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"Le maire, c'est celui qui est à portée de baffes" : la première réunion publique de Benjamin Griveaux pour les municipales perturbée par des opposants

Le candidat LREM à la mairie de Paris tenait mercredi sa première séance de "Quartiers libres", un débat avec des habitants. Mais un groupe de manifestants, parmi lesquels des "gilets jaunes", est venu jouer les trouble-fête. 

Article rédigé par Margaux Duguet
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Benjamin Grivaux, candidat à la mairie de Paris, inaugure sa première réunion publique "Quartiers libres", dans le 20e arrondissement de Paris, le 25 septembre 2019. (EDOUARD RICHARD / HANS LUCAS / AFP)

"On m'avait dit que le 20e était animé, promesse tenue !" s'amuse Benjamin Griveaux alors que des sifflets retentissent au dehors. Micro en main, le candidat de La République en marche à la mairie de Paris s'apprête à débuter, mercredi 25 septembre, sa première réunion "Quartiers libres", une session de "questions-réponses" avec 150 Parisiens, dont seulement "20%" sont des militants LREM, assure son équipe. Pour cette édition, l'ancien porte-parole du gouvernement a choisi un bar de Belleville, dans le 20e arrondissement.

"Tous les Parisiens sont bienvenus pour débattre, surtout ceux qui ne sont pas d'accord !" avait annoncé Benjamin Griveaux. En réalité, ceux qui ne sont pas d'accord sont plutôt restés à l'extérieur. Une cinquantaine d'opposants au candidat, selon leur comptage, dont une partie de "gilets jaunes", ont investi toute la soirée le bas de la rue des Envierges où se situe le bar Moncœur Belleville. Etroitement surveillés par la police, ils ont rythmé l'intervention du candidat aux cris de "Benjamin, dégage !"

Deux salles, deux ambiances

Et pour eux, impossible de s'approcher trop près du bar. Sous une pluie fine, Bobi maugrée : "On ne veut pas de ce genre de mec, c'est la macronie en puissance." A ses côtés, son camarade Marco enchaîne : "C'est le porte-parole du gouvernement, il a été propulsé par Macron pour devenir maire de Paris." 

Moncœur Belleville, c'est le seul bar bobo du quartier, c'est un symbole de la gentrification du quartier et il a choisi ce symbole où il est enfermé avec la police.

Marco, opposant à Benjamin Griveaux

à franceinfo

"Leur grand truc, c'est la coconstruction alors qu'ils ont déjà un projet", ajoute Thomas, tandis qu'un autre manifestant renchérit : "C'est la gouvernance spectacle !" Ses paroles sont couvertes par la reprise des "Benjamin, dégage !" ou "Benjamin, retourne chez Macron !" A l'intérieur, deux participantes rigolent : "C'est des malades, les mecs." Car dans la salle surchauffée et pleine à craquer, le ton est très policé, les échanges cordiaux. Propreté, transports, augmentation des loyers, démocratie locale ou création d'une police municipale… Les questions s'enchaînent sans fausse note et le candidat déroule son programme. 

Interrogé par Catherine et Louis sur la propreté – "notre quartier de Belleville est vraiment dégueulasse" –, Benjamin Griveaux en profite pour livrer sa vision du maire de Paris. "Le maire, c'est celui qui est à portée de baffes. Vous êtes au milieu de ceux qui vous aiment et de ceux qui vous aiment moins."

"J'assume de dire : 'on ne va pas être d'accord sur tout'. Un grand maire doit commencer par rendre le pouvoir aux maires d'arrondissements sur ces questions de voirie et de propreté, poursuit le champion de la macronie. Une rue propre, ce n'est pas de gauche ou de droite. Si on n'arrive pas à se mettre d'accord sur la propreté, c'est que l'on a un problème sérieux." Succès immédiat dans la salle qui applaudit à tout rompre. Immédiatement, des huées se font entendre dehors. "Nous aussi, on peut chanter à babord et à tribord", plaisante Benjamin Griveaux. 

Des manifestants, parmi lesquels des "gilets jaunes", ont perturbé la réunion publique de Benjamin Griveaux, dans le 20e arrondissement de Paris, le 25 septembre 2019. (EDOUARD RICHARD / HANS LUCAS / AFP)

"Le prochain maire de Paris est partout chez lui"

A l'extérieur, ils ne sont plus qu'une poignée à attendre que le candidat sorte. "Griveaux, c'est celui qui nous a traités de séditieux, de factieux, de fachos. Il vient dans nos quartiers, il se pose en champion de la démocratie, on n'a pas voulu le laisser tranquille", résume Pierre, un "gilet jaune" de la première heure. Lorsqu'on les interroge sur la possibilité d'un dialogue avec le candidat, les réponses fusent : "On n'est pas là pour discuter avec lui !", "On nous a empêchés de rentrer !"

Pas de quoi déstabiliser Benjamin Griveaux, qui, après plus de deux heures et demie de questions-réponses, s'attable au bar, une bière à la main. "Ce ne sont pas des 'insoumis' qui vont m'empêcher de faire campagne, le prochain maire de Paris est partout chez lui", confie-t-il à franceinfo. 

Ils ne veulent pas débattre, ils ne veulent pas le dialogue. De quoi ont-ils peur ?

Benjamin Griveaux

à franceinfo

L'ancien porte-parole du gouvernement affirme que les manifestants "ont essayé l'intimidation physique" et l'ont "insulté dans un bar avant". Une situation qui risque de se répéter puisque le groupe d'opposants rencontré promet de se mobiliser de nouveau lors des prochaines réunions publiques de Benjamin Griveaux. Peu importe pour le candidat, qui affiche sa satisfaction après ce premier échange. "Etre maire, c'est être un bon manager de la ville, déclarait-il devant la salle quelques instants plus tôt. On a éclaté les services dans plusieurs coins, ils ne se parlent plus. Il faut faire tomber les frontières. C'est une question de management, d'organisation." La salle, conquise, applaudit et, automatiquement, des huées retentissent. Comme deux mondes irréconciliables.

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