Présidentielle : les principaux candidats s'engagent pour la transparence de la vie publique (sauf un)
"Libération" a soumis six engagements sur la moralisation de la vie publique aux principaux candidats. Tous ont répondu, sauf François Fillon.
Le symbole est fort. Tous les principaux candidats à l'élection présidentielle ont répondu aux six propositions faites par Libération (article payant) pour davantage de transparence dans la vie publique... sauf un, François Fillon. Le quotidien publié jeudi 9 mars liste six engagements : l'interdiction de toucher une rémunération privée pour un parlementaire, la prohibition des emplois familiaux, la création d'un statut d'attaché parlementaire, la nomination d'un "véritable déontologue" au Parlement, la suppression de l'indemnité représentative de frais de mandat (remplacée par un remboursement sur justificatifs) ainsi que la suppression de la réserve parlementaire. Voici les positions des différents candidats.
Benoît Hamon veut "lever toute suspicion de conflits d'intérêts"
Le candidat du Parti socialiste souhaite interdire le cumul d'un mandat de parlementaire avec les fonctions de conseil, pour "lever toute suspicion de conflits d’intérêts". Idem pour l'interdiction des emplois familiaux, même si Benoît Hamon reconnaît que "certains objecteront que cette disposition est facilement contournable par le biais des emplois croisés" (un(e) élu(e) embauche un proche d'un collègue, et inversement). A propos de l'indemnité représentative de frais de mandat, il s'inspire de l'exemple britannique et de l'Independent Parliamentary Standards Authority, créée en 2009 pour contrôler les dépenses et traitements des parlementaires.
Emmanuel Macron veut vérifier "l'activité réelle" des collaborateurs parlementaires
Le candidat du mouvement En marche ! propose de resserrer les règles d'incompatibilité pour les rémunérations privées des parlementaires, car "une interdiction générale ou absolue pourrait se heurter à des obstacles constitutionnels", estime-t-il. A propos des collaborateurs parlementaires, Emmanuel Macron fait référence, assez directement, à l'affaire de l'emploi fictif présumé de Penelope Fillon. Il considère en effet que "l'activité réelle des collaborateurs parlementaires doit pouvoir être vérifiable et leur rémunération reposer sur des critères publics".
Pour Nicolas Dupont-Aignan, "les abus ne laissent pas le choix"
Le candidat de Debout la France estime que "les comportements délictueux de certains obligent à légiférer". C'est ainsi qu'il préconise de passer par une "règle de prohibition des emplois familiaux", même s'il pense qu'il est "peut-être dommage de priver les parlementaires de leurs proches". Idem pour l'interdiction des rémunérations privées, car un élu "doit se tenir à l’écart de lobbys et intérêts divers". "Je suis favorable à la suppression de la réserve parlementaire qui fait flotter un parfum d'Ancien Régime autour des prérogatives des élus", explique aussi le candidat.
Marine Le Pen souhaite s'inspirer des règles du Parlement européen
La candidate du Front national souhaite prohiber "tout aller-retour entre la grande finance et la haute fonction publique". Sur les emplois familiaux et la création d'un statut d'attaché parlementaire, Marine Le Pen dit vouloir appliquer les règles du Parlement européen… malgré les soupçons d'emplois fictifs d'assistants parlementaires du FN au sein de cette même institution. La présidente du FN souhaite aussi supprimer l'IRFM.
Jean-Luc Mélenchon veut pouvoir "révoquer les élus"
Le candidat de La France insoumise rappelle que tous les candidats aux élections législatives de son mouvement s'engagent sur la charte éthique de l'association Anticor. Jean-Luc Mélenchon avance aussi d'autres propositions, comme la possibilité de "révoquer les élus", dans le cadre de la VIe République qui figure dans son programme. Mais, selon lui, les engagements proposés par le quotidien, qui "épargnent la présidence de la République, les régions, les maires", ne sont pas suffisants face à la gravité de la "décomposition de la Ve République".
Philippe Poutou compte supprimer le Sénat
Pour le candidat du Nouveau Parti anticapitaliste, le problème réside d'abord dans l'absence de représentativité de l'Assemblée nationale. "Les parlementaires sont pour 3% des ouvriers et des employés, et pour 82% des cadres et professions intellectuelles supérieures", rappelle-t-il. Il demande que chaque député touche "une seule rémunération, celle de son mandat, à un niveau correspondant à la rémunération moyenne d’un ouvrier ou d’un employé : 2 300 euros brut aujourd’hui". Philippe Poutou rappelle qu'il veut aussi supprimer le Sénat, "assemblée de notables qui échappe au suffrage universel".
Pour Nathalie Arthaud, "tout doit être public et connu de tous"
La candidate de Lutte ouvrière souhaite que l'indemnité des parlementaires "ne dépasse pas le salaire moyen ouvrier". Nathalie Arthaud plaide aussi pour un nombre fixe d'attachés parlementaires, salariés directement par l'Etat. "Tout doit être public et connu de tous" concernant la rémunération, les activités et le patrimoine des parlementaires, estime la candidate.
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