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Que pensent les syndicats d'Emmanuel Macron ?

Les patrons des grandes centrales syndicales ont tous mis en garde le président élu, notamment contre son projet de réforme par ordonnances du droit du travail.

Article rédigé par franceinfo
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Emmanuel Macron, le 7 mai 2017 au siège de son mouvement En marche ! à Paris, au soir de sa victoire au second tour de l'élection présidentielle. (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

Attention au "troisième tour social". Dès l'annonce de sa victoire, dimanche 7 mai, à l'issue du second tour de l'élection présidentielle, les centrales syndicales ont toutes mis en garde Emmanuel Macron contre le risque d'une forte contestation dans la rue, dès le début de son quinquennat. En particulier si le président élu décide de réformer par ordonnances le droit du travail, comme il s'y est engagé pendant la campagne.

Une première manifestation en forme d'avertissement a d'ailleurs eu lieu, lundi 8 mai à Paris, sans les centrales nationales cependant. Voici ce que conseillent les patrons des principaux syndicats au futur locataire de l'Elysée pour les cinq prochaines années.

Jean-Claude Mailly (FO) : "Il faut qu'il évite
les clivages
"

"Il y a beaucoup d'imprécisions dans les mesures annoncées", a jugé sur franceinfo le secrétaire général de Force ouvrière (FO), Jean-Claude Mailly, lundi. Le patron de FO a évidemment dans son viseur la réforme du Code du travail, promise par le président élu.

Je ne vois pas quelle est l'organisation syndicale, quelle qu'elle soit aujourd'hui, sans parler du fond, qui peut accepter que ça passe à la schlague avec des ordonnances.

Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO

à franceinfo

"S'il persiste dans l'idée de faire des ordonnances au mois de juillet, ça veut dire qu'il va balayer le dialogue social et la concertation : il y aura problème d'une manière ou d'une autre, donc on attend de voir", avertit Jean-Claude Mailly. Et de donner ce conseil au futur président : "S'il veut rassembler, il faut qu'il évite les clivages, il faut qu'il soit capable de modifier les choses, de réviser certaines annonces."

Jean-Claude Mailly aura l'occasion de le dire en face à Emmanuel Macron. Le responsable syndical a annoncé qu'il serait reçu la "semaine prochaine" à l'Elysée, après l'investiture du nouveau chef de l'Etat. "Si c'est pour nous recevoir et ne rien changer, ce n'est pas la peine : ça s'appelle de le communication", tranche-t-il.

Laurent Berger (CFDT) : il faut "faire confiance aux organisations" syndicales

Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a écrit une lettre ouverte à Emmanuel Macron, publiée mardi dans Le Monde. Il l'y met en garde contre la tentation de présider seul et de réformer sans concertation.

Le mythe de l’homme providentiel, qui décide tout d’en haut, est un mythe dangereux pour notre démocratie.

Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT

au "Monde"

Le leader de la CFDT rappelle à l'ancien ministre de l'Economie de François Hollande les "conditions particulières" de son élection : celles d'un vote utile pour faire barrage à Marine Le Pen. Ces conditions "vous obligent certes à tenir compte de ceux qui vous ont soutenu mais aussi de ceux qui ont voté pour vous, non par adhésion à votre programme, mais par rejet du Front national", écrit-il. "Dans les cinq ans à venir, vous serez à la tête d’un pays qui devra faire face à d’immenses défis. Et, vous le savez bien, vous ne pourrez pas les affronter seul", poursuit-il.

Laurent Berger lance cette injonction : "Partagez le pouvoir ! Donnez de l’air à notre société ! Laissez de l’espace aux organisations dont la mission est de faire entendre la voix de ceux qui n’en ont pas. Faites confiance aux organisations qui permettent aux individus de s’organiser ensemble pour peser sur leur avenir !"

Philippe Martinez (CGT) : il faut faire preuve "d'un peu d'humilité"

Invité par un journaliste à choisir une mesure du programme d'Emmanuel Macron qui lui "plaît", le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, a simplement mais clairement répondu : "Je sèche". Dès vendredi 5 mai, au dernier jour de la campagne, le chef de la CGT a appelé Emmanuel Macron à faire preuve "d'un peu d'humilité", en lui rappelant qu'il avait bénéficié d'un important "vote par défaut au premier tour", dans l'émission "Ecorama" du site Boursorama.

"Il faut savoir écouter la base, il ne faut pas gonfler les épaules en disant 'ça y est, vous avez voté pour moi, je ne m'occupe plus de vous'", a tancé le syndicaliste. Et de souligner qu'Emmanuel Macron "a fait 24% des votants au premier tour". "S'il est déjà dans l'idée que tous ceux qui vont voter pour lui adhèrent à son programme, c'est une grave erreur politique", a-t-il ajouté.

Quand on n'écoute pas ceux qui sont en colère, ceux qui souffrent parce qu'ils ne gagnent pas assez, ceux qui subissent des lois comme la loi Travail, faut pas s'étonner qu'il y ait des gens déçus.

Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT

à Boursorama

Et comme Jean-Claude Mailly, Philippe Martinez déclare, à propos de la décision d'Emmanuel Macron de rencontrer les syndicats une fois élu, qu'il ne faut pas que ce soit "un alibi pour dire : 'ça y est, je les ai vus, je me suis débarrassé des boulets, maintenant je fais ce que je veux'."

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