Cet article date de plus de deux ans.

Résultats présidentielle 2022 : comment expliquer la remontée de Jean-Luc Mélenchon au soir du premier tour ?

Tout au long de la soirée de dimanche, l'estimation du score du candidat de La France insoumise n'a cessé de grimper. Si ses partisans ont longtemps cru à une qualification in extremis, ils ont dû se résigner à une frustrante troisième place.

Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Jean-Luc Mélenchon s'adresse à ses partisans depuis le Cirque d'hiver, à Paris, le 10 avril 2022.  (EMMANUEL DUNAND / AFP)

Contrairement à ce qu'il croyait, cette fois-ci ne sera pas la bonne : Jean-Luc Mélenchon a échoué à se qualifier pour le deuxième tour de l'élection présidentielle, dimanche 10 avril, pour sa troisième tentative après 2012 et 2017. Pour le leader de La France insoumise, parti très tôt en campagne, la déception est à la hauteur de l'espoir suscité pour cette élection présidentielle.

>> Résultats, réactions, analyses… Suivez dans notre direct l'actualité de l'élection présidentielle

Une partie de la soirée, certains de ses partisans ont cru à une qualification miracle au second tour, aux dépens de la candidate d'extrême droite Marine Le Pen, avec une remontée miracle dans les estimations réalisées par Ipsos-Sopra Steria pour France Télévisions, Radio France, France24/RFI/MCD, Public Sénat/LCP Assemblée nationale et Le Parisien-Aujourd'hui en France.

>> Découvrez les résultats du premier tour de la présidentielle dans votre commune

Le mirage de la "Mélenchada"

A 20 heures, la perspective d'un second tour entre Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon est pourtant très loin : la première estimation donne le chef de file des "insoumis" à 20,1%, contre 23,3% pour Marine Le Pen. Le député des Bouches-du-Rhône accuse plus de trois points de retard sur sa concurrente du RN.

Le premier petit sursaut survient une heure plus tard, avec la troisième estimation d'Ipsos-Sopra Steria. Jean-Luc Mélenchon est donné à 21,1%, Marine Le Pen à 23,4%. L'écart s'est réduit. Il se resserre un peu à 1,5 point, peu avant 22 heures (21,7% contre 23,2%).

Mais c'est avec l'estimation réalisée à 22h34 que La France insoumise se met à croire à l'impossible : il n'y a plus que 0,8 point entre les deux candidats, avec 22,2% contre 23%. Militants et cadres, réunis au Cirque d'hiver, à Paris, retrouvent de l'espoir. Manuel Bompard, qui n'y croyait d'abord pas, vient expliquer à quelques journalistes qu'il ne peut désormais pas certifier à 100% que les choses sont jouées. Sur Twitter, ceux qui croient à une bonne surprise parlent de "Mélenchada", contraction de Mélenchon et "remontada", "remontée" en espagnol.

La même remontée s'opère dans les résultats progressivement publiés par le ministère de l'Intérieur. Sur 86% des bulletins dépouillés, peu avant minuit, Jean-Luc Mélenchon récolte 20,15% des suffrages exprimés, loin derrière les 25,31% de Marine Le Pen. Mais, lundi, selon les résultats définitifs, le leader de La France insoumise a progressé pour atteindre 21,95% des voix. Dans le même temps, Marine Le Pen a vu son score se tasser à 23,15%.

Des bons scores arrivés plus tard

Comment expliquer ce phénomène de rattrapage pour Jean-Luc Mélenchon ? La réponse réside dans le vote des grandes villes dont les bureaux ferment à 20 heures et dont le dépouillement a donc lieu plus tard que dans le reste du pays, où les bureaux ferment à 19 heures. Dans ces derniers, "Jean-Luc Mélenchon est stable par rapport à 2017, explique à franceinfo Mathieu Gallard, directeur d'études à l'institut Ipsos. Notre modèle projetait une forme de stabilité dans les zones où les bureaux de vote fermaient à 20 heures. Généralement, il y a peu de différences entre eux."

Or, il y a une nette hausse du vote pour Jean-Luc Mélenchon dans toutes les communes où il y a plus de 100 000 inscrits et où les bureaux de vote ferment à 20 heures. L'écart avec la candidate RN y est souvent très élevé : 30,09% pour le candidat LFI à Paris (contre 5,54% pour Marine Le Pen), 31,12% à Marseille (20,89%), 35,48% à Strasbourg (11,06%), 40,73% à Montpellier (12,43%) ou encore 29,06% à Bordeaux (8,52%).

"On a commencé à voir cette forte progression après la fermeture des derniers bureaux, vers 20h30, 20h40."

Mathieu Gallard, directeur d'études à l'institut Ipsos

à franceinfo

"C'est la première fois qu'on voit un candidat stable dans les zones rurales et plus fort dans les grandes villes", poursuit le spécialiste, selon qui "il n'y a pas de moyens évidents pour corriger" cette distorsion "à ce stade".

Ces bons scores dans les métropoles, enregistrés et diffusés plus tard, ont donc permis à Jean-Luc Mélenchon de progresser dans un second temps. Mais ils n'ont pas suffi à lui faire rattraper son retard initial sur Marine Le Pen, qui enregistre de meilleurs scores dans les zones rurales que dans les grandes villes. Cela a contribué in fine à dessiner l'écart de 421 000 voix entre les deux candidats.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.