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Présidentielle : six fois où des médias ont sorti leur boule de cristal... et se sont trompés

En jouant les prévisionnistes, la presse n'a pas toujours été clairvoyante au cours de cette campagne mouvementée.

Article rédigé par Benoît Zagdoun
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 7min
François Fillon en déplacement à Nîmes (Gard), le 2 mars 2017. (PASCAL GUYOT / AFP)

Le renoncement de François Hollande, la défaite d'Alain Juppé, la mise en examen de François Fillon... La campagne présidentielle a été riche en rebondissements. Autant de péripéties que les médias n'ont pas toujours anticipé. Et dans leurs prédictions aussi, les sites d'information se sont parfois fourvoyés, en suivant les estimations des instituts de sondage. A trois jours du premier tour du 23 avril, franceinfo se livre à une revue de presse rétrospective (et à son autocritique).

Quand on prédisait une "probable défaite" de François Fillon à la primaire de la droite

Charité bien ordonnée commence par soi-même. A la fin du mois de novembre, franceinfo se posait cette question : "Que va devenir François Fillon après sa probable défaite" à la primaire de la droite ? "Retourner dans l'arène politique" comme simple député. "Se faire oublier... pour un temps" à la manière d'un Alain Juppé. "Prendre sa retraite politique", et donner des conférences internationales à l'instar de Nicolas Sarkozy. Nous imaginions les scénarios possibles.

Et nous écrivions : "Sauf énorme surprise, François Fillon ne devrait pas être le prochain président de la République. Avec des sondages oscillant entre 10 et 15% depuis plusieurs semaines, le député de Paris (...) ne semble pas en mesure de remporter la primaire à droite à la fin du mois de novembre." L'"énorme surprise" s'est produite. Alors que les sondages n'avaient cessé de donner une nette avance à Alain Juppé tout au long de la campagne, François Fillon est revenu dans la course. Sa percée au premier tour, puis sa victoire écrasante sur Alain Juppé au second, nous ont donné tort. Nostra culpa.

Quand Hollande devait être candidat

"Les chroniqueurs de l'Elysée sont formels", assurait L'Obs, fin novembre : "François Hollande va se présenter à l'élection présidentielle." Le Monde était tout aussi affirmatif, dès le début du mois de septembre : le chef de l'Etat "a prévu de se déclarer en décembre".

Dès lors, ne se posait plus qu'une question : quel jour précis le chef de l'Etat compte-t-il annoncer sa décision ? "La seule date possible pour l'actuel président de la République est celle du jeudi 1er décembre", tranchait L'Obs.

Avec son "pronostic", l'hebdomadaire avait vu juste au moins sur un point : la date de la prise de parole. Le 1er décembre, le chef de l'Etat annonçait solennellement depuis l'Elysée... qu'il renonçait à briguer un second mandat. 

Quand Valls ne pouvait pas être candidat

C'était la conséquence logique du raisonnement précédent : François Hollande se représentant à la magistrature suprême, son Premier ministre ne pouvait que s'effacer - et remettre à plus tard ses ambitions élyséennes. C'était la seconde erreur de L'Obs, fin novembre.

"Manuel Valls - n’en déplaise aux échotiers en mal de sensations - n’est pas prêt de devenir le candidat des socialistes à l’élection présidentielle de 2017", assurait le magazine. Et de faire cette prédiction : "Stoïque, Valls restera à Matignon jusqu’au 7 mai prochain." Las, quatre jours après que François Hollande avait officialisé son renoncement surprise, son Premier ministre annonçait sa démission et déclarait sa candidature à la présidentielle.

Quand Montebourg devait remporter la primaire de la gauche

Début décembre, Le Point s'interrogeait : "Et si c'était Arnaud Montebourg ?" qui allait remporter la primaire de la gauche ? "L'ex-ministre de l'Economie se voit déjà comme le conciliateur des gauches, celui par qui le rassemblement est possible. Sa tactique pourrait payer", jugeait le magazine, au vu des études d'opinions.

Dommage. Fin janvier, le rêve présidentiel du socialiste s'est brisé. Il a fini troisième homme de la primaire de la gauche, totalisant 17,5% des voix au premier tour, loin derrière les 31,5% de Manuel Valls et les 36% de Benoît Hamon.

Mais comme le fait remarquer Ozap, Le Point a tendance à imaginer à peu près tout le monde dans la peau du président. Après une photo de François Hollande en une en octobre avec ce sous-titre : "Et si à la fin c'était encore lui ?", le magazine a titré sur Emmanuel Macron en décembre avec un "Et pourquoi pas lui ?", enchaînant quelques numéros plus tard avec une "enquête sur le président Juppé". Pas de jaloux donc.

Quand Sarkozy redevenait le champion de la droite

"Et si c’était (encore) lui ?", se demandait L'Opinion à propos de Nicolas Sarkozy, fin juin. A ce moment-là, l'ancien chef de l'Etat n'a pas encore déclaré sa candidature à la primaire de la droite. Mais il apparaît "dans une position plus forte qu’attendue", estime le site. "Cet hiver encore, personne à droite n’aurait misé un kopeck sur l'ancien chef de l'Etat. Aujourd'hui, les certitudes sont ébranlées", argumente la revue.

Il faut dire que "dans les sondages, l'ancien président progresse, tandis que son principal adversaire, Alain Juppé, connaît une forte baisse". La suite est un naufrage. Largement distancé par François Fillon et Alain Juppé au cours de la campagne, il n'a pas réussi à inverser la tendance et a fini par être éliminé dès le premier tour.

Quand Macron était "condamné à échouer"

A la mi-novembre, Libération ne voyait pas Emmanuel Macron aller si loin dans la course à l'Elysée. "Si l’engouement pour l’ex-ministre de l’Economie est manifeste, le débouché électoral de son aventure solitaire reste très incertain. Pour ne pas dire condamné à l’échec", écrivait le quotidien, définitif.

"L’actuel paysage politique laisse en effet peu d’espoir à Emmanuel Macron de se retrouver au second tour de 2017", ajoutait encore le journal. Car, justifiait-il, "les candidats des partis bien implantés de droite et de gauche ne laisseront aucun espace politique et idéologique au leader d’En marche." 

A trois jours du premier tour, force est de constater qu'Emmanuel Macron est au contraire parvenu à exister dans cette campagne et même à éclipser les candidats issus des primaires de droite et de gauche, restant le favori des sondages, au côté de Marine Le Pen.

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