Régionales : Manuel Valls, VRP de luxe en Paca
Le Premier ministre est venu soutenir Christophe Castaner, député-maire de Forcalquier, qui aura fort à faire pour permettre au PS de conserver la région en décembre.
En vacances, oui, mais "mobilisé". Dans la torpeur de l'été, Manuel Valls fait un break dans la pause estivale, et s'aventure sur le terrain des élections régionales. En villégiature dans les Alpilles, le Premier ministre a offert, mercredi 5 août, une visite à son ami Christophe Castaner, député-maire de Forcalquier (Alpes-de-Haute-Provence), qui aura la lourde tâche de défendre les couleurs du PS en décembre lors des élections pour la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Une visite purement politique, qui n'apparaît donc pas à l'agenda officiel du Premier ministre.
Face à des adversaires comme Marion Maréchal-Le Pen (FN) et Christian Estrosi (Les Républicains), Christophe Castaner, 49 ans, a encore un nom à se faire auprès du grand public. Alors, le prétendant socialiste n'hésite pas à se placer dans la roue de son visiteur : "Lorsque nous nous sommes connus, nous étions jeunes et rocardiens. Nous sommes toujours jeunes et rocardiens !", lance-t-il.
Look décontracté pour une visite très politique
Un peu plus tôt, les deux hommes avaient arpenté au pas de course les ruelles escarpées de la vieille ville de Forcalquier, histoire de vanter la richesse du patrimoine local. Un arrêt dans une boutique de lavande, un bonjour dans un magasin de vêtement, une visite express dans une galerie d'art… et une montée quasi-processionnaire à la citadelle, au son du carillon de la chapelle Notre-Dame de Provence.
En chemin, Manuel Valls, qui a choisi un look décontracté - chemise blanche en lin par-dessus le pantalon et mocassins en nubuck -, s'arrête quelques minutes pour échanger avec de jeunes bénévoles qui travaillent sur un chantier de restauration du mur d'enceinte médiéval.
Mais dans ce déplacement à l'honneur du terroir et de la jeunesse, c'est bien de politique pure et dure dont il est question en filigrane. Manuel Valls ne manque pas une occasion d'étriller les adversaires de son protégé. Quand la droite ou l'extrême droite arrive au pouvoir, "ce sont toujours la culture, la jeunesse et les associations qui sont pénalisées", relève-t-il. Dans cette région, "il y a beaucoup de bateleurs, d'irresponsables et de démagogie, poursuit Valls, alors que les gens attendent du sérieux".
Divisions au sein du PS local
Sur le papier, pourtant, le sérieux de Christophe Castaner, un homme de dossier passé par plusieurs ministères avant de devenir maire de Forcalquier, en 2001, risque de ne pas suffire pour éviter à la gauche de perdre la région, que Michel Vauzelle détient depuis 1998. Début juillet, un sondage Ifop le créditait de 17% au premier tour, loin derrière le Front national (32%) et Les Républicains (29%).
"Rien n'est joué ! Dans ce même sondage, au second tour, où se joue la victoire, je ne suis qu'à un point de Marion Maréchal-Le Pen", rétorque Christophe Castaner. S'il veut faire mentir les pronostics, le candidat du PS devra d'abord réunir la gauche. "Elle doit être rassemblée impérativement dès le premier tour", martèle Manuel Valls. C'est loin d'être acquis, Front de gauche et écologistes ayant chacun l'intention de déposer une liste. Pire : l'unité n'est même pas garantie au sein même du PS local, notamment sur le cas de Jean-David Ciot.
Ce dernier a été désigné tête de liste dans les Bouches-du-Rhône par Solférino pour les régionales, où chaque département désigne ses propres conseillers régionaux en fonction de l'importance de sa population. Or, Jean-David Ciot, ancien bras droit du sulfureux Jean-Noël Guérini, doit affronter un procès en appel au côté de ce dernier pour détournement de fonds publics (ils ont été relaxés en première instance) fin novembre, dans la dernière ligne droite de la campagne des régionales. "Sa situation l'empêche", tranche Christophe Castaner, invoquant un "besoin d'exemplarité". Exemplarité : une notion judicieusement reprise par Manuel Valls, comme pour pousser Jean-David Ciot vers la sortie. En coulisses, les tractations vont bon train pour tenter de trouver une issue à ce problème d'autant plus important qu'il concerne le département le plus peuplé et le plus disputé de la région. Là, en somme, où se jouera l'élection.
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