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Présidentielle 2022 : "La science est essentielle, en France on ne l'a toujours pas compris", déplorent des chercheurs

Certains scientifiques alertent sur la quasi absence de la science en général et de la recherche en particulier dans les débats de la présidentielle. 

Article rédigé par franceinfo - Boris Hallier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un laboratoire de recherche (illustration). (WESTEND61 VIA GETTY IMAGES)

La campagne de l'élection présidentielle 2022 est jusque-là focalisée sur l'insécurité, l'immigration, le pouvoir d'achat ou, depuis quelques jours, la guerre en Ukraine. Mais parmi les sujets oubliés : la recherche. C'est ce que déplorent certains scientifiques qui alertent sur leurs conditions de travail et craignent un déclassement de la France.

A trois semaines du premier tour de la présidentielle, on connaît désormais le programme de tous les candidats. Renforcer l'autonomie des universités et axer la recherche sur les secteurs stratégiques, ce sont les propositions d'Emmanuel Macron, par exemple, présentées jeudi 17 mars. Pas de quoi satisfaire certains chercheurs. "Il y a un manque de culture scientifique et un manque de sensibilisation à l'importance de la recherche parmi la classe politique, déplore Boris Gralak, chercheur au CNRS et responsable du syndicat des chercheurs scientifiques. La recherche publique s'est rétrécie en France. Elle n'a pas la place qu'elle devrait avoir. Vous prenez le CNRS, qui est le premier opérateur de recherche en France : il a perdu 10% de ses emplois en dix ans. C'est pratiquement un plan social !"

"On est toujours vingt ans en arrière"

Il y a vingt ans, les pays européens s'étaient mis d'accord pour consacrer 3% de leur PIB à la recherche. Cet objectif n'a jamais été atteint en France, et le nombre de publications scientifiques ralentit. C'est l'un des critères pour évaluer le dynamisme de la recherche. Selon un rapport du Haut conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (Hcéres), la France est passée entre 2005 et 2018 du sixième au neuvième rang mondial, dépassé par l'Italie ou la Corée du Sud. "La science, c'est essentiel ; la recherche, c'est essentiel, poursuit Boris Gralak. Ils l'ont compris dans beaucoup de pays. En France, on ne l'a toujours pas compris. On est toujours vingt ans en arrière. Il faut vraiment une prise de conscience. D'abord un investissement, et avec cet investissement, davantage de chercheurs. Nous formons de jeunes chercheurs, mais malheureusement, ils nr'arrivent pas à continuer dans la recherche."

De jeunes scientifiques dont le parcours est parfois semé d'embûches. Harcèlement moral ou sexuel, précarité... C'est le sombre tableau dépeint par la neurobiologiste Adèle Combes dans son ouvrage Comment l'université broie les jeunes chercheurs. "Dans l'enquête, il y a à peu près 20% des répondants qui disent avoir vécu du harcèlement moral à proprement parler. Et un sur deux qui dit avoir vécu au moins une violence psyschologique durant le doctorat. Cela peut être : 'On me crie dessus, on m'insulte, on me vole mes travaux'. Et ce sont des gens qu'on brise complètement, il y en a qui abandonnent." Ce qu'elle attend des candidats à la présidentielle, c'est qu'ils reconnaissent "l'importance cruciale de la recherche pour la société".

Mettre la recherche au cœur de la campagne, c'est aussi l'objectif de l'Académie des Sciences qui a envoyé un questionnaire aux candidats. Les réponses seront dévoilés vendredi 18 mars.

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