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Municipales : l'UMP peut-elle faire campagne contre les rythmes scolaires ?

Avec quelques déclarations musclées et la distribution d'un million de tracts, le parti d'opposition se lance dans une campagne contre la réforme de Vincent Peillon. 

Article rédigé par Clément Parrot
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Le président de l'UMP, Jean-François Copé, interroge le ministre de l'Education, Vincent Peillon, sur la réforme des rythmes scolaires, le 1er octobre 2013, à l'Assemblée nationale. (JACQUES DEMARTHON / AFP)

"Capharnaüm", "catastrophique", "improvisée" : Jean-François Copé n'a pas ménagé ses attaques, mardi 1er octobre sur RTL, contre la réforme des rythmes scolaires du ministre de l'Education, Vincent Peillon. "Il faut absolument que le gouvernement reporte cette réforme", a martelé le président de l'UMP.

Le plan d'attaque semble bien rodé. Lundi, Nathalie Kosciusko-Morizet a lancé un site internet pour inciter les parents d'élèves à exprimer leur mécontentement sur ce passage à la semaine de 4,5 jours. Mardi, l'UMP a envoyé un million de tracts et 100 000 affiches sur le même thème. Enfin, le même jour, Jean-François Copé a terminé la séquence en interpellant Vincent Peillon à l'Assemblée nationale.

Copé et Peillon s'affrontent sur les rythmes scolaires à l'Assemblée (LCP / FRANCE TELEVISIONS)

A quelques mois des municipales, le premier parti d'opposition s'est trouvé un nouveau cheval de bataille après sa campagne contre la pression fiscale. Mais est-ce une bonne stratégie pour l'UMP ?

Beaucoup de mécontents

Avec les élections municipales de mars 2014 en ligne de mire, l'UMP s'est trouvé un thème de campagne parfaitement calibré. La réforme des rythmes scolaires concerne toutes les municipalités, des communes qui ont entamé l'expérience à la rentrée 2013 à celles qui se préparent pour 2014. Les premiers retours sur la mise en place de ce changement témoignent de nombreuses difficultés. Le Monde a listé dix raisons qui expliquent le mécontentement suscité par la réforme, en évoquant "des enfants plus fatigués", "des élèves déboussolés" ou encore des "profs malmenés".

L'UMP semble avoir parfaitement capté cette grogne qui parcourt le pays, des syndicats de parents d'élèves aux parents eux-mêmes (68% d'entre eux ne soutiendraient pas la réforme, selon une enquête de la Peep, fédération de parents classée à droite). Des agents communaux se sont même mis en grève mardi pour protester contre la réforme, qui a désorganisé selon eux leur journée de travail. Le parti de Jean-François Copé mise sur ce mécontentement. 

Une stratégie qui n'échappe pas au gouvernement. "On a compris que vous aviez un rendez-vous politique avec les municipales, mais faites attention", a lancé Vincent Peillon à Jean-François Copé dans l'hémicycle.

Interrogée par francetv info, Camille Bedin, la secrétaire générale adjointe de l'UMP chargée du dossier, défend la stratégie de son parti et explique le timing par "l'urgente nécessité de repousser cette réforme", répétant ainsi la demande de Jean-François Copé. Elle détaille : "Nous n'avons pas les moyens de cette réforme, or à six mois des élections municipales, c'est justement le moment où les candidats de l'UMP vont devoir s'engager à ne pas augmenter les impôts."  

Mais une réforme initiée par la droite

Comme le rappelle Le Monde, la droite n'a pas toujours été contre le changement des rythmes scolaires. En 1996, le ministre de la Jeunesse du gouvernement Juppé, Guy Drut, lance des expérimentations sur la semaine de 4,5 jours. En 2011, le ministre de l'Education, Luc Chatel, un proche de Jean-François Copé, commande un rapport sur les rythmes scolaires. Ce dernier conclura à la nécessité d'un retour à la semaine de 4,5 jours. Le Parti socialiste, dans un communiqué, prend lui aussi un malin plaisir à rappeler ces faits, en sortant des archives une vidéo de LCP sur la réflexion menée par Luc Chatel.

Camille Bedin réplique à ces attaques en expliquant que la réforme envisagée par l'UMP était très différente : "Nous, ce qu'on proposait, c'était de diminuer les vacances d'été et de raccourcir la journée scolaire… Le problème, c'est que nous ne sommes pas allés au bout." Elle ajoute que ce n'est pas tant la semaine de 4,5 jours qui dérange, mais "le coût de la réforme et l'absence d'utilité pédagogique".

Et des dissonances au sein même de l'UMP

Au sein de l'UMP, plusieurs voix se font entendre. Ainsi, comme le soulève Le Monde, le député UMP Hervé Mariton a appelé son camp à ne pas faire des rythmes scolaires un sujet de discorde entre la droite et la gauche. Et pour cause : le maire de Crest (Drôme) expérimente la semaine de 4,5 jours dans sa commune depuis 1996. Tout en critiquant la méthode de Vincent Peillon, il voit dans cette organisation des bénéfices pour les élèves : "Avec les 4,5 jours, les enfants sont plus heureux : ils s'épanouissent lors des activités périscolaires et leur temps est mieux organisé."

Autre voix discordante, les propos de l'UMP Jacques Pélissard, qui, en tant que président de l'Association des maires de France, prend ses distances avec Jean-François Copé et sa demande d'un report de la réforme. Jacques Pélissard souligne tout de même deux inquiétudes : "Le financement de la réforme et l'allègement des taux d'encadrement par les animateurs." Si l'UMP souhaite apparaître crédible sur la question des rythmes scolaires au moment des municipales, le parti devra se réunir autour d'un discours commun.

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