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Vidéo Résultats présidentielle 2022 : "Clairement" rien n’est joué au second tour, affirme le directeur d’études à l’institut de sondages Ipsos

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Article rédigé par franceinfo
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Marine Le Pen va notamment devoir convaincre les abstentionnistes pour "passer la barre des 50%" au second tour, estime Mathieu Gallard.

Marine Le Pen "a des réserves de voix importantes", mais "il va falloir qu'elle mobilise une partie des abstentionnistes du premier tour" si "elle veut espérer passer la barre des 50% au second tour", analyse lundi 11 avril sur franceinfo Mathieu Gallard, directeur d’études à l’institut de sondages Ipsos. Un premier sondage effectué après le premier tour donne Emmanuel Macron vainqueur avec 54% des voix contre Marine Le Pen 46% : "Clairement, quand on est dans ces niveaux d'écart, cela veut dire que la campagne du second tour va être décisive", a-t-il assuré.

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franceinfo : Vous n’avez pas vu venir le score de Jean-Luc Mélenchon. Pourquoi ?

Mathieu Gallard : C'est vrai qu'il y a eu une dynamique de vote utile en faveur de Jean-Luc Mélenchon, mais globalement en faveur des trois candidats qui arrivent en tête. Ils font tous mieux, un tout petit peu mieux pour Emmanuel Macron et Marine Le Pen que ce que l'on avait prévu dans notre dernier sondage et significativement mieux pour Jean-Luc Mélenchon.

"Une partie des électeurs de Yannick Jadot, d'Anne Hidalgo ou de Fabien Roussel au dernier moment, se sont finalement décidé à voter utile."

Mathieu Gallard, directeur d’études à l’institut de sondages Ipsos

à franceinfo

Pour favoriser le candidat de gauche le mieux placé, mais aussi, apparemment, parce qu'il [Jean-Luc Mélenchon] a mobilisé une petite partie des abstentionnistes qui, finalement, au dernier moment, ont décidé d'aller voter. On le voit dans les chiffres de la participation, qui est aussi un peu meilleure que ce à quoi on s’attendait.

54% des voix pour Emmanuel Macron contre 46% à Marine Le Pen dans votre dernier sondage. Rien n’est joué ?

Clairement, quand on est dans ces niveaux d'écart, ça veut dire que la campagne du second tour va être décisive. On a vu que beaucoup de candidats ont finalement très rapidement appelé à voter pour Emmanuel Macron ou dit, eux, en tout cas, le ferait à titre personnel. Ensuite, il va y avoir les événements de la campagne. Évidemment, le débat dont on sait qu’en 2017, il avait été extrêmement important. Donc oui, ça va être décisif et beaucoup plus qu'en 2017 où au vu du rapport de force du premier tour, la victoire d’Emmanuel Macron ne faisait pas de doute. Ce n’est pas autant le cas cette année.

Basculer en tête au premier tour vous donne un souffle pour le second ?

C’est surtout sincèrement les réserves de voix potentielles qui sont utiles. Et il y en a pour Emmanuel Macron. Le paradoxe, c'est qu'elle se situe plutôt à gauche. Certes, chez les petits candidats plutôt de centre gauche, Yannick Jadot, Anne Hidalgo, mais avant tout chez Jean-Luc Mélenchon. Et c'est là la difficulté.

"Dans ce sondage qu'on a réalisé après l'annonce du premier tour, on voit que 34% seulement des électeurs de Jean-Luc Mélenchon voteraient pour Emmanuel Macron et 30% pour Marine Le Pen."

Mathieu Gallard

à franceinfo

En 2017, il n'y avait eu que 7% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon qui, au final, avaient voté pour Marine Le Pen.

Cela veut dire que Marine Le Pen a des réserves de voix plus importantes ?

Cela veut dire qu'elle a des réserves de voix importantes. Pour la première fois, elle a un candidat dont l'électorat va se reporter en masse sur elle. C'est évidemment Éric Zemmour. 85% des électeurs d’Éric Zemmour nous disent qu'ils vont voter Marine Le Pen. Il y en a qui s'abstiennent et il y en a quelques-uns qui voteraient pour Emmanuel Macron, mais très peu. Ensuite, elle dispose aussi de quelques réserves chez Valérie Pécresse. Un peu plus d'un quart des électeurs de Valérie Pécresse voterait pour elle. Et puis, là encore, ce sont des électeurs de Jean-Luc Mélenchon. Environ 30%. Et puis, si elle veut espérer passer la barre des 50% au second tour, il va falloir qu'elle mobilise une partie des abstentionnistes du premier tour. Mais on sait que mobiliser des abstentionnistes est encore plus difficile que de convaincre des électeurs d'autres candidats.

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