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Reportage Présidentielle 2022 : lors du meeting de Marine Le Pen à Perpignan, les sympathisants du RN galvanisés par les bons sondages

Pour son dernier meeting avant le premier tour, Marine Le Pen a choisi la préfecture des Pyrénées-Orientales, l'un des principaux fiefs du Rassemblement national. Franceinfo a rencontré sur place des sympathisants persuadés que, cette fois-ci, leur candidate remportera la victoire finale.

Article rédigé par Antoine Comte
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Marine Le Pen, candidate RN à l'élection présidentielle, le 7 avril 2022 à Perpignan (Pyrénées-Orientales). (RAYMOND ROIG / AFP)

"Marine Le Pen sera la prochaine présidente. Vous voyez vraiment les électeurs de gauche aller sauver Emmanuel Macron au second tour alors qu'il veut reculer l'âge de retraite à 65 ans ?" A l'aéroport d'Orly (Val-de-Marne), ce jeudi 7 avril, Jordan Bardella, tout sourire, pense déjà au second tour de l'élection présidentielle. Comme la plupart des cadres du Rassemblement national, le jeune président du parti s'apprête à embarquer pour Perpignan (Pyrénées-Orientales), où sa candidate tient son ultime meeting avant le premier tour.

Dans l'avion, la sérénité est visible sur tous les visages de la délégation qui accompagne la candidate. Même les turbulences provoquées par les rafales de vent au décollage ne changent rien à l'enthousiasme des bras droits de Marine Le Pen, Sébastien Chenu et Steeve Briois. A trois jours du premier tour, les deux ténors du Rassemblement national consultent les derniers sondages sur leurs smartphones. "On récolte aujourd'hui ce que l'on a semé. Marine a voulu dès le début de sa campagne mettre le paquet sur le pouvoir d'achat et elle l'a fait en se déplaçant partout en France. Elle s'est rendue directement chez les Français et aujourd'hui, cela paye", confie le député RN du Nord.

"La seule qui comprend les pauvres"

Les proches de la candidate ont de quoi avoir la mine satisfaite. Pour la première fois depuis le début de la campagne, le dernier baromètre Ipsos-Sopra Steria pour France Télévisions place Marine Le Pen à seulement trois points d'Emmanuel Macron au premier tour. En un mois, la candidate du RN a pris six points et, au second tour, face à Emmanuel Macron, elle serait créditée désormais de 46% d'intentions de vote, selon cette même étude. Une dynamique sondagière qui n'a pas échappé à ses milliers de sympathisants rassemblés ce jeudi soir au Parc des expositions de Perpignan.

Dans cette ville conquise en 2020 par son ancien compagnon Louis Aliot, les habitants sont nombreux à être déjà acquis à sa cause. "Même si elle était à 2% dans les sondages, je voterais quand même pour elle. C'est la seule qui comprend les pauvres gens comme nous, ceux qui n'ont plus grand-chose à la fin du mois", témoigne Monique, une ancienne conseillère de vente perpignanaise qui touche 800 euros de retraite par mois. Et les quelques points qui séparent leur championne d'Emmanuel Macron les ont encore un peu plus galvanisés. 

"Zemmour est trop bas dans les sondages"

Dans la file d'attente, garnie de drapeaux "Marine présidente", il y a aussi tous ceux qui hésitaient encore récemment avec le bulletin Eric Zemmour. C'est le cas de Roger et Sophie, un couple d'agriculteurs de la région, qui ont finalement choisi de voter pour la députée du Pas-de-Calais. "On a longtemps hésité entre les deux candidats, mais quand on voit les sondages, on préfère voter pour Marine", lancent-ils presque en chœur.

"Marine Le Pen est la seule candidate à défendre le pouvoir d'achat et c'est surtout la seule qui peut battre aujourd'hui Emmanuel Macron."

Roger et Sophie, agriculteurs à Perpignan

à franceinfo

"En finir avec la politique" du président sortant, c'est aussi le souhait d'Hervé, plombier, qui décrit le bilan du candidat Macron avec beaucoup d'amertume. "Je me déplace partout dans la région pour intervenir chez mes clients, mais quand je vois aujourd'hui le prix de l'essence, je me demande si je vais pouvoir continuer à me déplacer. Il ne fait rien pour baisser le prix alors que Marine Le Pen a annoncé qu'elle allait baisser la TVA sur le carburant à 5,5% au lieu de 20% aujourd'hui", assène ce père de famille de 46 ans, qui espère "une grande mobilisation citoyenne" dimanche.

Après avoir consacré une partie de son discours au pouvoir d'achat et à "son projet social" qu'elle dit "assumer", fustigeant "la politique injuste" du président-candidat, Marine Le Pen a vivement appelé ses partisans à se rendre aux urnes dimanche.

"L'histoire ne peut s'écrire sans vous surtout si vous avez la France au cœur. Je vous conjure d'aller voter. A la présidentielle, on ne s'abstient pas. Reprenez le contrôle, car si le peuple vote, le peuple gagne."

Marine Le Pen, candidate RN à la présidentielle

en meeting à Perpignan

Mais si les bons sondages permettent aujourd'hui à Marine Le Pen d'entrevoir une qualification pour le second tour, peut-elle espérer remporter la mise le 24 avril et devenir présidente de la République ?

Des réserves de voix chez Mélenchon ?

Pour de nombreux cadres du RN, Marine Le Pen pourrait compter au second tour sur les voix d'électeurs venus des rangs des abstentionnistes, d'Eric Zemmour et peut-être de Valérie Pécresse, mais aussi en provenance de la gauche.

"Je ne vois pas du tout les électeurs de gauche, et notamment ceux de Jean-Luc Mélenchon, se lever pour sauver Macron. Il est tellement haï par cet électorat-là."

Sébastien Chenu, porte-parole de Marine Le Pen

à franceinfo

Un scénario largement nuancé par Mathieu Gallard, directeur d'études à Ipsos. Pour le sondeur, 20% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon pourraient décider cette fois-ci de ne pas faire barrage à l'extrême droite, contre 7% en 2017. Mais la majorité des électeurs du candidat de La France insoumise, actuellement en troisième position selon les sondages, pourraient s'abstenir ou se reporter sur un vote en faveur du chef de l'Etat. "Même si le front républicain est encore plus affaibli qu'il y a cinq ans, il est certain qu'il se mettra quand même en place", analyse-t-il.

A trois jours du premier tour et à plus de deux semaines du verdict final, le destin présidentiel tient encore à beaucoup de paramètres. "C'est sûr que si on veut que les planètes s'alignent, il ne faudra commettre aucune erreur", se projette un proche de la candidate. "Mais comme Emmanuel Macron ne fait pas campagne, on a le champ libre pour continuer à dérouler nos propositions et convaincre bien au-delà de notre base".

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