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Présidentielle : pourquoi la décision de Hollande de jeter l'éponge complique les chances de la gauche

Le président de la République a décidé, jeudi, de ne pas être candidat à sa propre succession. Il laisse la gauche à ses divisions.

Article rédigé par Clément Parrot
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le président François Hollande, le 13 novembre 2016 à Paris, lors de la commémoration des attentats de novembre 2015. (CHRISTOPHE PETIT TESSON / AFP)

Clap de fin pour François Hollande en mai. Le président de la République a décidé de ne pas se porter candidat à sa propre succession. Il l'a annoncé dans une allocution retransmise en direct à la télé depuis l'Elysée, jeudi 1er décembre.

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Tout en jetant l'éponge, le chef de l'Etat en a appelé à "un sursaut collectif" de son propre camp pour mettre fin aux divisions face au "danger" de l'extrême droite. Franceinfo vous explique pourquoi la décision du chef de l'Etat risque de créer encore plus le trouble au sein de la gauche.

Parce que cela va multiplier les candidatures pour la primaire

Il y a déjà sept candidats déclarés à la primaire de la gauche (Arnaud Montebourg, Benoît Hamon, Marie-Noëlle Lienemann, Gérard Filoche, Jean-Luc Bennahmias, François de Rugy et Pierre Larrouturou), et la liste ne devrait pas s'arrêter là. La disparition du jeu politique de François Hollande risque d'aiguiser les appétits de ses camarades socialistes, à commencer par celui de Manuel Valls.

Le Premier ministre a tout fait pour dissuader le président de briguer un nouveau mandat et devrait rapidement révéler ses intentions. Si le chef du gouvernement se lance, il pourrait faire face à une autre candidature venue de son camp, comme celles de Ségolène Royal ou de Najat Vallaud-Belkacem. L'ancienne ministre de la Justice, Christiane Taubira, n'a pas non plus fermé la porte, comme elle l'a glissé dans une interview à Sud Ouest (article abonné), d'autant qu'une pétition réclame une candidature de l'ex-Garde des sceaux.

Je sais l’impérieuse nécessité d’une dynamique qui rompe avec la routine et réponde à l’urgence, la complexité, les risques de la situation.

Christiane Taubira

Sud Ouest

La multiplication des candidatures risque de semer la confusion dans ces "primaires citoyennes" (le nom officiel du scrutin). Arnaud Montebourg a réagi à la décision de François Hollande en saluant une décision "qui permet à la gauche de préparer son avenir". Mais il est possible d'en douter au regard des divisions socialistes de ces derniers mois. Un député hollandiste confiait récemment à franceinfo qu'un renoncement du président risquait de transformer la primaire en congrès du Parti socialiste, autrement dit en pugilat.

Parce que cela renforce les candidats de la gauche non-socialiste

La division de la gauche est encore plus marquée si l'on sort des cercles socialistes. Jean-Luc Mélenchon pour La France insoumise, Yannick Jadot pour EELV, Sylvia Pinel pour le PRG, Nathalie Arthaud pour Lutte ouvrière et Philippe Poutou pour le NPA vont se partager, en compagnie du candidat socialiste, les 30 à 40% d'électeurs que pèse traditionnellement la gauche en France. 

A ce bataillon, il faut ajouter Emmanuel Macron, qui capte une partie du centre-gauche. Aurélie Filippetti, compagne et soutien d'Arnaud Montebourg, a bien compris le risque de ces divisions et a appelé l'ancien ministre de l'Economie à se présenter à la primaire.

Mais pour l'ensemble des candidats non-socialistes, le renoncement du président aurait plutôt tendance à renforcer leur stratégie et leur volonté d'indépendance. De Jean-Luc Mélenchon à Emmanuel Macron, les prétendants à l'Elysée ont tout intérêt à se démarquer du bilan de François Hollande et donc de la primaire de la gauche.

Parce que cela valide l'idée d'un échec de la gauche au pouvoir

Il s'agit d'une première dans l'histoire de la Ve République. Un président en exercice n'avait jamais renoncé à se présenter pour un second mandat. Cette décision sera nécessairement lue à travers le prisme du bilan mitigé de François Hollande. La droite n'a pas hésité d'ailleurs, dès jeudi soir, à insister sur l'échec que symbolise le renoncement du chef de l'Etat, à l'image de François Fillon dès jeudi soir. 

Difficile dans ces conditions pour le candidat désigné à la primaire de la gauche de s'absoudre complètement du bilan du gouvernement, même pour l'ancien ministre de l'Economie, Arnaud Montebourg. Finalement, François Hollande, qui a annoncé ne pas être en mesure de rassembler son camp pour 2017, a peut-être enterré les dernières chances de la gauche.

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