militants et de nouveaux recrutés sur internet. "Je me suis inscrit sur le site JLM 2017 et une semaine plus tard, je faisais un collage", témoigne un participant aux tournées de collage électoral. "Je vois que la campagne est réussie à la présence de gens comme moi, qui ne votaient plus, qui étaient dégoûtés de la politique très politicarde", précise ce nouveau militant. A ses côtés, Nordine Jouira, qui a plusieurs campagnes électorales derrière lui, colle en soirée et sans aucun accrochage avec les autres équipes de colleurs d'affiche, assure-t-il. Ses tournées ont même une saveur assez ludique. "Le seul jeu, c’est de se recouvrir. C’est le dernier qui passe qui a gagné", témoigne-t-il. C'est que la durée de vie d’une affiche de campagne électorale est très limitée. "Si une affiche tient 24 heures en ville, c'est bingo", a calculé le militant.