Législatives : qui sont les huit députés du Front national ?
Deux femmes, six hommes, des élus locaux, des très proches de Marine Le Pen... Franceinfo revient sur le profil des nouveaux députés frontistes.
Ils sont plus nombreux que lors de la précédente mandature et sont, pour la plupart, des députés néophytes. Le Front national a réussi à envoyer huit députés à l'Assemblée nationale, après le second tour des législatives, dimanche 18 juin. Un score qui empêche le FN de créer un groupe à l'Assemblée (au moins 15 sièges sont nécessaires pour cela). Lundi 19 juin, Marine Le Pen, qui fait partie de ces nouveaux élus, a néanmoins annoncé qu'elle espérait constituer un groupe dans les "prochains mois".
Franceinfo dresse le portrait des députés FN qui vont faire leur entrée dans l'Hémicycle.
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Marine Le Pen, députée du Pas-de-Calais
Si elle ne présidera pas officiellement un groupe, ce sera bien elle la tête d'affiche des députés FN. A 48 ans, Marine Le Pen, présidente du Front national et ex-candidate à la présidentielle, fera pour la première fois son entrée à l'Assemblée nationale, après avoir échoué en 2002, 2007 et 2012. Avec 58,60% des voix, elle s'impose dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais, face à la candidate de La République en marche, Anne Roquet (41,40%).
Deux fois divorcée, mère de trois enfants et aujourd'hui en couple avec Louis Aliot, élu dans la 2e circonscription des Pyrénées-Orientales, Marine Le Pen est désormais associée à la "dédiabolisation" du FN, fût-ce au prix de l'exclusion de son propre père à l'été 2015. "Face à un bloc qui représente les intérêts de l'oligarchie, face à ce mastodonte du système, nous sommes la seule force de résistance à la dilution de la France, de son modèle social et de son identité", a prévenu la présidente du FN, au soir de sa victoire. Cette dernière devrait démissionner de son poste d'eurodéputée pour s'investir dans son travail parlementaire à l'Assemblée.
Louis Aliot, député des Pyrénées-Orientales
Elu sur le fil. L'eurodéputé FN et compagnon de Marine Le Pen l'a emporté avec 50,56% des voix, contre 49,44% pour la candidate MoDem investie par La République en marche, Christine Espert, dans la 2e circonscription des Pyrénées-Orientales. Après trois échecs depuis 2002 sur la 1re circonscription des Pyrénées-Orientales, cet avocat de formation, âgé de 47 ans, avait cette fois fait campagne dans la 2e circonscription.
Electeur depuis 1988 du Front national, encarté depuis 1990, Louis Aliot est l'un des premiers artisans de la stratégie de "dédiabolisation" du FN. En 2009, c'est lui qui a l'idée d'imprimer des affiches "Jaurès aurait voté Front national", rappelle 20 Minutes . Le compagnon de Marine Le Pen n'est pourtant pas un modéré. En 2012, il créé la polémique en proposant de dérembourser "les IVG de confort". En 2002, auprès de Tout Toulouse, il se décrivait comme un "royaliste de système", car la monarchie serait "le moins pire des systèmes, en l’absence d’une République intégrale", rapporte encore 20 Minutes.
Gilbert Collard, député réelu du Gard
Avec 123 voix d'écart, lui aussi a été élu sur le fil. Ou plutôt réélu. Dans la 2e circonscription du Gard, Gilbert Collard sauve son siège de député, avec 50,16% des voix face à la candidate de La République en marche, l'ex-torera Marie Sara (49,84%). "J'ai gagné parce que le peuple de Camargue est un peuple fier et libre qui n'est pas tombé dans le piège de la médiatisation macronienne", a déclaré à la presse l'ancien avocat, qui avait lancé lors de la campagne de l'entre-deux tours un cinglant "allez voter, bande de fainéants" , à destination de ses électeurs.
L'homme est connu pour son langage fleuri et ses phrases-chocs. Interrogé récemment par franceinfo sur le retrait de Marion Maréchal-Le Pen, Gilbert Collard avait ainsi estimé qu'il est difficile d'être députée et mère de famille. "Ç a n'est pas compatible avec une vie politique ?", lui avait demandé le journaliste. Réponse de Gilbert Collard : "T out dépend de l'intensité de l'amour qu'on a pour ses enfants".
L'homme, âgé de 69 ans, a prévenu qu'il faudrait compter sur lui au Palais-Bourbon. "Moi, je suis à l'Assemblée, je peux vous dire qu'il va m'entendre !, a-t-il lancé à l'adresse du président de la République. Moi, je me pose des questions et je vais les poser, croyez-moi."
Sébastien Chenu, député du Nord
Le FN n'est pas son parti d'origine. Agé de 44 ans, Sébastien Chenu a d'abord commencé à l'UMP, où il a fondé l'association de défense des homosexuels GayLib. Adjoint au maire de Beauvais de 2001 à 2014, mais aussi directeur de cabinet de Christine Lagarde, la ministre du Commerce extérieur de 2005 à 2007, il quitte son parti en décembre 2014 pour le FN, scandalisant une partie des membres du parti frontiste, hostiles aux homosexuels. Dimanche, il a été élu dans la 19e circonscription du Nord, avec 55,35% des voix face à la candidate du MoDem, Sabine Hebbar (44,65%).
Un score qui vient récompenser son travail effectué au sein du FN, où il a su se rendre indispensable. " Contrairement aux habitués du siège du FN, Chenu ne réclame pas, ne gémit pas et travaille. Il ouvre son carnet d'adresses", écrit L'Express en mars 2016. Marine Le Pen en fera l'un de ses lieutenants. L'ancien membre de l'UMP se défend d'être "un gentil". "Les gens pensent que je suis quelqu'un de gentil parce que je suis sympathique et avenant. Mais ils se trompent. Je suis très rancunier et je peux être méchant", a-t-il prévenu dans l'hebdomadaire.
Ludovic Pajot, député dans le Pas-de-Calais
Il sera le benjamin de cette Assemblée nationale. A 23 ans, Ludovic Pajot a été élu dans la 10e circonscription du Pas-de-Calais, avec 52,58% des suffrages face à la candidate de La République en marche, Laurence Deschanel (47,42%). Malgré son jeune âge, celui-ci n'est pas un novice en politique. Conseiller municipal d'opposition à Béthune, il est aussi conseiller régional des Hauts-de-France depuis 2015.
Diplômé en droit, Ludovic Pajot s'est principalement fait connaître pour ses positions anti-migrants, promoteur par exemple d'une motion "Ma commune sans migrants", ou intervenant à la tribune du Conseil régional, à la fin 2016, pour appeler à rejeter un appel à projets visant, selon lui, à financer des centres d'accueil en faveur des migrants. "Ça me rappelle l'Allemagne des années 1930. Ça a commencé comme ça. Je ne dis pas que vous êtes national-socialiste !", s'était alors indigné le maire de Béthune, rappelle La Voix du Nord .
José Evrard, député du Pas-de-Calais
A l'instar de Sébastien Chenu, lui aussi n'est pas un pur produit du FN. Agé de 71 ans, José Evrard a quitté le Parti communiste pour rejoindre le Front national en 2014, se sentant "trahi sur ses engagements". Dimanche, il a été élu dans la 3e circonscription du Pas-de-Calais, avec 52,94% des voix, face au candidat du MoDem Patrick Debruyne.
Ce postier de formation, qui a été permanent du PC à Lens pendant quinze ans, est depuis 2014 conseiller municipal à Billy-Montigny (Pas-de-Calais). A l'époque déjà, il revendiquait fièrement sa volte-face. "Quand on voit la mafia socialiste sur le bassin minier, les détournements, il arrive un jour où l'on se dit : soit on laisse faire, soit on s'engage avec ceux qui s'opposent avec détermination", déclarait-il au Figaro .
Né à Cauchy-à-la-Tour, d'un père mineur de fond et d'une mère femme au foyer, José Evrard est un "passionné de lecture", possédant "une bibliothèque de plus de 8 000 livres", confie-t-il à l'AFP.
Bruno Bilde, député du Pas-de-Calais
C'est un très proche de Marine Le Pen. A 40 ans, Bruno Bilde a été élu avec 55,07% des voix dans la 12e circonscription du Pas-de-Calais en battant la candidate LREM Coralie Rembert (44,93%). Cet ancien mégrétiste, conseiller régional FN depuis 2010 à la région Nord-Pas-Calais, a longtemps été "un homme de l'ombre". Il a, par ailleurs, largement contribué à la victoire de Steeve Briois à Hénin-Beaumont en 2014 où il est, depuis, chargé des affaires juridiques, des affaires générales et des relations publiques. A l'époque, Bruno Bilde refusait de jouer les têtes d'affiche. "Je suis bègue. Ça m’a toujours freiné", expliquait-il au Monde en 2015.
Une relative discrétion qui ne l'empêche pas, avec Steeve Briois, de "mettre en place un système de contrôle permanent des agents municipaux", racontent Les Inrocks en s'appuyant sur le livre de Marine Tondelier, élue d'opposition EELV à Hénin-Beaumont.
Emmanuelle Ménard, députée de l'Hérault
Emmanuelle Ménard ne se résume pas seulement à son mari. L'épouse de Robert Ménard, le maire pro-FN de Béziers (Hérault), ancienne juriste, est la directrice du site d'information classé très à droite Boulevard Voltaire. Depuis dimanche, elle peut ajouter une nouvelle ligne à son CV : députée FN de la 6e circonscription de l'Hérault qu'elle a remportée avec 53,49% des voix face à la candidate de La République en marche, Isabelle Voyer (46,51%).
Comme son époux, fondateur de Reporters sans frontières, Emmanuelle Ménard a travaillé dans une ONG puisqu'elle était responsable Afrique au sein de la Fédération internationale des Ligues des droits de l’homme. Cette catholique fervente a également ramené Robert Ménard sur le chemin de la foi, raconte Le Monde, qui lui consacrait un portrait en 2016. A l'AFP, elle a expliqué pendant la campagne vouloir, en tant que députée, "continuer l'action et la politique" de son époux.
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