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Arnaud de Courson, l'homme qui rêve de faire chuter la maison Balkany

A 49 ans, cet ancien de l'UDF part au combat contre le maire de Levallois-Perret. Et croit à une "surprise".

Article rédigé par Ilan Caro
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 7min
Le candidat divers droite Arnaud de Courson, en novembre 2013 devant la mairie de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). (JACQUES DEMARTHON / AFP)

On le surnomme parfois le "Fromantin" de Levallois-Perret. Il espère ravir la mairie, citadelle supposée imprenable, aux époux Balkany. Un exploit à la hauteur de ce qu'avait réalisé Jean-Christophe Fromantin à Neuilly-sur-Seine, il y a six ans, au nez et à la barbe des proches de Nicolas Sarkozy.

A Levallois, Arnaud de Courson n'est pas tout à fait un inconnu, contrairement à ce qu'affirment Patrick Balkany et son épouse, Isabelle, dans les rues de la ville. Bien avant d'avoir battu cette dernière aux cantonales de 2011 à la surprise générale, ce féru de rugby de 49 ans fut adjoint à Levallois, sous le mandat d'Olivier de Chazeaux, maire de 1995 à 2001 – la seule parenthèse au milieu du long règne de Patrick Balkany, débuté en 1983. Aujourd'hui, à la tête d'un cabinet de chasseur de têtes, Arnaud de Courson espère faire tomber celle de son rival.

Mis sur orbite par la victoire de Chirac

Entré en politique via les Jeunes giscardiens en 1981, après la défaite contre Mitterrand, Arnaud de Courson habite Levallois depuis 1988. Mais ce n'est qu'à partir de 1995 qu'il s'implique localement. La campagne présidentielle est tendue. A Levallois, Patrick Balkany, qui achève son second mandat, soutient Edouard Balladur. Arnaud de Courson, lui, fait campagne pour Jacques Chirac. Le 23 avril 1995 sonne comme un désaveu pour le maire sortant : dans la ville, Chirac devance largement Balladur. Galvanisés, les chiraquiens de Levallois, emmenés par Olivier de Chazeaux, montent une liste en toute hâte en vue des élections municipales qui se tiennent deux mois plus tard. Et gagnent.

Dans la foulée, Arnaud de Courson devient adjoint au maire, chargé des affaires économiques. La nouvelle équipe veut en finir avec les affaires, le clientélisme et les grands projets démesurés. Avec Olivier de Chazeaux, l'entente fait long feu. Au bout de quatre ans, en désaccord sur le budget, Arnaud de Courson claque la porte. Aujourd'hui, Olivier de Chazeaux porte un regard sévère sur ces quatre années : "Arnaud de Courson n'avait pas été très efficient, il était un peu dilettante. Ça manquait de projet", tacle-t-il. 

Les élections de 2001 sont l'occasion d'une grande explication : Olivier de Chazeaux veut rempiler, Patrick Balkany se venger et Arnaud de Courson tenter sa chance. Balkany vire en tête, loin devant Chazeaux. Courson atteint 12%. Les anciens colistiers, désormais concurrents, ne parviennent pas à s'entendre entre les deux tours et Courson retire sa liste. Insuffisant pour empêcher le retour de Balkany. 

De retour après huit ans d'absence

L'année suivante, coup de théâtre : l'élection est annulée par la justice. Le nouveau scrutin offre à Arnaud de Courson un siège de conseiller municipal d'opposition, duquel il démissionne rapidement. "Pour m'occuper de mes enfants et pour trouver du boulot", explique Arnaud de Courson, qui quitte le secteur de la finance pour devenir consultant en recrutement.

On ne reverra pas Arnaud de Courson candidat à une élection avant sa victoire contre Isabelle Balkany aux cantonales en 2011. Un engagement à géométrie variable qui lui vaut les critiques de la candidate socialiste, Anne-Eugénie Faure : "Il est dans une aventure personnelle, il fait des coups électoraux. Quand il démissionne en 2003, il n'assume même pas son rôle d'opposant."

Ses piques, Arnaud de Courson les réserve en effet à Patrick Balkany, l'homme à abattre. Si ce n'est le fait d'avoir défilé contre le mariage pour tous, les deux hommes n'ont pas grand chose en commun. La courtoisie de l'un tranche avec la gouaille de l'autre. Pudique, ce père de famille bon teint s'offusque des frasques à répétition du maire sortant.

"Il émet du négatif. La mauvaise image de Levallois, elle n'est due qu'à celle de son maire. La question, c'est 'comment garder Levallois et changer son maire ?'", pense-t-il. "Savez-vous que Patrick Balkany n'est même pas l'ordonnateur des dépenses de la ville ?" L'édile, qui doit encore 87 000 euros à sa propre ville après sa condamnation pour "prise illégale d'intérêts" en 1996, n'est pas habilité à engager les dépenses de la commune. En attendant, c'est la première adjointe, Isabelle Balkany, qui signe les documents. "Sa politique d'urbanisme à outrance" ne trouve pas davantage grâce à ses yeux. "Vouloir construire des gratte-ciel [un projet finalement abandonné] est complètement déraisonnable dans la ville la plus dense d'Europe", critique-t-il, alors que "Levallois compte 16% de bureaux vides".

"Balkany ne sera pas élu au premier tour"

Ses concurrents lui reprochent de faire dans l'anti-balkanysme primaire et de "manquer de fond". "Il ne mise que sur le climat des affaires. Mais les Levalloisiens aimeraient savoir ce qu'ils auront à la place si Arnaud de Courson est élu. Sur la sécurité, par exemple, il propose de 'remotiver la police municipale'. C'est un peu court !", juge Anne-Eugénie Faure. "Il n'y a pas assez de contenu dans la campagne d'Arnaud de Courson", critique aussi le conseiller municipal d'opposition (divers droite) Loïc Leprince-Ringuet, qui ne se représente pas en mars. "On ne peut pas gagner en misant simplement sur le fait que l'autre va perdre." "Nous avons eu un aperçu de sa gestion entre 1995 et 2001, que les habitants ont lourdement sanctionnée", lâche Isabelle Balkany, qui dit lui vouer "une indifférence totale, car il ne propose strictement rien". 

Politiquement, Arnaud de Courson se présente comme le candidat "de la droite et du centre", mais n'aime pas trop être catalogué. "En économie, je pense qu'il faut encourager l'initiative. En matière sociale, je pense qu'il faut aider ceux qui en ont besoin plutôt que les copains", sourit-il dans une allusion au "système Balkany". Il est tout de même soutenu par Denis Payre, très libéral entrepreneur à l'origine du collectif Nous Citoyens, qui labellise une trentaine de villes à travers la France. Dans les Hauts-de-Seine, il est proche de Thierry Solère, le dissident UMP qui a fait tomber Claude Guéant aux législatives à Boulogne-Billancourt. Et bien sûr, de Jean-Christophe Fromantin, "qui a montré qu'on pouvait faire de la politique professionnellement sans être un pro de la politique".

A un mois du scrutin, Arnaud de Courson sait qu'il va devoir batailler. Il promet une surprise : "Le 23 mars, Patrick Balkany ne sera pas élu au premier tour". Mais au second ? Pense-t-il à une alliance anti-Balkany en fusionnant avec la gauche ? "On incitera les socialistes à se retirer, on les a vus faire ça dans d'autres cas !", lâche-t-il, faussement naïf, se refusant à faire "de la petite magouille politicienne". Suivez son regard.

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