Au Cannet, la police met en scène des reportages télé
Le chef de la police municipale de cette ville de la Côte d'Azur est accusé par Mediapart de faire jouer ses agents dans des reportages télévisés.
En pleine campagne municipale, Alain Cherqui, le chef de la police municipale du Cannet (Alpes-Maritimes), décide d'annoncer, le 18 février, la création d'un nouveau concept : le "police drive". A la manière d'un fast-food, le commissariat va bientôt s'équiper d'un guichet ouvert 24 heures sur 24. L'initiative fait le tour des médias, vantée par Alain Cherqui, qui est également l'homme de confiance de la députée-maire UMP du Cannet, Michèle Tabarot.
"Comme je suis une femme seule, si je suis poursuivie, je viens directement ici", explique une habitante du Cannet dans un reportage de TF1 diffusé le 20 février. Seul problème, ces propos auraient été soufflés par Alain Cherqui, selon les informations du site Mediapart. "Vous êtes une femme seule. Vous voyez, c'est une bonne idée, ça apporte un plus au Cannet", aurait lâché Alain Cherqui à cette habitante qui passait dans le coin. "Je devais montrer que c'était très bien, confie cette dernière à Mediapart. J'ai fait ce qu'il m'a dit car la police, c'est la police."
De nombreux reportages bidonnés
Alain Cherqui aime communiquer sur sa police municipale et les nouveautés de sa ville. Le "Monsieur sécurité" de Michèle Tabarot multiplie donc les coups médiatiques depuis plusieurs années. Et devant les caméras de télévision, il n'hésiterait pas à arranger la réalité, selon les informations de Mediapart.
Le site d'investigation cite plusieurs témoignages de policiers municipaux. "Tout était simulé. Le lendemain, on en parlait avec les collègues au bureau, on en rigolait", rapporte par exemple un policier en détaillant plusieurs reportages. "Les rôles étaient distribués, raconte un autre agent, c'est 'toi tu fais le récalcitrant', 'toi le policier', ou bien on faisait la logistique, en bloquant la route si nécessaire. A l’époque des élections, cela se faisait beaucoup."
Mediapart a fouillé dans les archives de TF1 pour déterrer d'autres preuves. Par exemple, dans ce reportage, le site a reconnu le bras droit d'Alain Cherqui qui simule une altercation avec deux policiers municipaux (voir la vidéo à 1'10).
Michèle Tabarot était au courant, selon des policiers
La secrétaire générale de l'UMP a-t-elle cautionné les pratiques de son homme de confiance ? Pour ce policier interrogé par Mediapart, cela ne fait guère de doute : "Il ne bouge pas une oreille sans Michèle Tabarot."
"Tous les policiers municipaux sont au courant. Monsieur Cherqui informe toujours Michèle Tabarot de la diffusion", précise un autre agent de police, qui ajoute que ces "bidonnages" ont commencé "à la fin des années 1990, un peu après l'arrivée à la mairie de Mme Tabarot". Contactée par Mediapart, Michèle Tabarot n'a pas souhaité réagir pour le moment à ces informations.
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