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Résultats municipales 2020 à Paris : la maire sortante Anne Hidalgo arrive en tête avec près de 49% des voix, devant Rachida Dati et Agnès Buzyn

La maire sortante de la capitale, donnée favorite, a transformé l'essai du premier tour, distançant largement ses rivales, avec 48,7% des voix.

Article rédigé par Catherine Fournier
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Anne Hidalgo, lors d'une cérémonie au Luxembourg sur l'abolution de l'esclavage, le 10 mai 2020 à Paris.  (IAN LANGSDON / AFP)

Elles étaient trois candidates encore en lice pour un poste. Anne Hidalgo, la maire sortante de la capitale, soutenue par le Parti socialiste et Europe Ecologie-Les Verts, a décroché un deuxième mandat à la tête de la première ville de France, dimanche 28 juin. Elle arrive en première position au second tour des élections municipales, avec 48,7% des voix, devant Rachida Dati, la candidate du parti Les Républicains (33,8%) et Agnès Buzyn, celle de La République en marche (13,3%), selon une estimation Ipsos/Sopra Steria pour France Télévisions, Radio France et les chaînes parlementaires. 

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"Vous avez choisi l’espoir, vous avez choisi le rassemblement, une ville plus solidaire qui ne laisse personne sur le bord du chemin", a réagi Anne Hidalgo dans une courte déclaration dimanche soir.

"Elle a mené une solide campagne, avec une mobilisation très forte dans les mois qui ont précédé les municipales pour accélérer la question des chantiers", analyse Bruno Cautrès, chercheur CNRS au Centre de recherches politiques de Sciences Po (CEVIPOF).

Anne Hidalgo partait favorite après être arrivée en tête du premier tour devant ses deux rivales, avec 29,33% des voix, contre 22,72% pour Rachida Dati et 17,26% pour Agnès Buzyn. La maire de Paris était donnée largement gagnante dans les derniers sondages. La campagne n'en a pas moins été rude, avec une lutte féroce engagée depuis plusieurs mois entre les trois prétendantes au siège de la capitale. Rachida Dati et Agnès Buzyn ont tenté d'incarner le "vote utile" face à la maire socialiste sortante. En vain. 

"Elle a bétonné sur ses points forts, l'écologie. Elle a misé à fond la carte d’une ville avec moins de voitures et plus de pistes cyclables. Son accord entre les deux tours avec les écologistes était cohérent. On a un cas de figure assez classique d’un maire sortant solide sur son bilan", estime Bruno Cautrès.

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Anne Hidalgo a en effet abordé ce second tour renforcée après avoir fusionné sa liste avec celle de l'écologiste David Belliard et consacré une large part de son programme à cette thématique. Dans une tribune commune publiée par Le Journal du dimanche, à la mi-juin, ils avaient appelé "à faire le choix de l'écologie et de la solidarité", afin que la crise du coronavirus "soit aussi une opportunité pour accélérer les changements".

Agnès Buzyn ne siègera pas au conseil de Paris  

L'édile a également bénéficié de la campagne moribonde de LREM, entre la candidature dissidente de Cédric Villani, le changement en catastrophe du candidat Benjamin Griveaux après la divulgation d'une vidéo intime, et les déboires d'Agnès Buzyn. Engagée dans la bataille depuis le 16 février, l'ex-ministre de la Santé a été contrainte de travailler vite ses dossiers pour endosser le costume de candidate.

Ses propos controversés sur le maintien du premier tour, malgré, explique-t-elle, ses alertes sur l'épidémie de Covid-19, ont entamé l'unité de la majorité dans la course à la mairie de ParisLa candidate malheureuse de LREM n'a pas réussi à obtenir suffisamment de voix pour devenir conseillère de Paris. Elle "ne sera pas au Conseil de Paris, elle sera conseillère d'arrondissement et siègera seule", a indiqué Geoffroy Boulard, le maire sortant du 17e arrondissement, où se présentait en tête de liste Agnès Buzyn.

 "Cette campagne aura été particulière. Même les meilleures séries, comme Baron noir, n'auraient pas imaginé un tel scénario : quatre semaines avant le vote, on change le candidat du parti présidentiel et, à présent, le coronavirus", glissait Anne Hidalgo dans une interview à 20 Minutes avant le premier tour.

Un bilan pourtant mitigé pour Anne Hidalgo

Malgré un niveau de satisfaction des Parisiens particulièrement faible pour un élu sortant sur le bilan de son mandat, avec autour de 40% d'avis positifs et un "Hidalgo Bashing" constant pendant son mandat, Rachida Dati n'est pour sa part pas parvenue à combler la distance avec la favorite. La candidate LR, qui a mené une campagne pugnace, avait pourtant axé sa candidature sur "les deux fondamentaux" chers aux habitants de la capitale, la propreté et la sécurité.

Anne Hidaldo "a récupéré une partie de l'élan plutôt environnemental des Parisiens, quand Rachida Dati a capitalisé sur le socle traditionnel de la droite à Paris", analysait Emmanuel Rivière, directeur général de Kantar Public, avant le second tour. "Il y a souvent eu un décalage, une décorrélation entre les discours très forts de 'bashing' et une stabilité de jugement des Parisiens, indiquait de son côté Frédéric Dabi, directeur adjoint de l'Ifop, auprès de franceinfo. Anne Hidalgo a conservé un socle très fort à gauche."

Le premier débat télévisé entre les concurrentes, sur franceinfo et France 3, avait en outre vu Rachida Dati et Agnès Buzyn s'écharper autour de l'appel de Marine Le Pen à choisir la candidate LR à Paris. Un soutien encombrant pour l'ancienne ministre de la Justice de Nicolas Sarkozy.

Le "troisième tour" bien moins incertain que prévu

Malgré leur défaite, les deux candidates peuvent théoriquement encore miser sur la particularité du scrutin à Paris, comme l'a rappelé vendredi sur LCI Agnès Buzyn : "En réalité, c'est le nombre d'arrondissements et de conseillers de Paris par arrondissements que vous amenez au Conseil de Paris qui fait le vote du maire, qui est élu lors d'un 'troisième tour'. Donc en fait, rien n'est perdu."

Comme à Lyon et Marseille, le maire de Paris est en effet désigné par les conseillers municipaux élus. Toutefois, l'écart entre Anne Hidalgo et ses rivales laisse entendre que ce "troisième tour" ne devrait pas constituer un obstacle majeur pour la maire sortante et son équipe. "Ce soir je veux également saluer Agnès Buzyn et Rachida Dati, a déclaré Anne Hidalgo. J'espère que nous pourrons travailler ensemble malgré nos différences." 

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