Lettre d'Emmanuel Macron : l'insoumise Mathilde Panot dénonce "un coup de force présidentiel qui nie le résultat des urnes"

La députée LFI est révoltée par la lettre publiée par le président de la République dans la presse régionale où il ne reconnaît pas la victoire du Nouveau Front populaire aux élections législatives.
Article rédigé par franceinfo
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La députée LFI Mathilde Panot, le 11 juillet 2024 sur franceinfo. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Mathilde Panot, députée La France insoumise du Val-de-Marne réélue présidente du groupe à l'Assemblée nationale, dénonce jeudi 11 juillet sur franceinfo "un coup de force présidentiel qui nie le résultat des urnes puisque la coalition du nouveau Front populaire est arrivée en tête du second tour des élections législatives". Une colère provoquée par la publication la veille dans la presse régionale d'une lettre aux Français signée Emmanuel Macron. Le président y affirme que "personne ne l'a emporté" aux élections législatives et demande aux "forces républicaines" de "bâtir une majorité solide" autour de "valeurs républicaines claires". À l'issue de ces discussions, le chef de l'État indique qu'il "décidera de la nomination du Premier ministre". "C'est une lettre de rupture avec la démocratie et les institutions républicaines", estime Mathilde Panot. .

"Je suis inquiète de l'accaparement du pouvoir du président de la République et de la macronie", précise Mathilde Panot, alors que le président a également demander de "laisser un peu de temps pour bâtir des compromis". "À quelques jours du 14 juillet, qui notamment a mis fin à l'ancien régime et où nous célébrons la souveraineté du peuple, je crois que c'est un signal très inquiétant que de nier ainsi le résultat du scrutin des urnes et de, en quelque sorte, rétablir un veto d'un monarque qui nie le scrutin universel", ajoute Mathilde Panot.

"Macron nous met dans une situation ubuesque"

La présidente fraîchement réélue du groupe LFI au Palais Bourbon fustige l'"accaparement" du pouvoir par Emmanuel Macron, l'appelant à "admettre qu'il a été battu". "Dans n’importe quelle démocratie du monde, c’est la coalition arrivée en tête qui propose un Premier ministre", souligne l'élue LFI du Nouveau Front populaire, la coalition de gauche arrivée en tête à l'issue du second tour des élections législatives, bien que loin d'une majorité absolue. "Depuis l'élection législative, le président de la République fait comme si cette élection n'avait pas existé et continue à maintenir un Premier ministre qui a été battu plusieurs fois et qui doit donc partir", poursuit-elle, ajoutant que le gouvernement "continue de prendre des décrets en vitesse". Sur la perspective de voir Gabriel Attal toujours à Matignon le 18 juillet, jour de l'élection du nouveau président de l'Assemblée nationale et début de la 17e législature, "ce n'est pas possible", rétorque la cheffe de file des députés LFI. "Macron nous met dans une situation ubuesque", cingle-t-elle.

Mathilde Panot donne par ailleurs plus de précisions sur le timing de l'annonce du Premier ministre que l'alliance de gauche souhaite envoyer à Matignon. "Nous nous sommes donnés jusqu'à la fin de la semaine", confirme-t-elle, pour présenter non seulement un Premier ministre mais plus largement "une équipe gouvernementale" représentant "les équilibres à tenir [au sein du NFP] en fonction des postes à responsabilité, notamment de ceux à l'Assemblée". "Nous prenons le temps de proposer quelque chose qui est solide et à la hauteur de nos responsabilités", assure-t-elle, alors que la coalition de gauche bataille en interne entre ses deux principales composantes, Insoumis et socialistes, pour proposer un Premier ministre.

Le patron du Parti socialiste s'est dit prêt à assumer cette fonction, LFI a proposé de son côté le nom de Clémence Guetté lors d'une réunion du NFP qui n'a abouti à aucun consensus. "Personne ne peut imposer un nom et cela vaut pour tout le monde", a prévenu Mathilde Panot."Il y a une tradition républicaine qui veut que ce soit la plus grande formation politique au sein de la coalition qui puisse proposer le nom d'un Premier ministre", rappelle-t-elle, ajoutant que "les Insoumis sont ceux qui ont permis l'union". La cheffe du groupe Insoumis répète que le centre de gravité de la gauche est du côté du mouvement fondé par Jean-Luc Mélenchon, ne croyant pas que les socialistes puissent atteindre le même nombre de sièges que LFI.

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