En Espagne, la droite victorieuse prône l'austérité
Le Parti Populaire de Mariano Rajoy obtient la majorité absolue au Parlement. Le futur chef du gouvernement a annoncé vouloir "déclarer la guerre à la crise".
Le Parti Populaire (PP) de Mariano Rajoy obtient 186 sièges sur les 350 que compte le Parlement espagnol, après le dépouillement de plus de 90 % des bulletins. Le parti socialiste PSOE sauverait 111 sièges, contre 169 lors de la mandature écoulée. Comme prévu, les élections législatives du 20 novembre confirment le basculement à droite de l'Espagne.
Le PP en charge de l'austérité
Mariano Rajoy a promis de mettre en œuvre des mesures d'austérité draconiennes pour tenter d'apaiser les investisseurs. Sa majorité absolue à la chambre basse du Parlement devrait lui laisser les coudées franches pour appliquer sa politique. "Je vous demande à tous de continuer de m'aider. Des temps difficiles nous attendent, a-t-il déclaré devant ses partisans réunis au siège du parti conservateur. La voix de l'Espagne doit être de nouveau respectée à Bruxelles et à Francfort (...). Nous cesserons d'être une partie du problème et nous allons devenir une partie de la solution."
Il a annoncé qu'il allait engager immédiatement des consultations avec toutes les régions pour examiner les moyens de surmonter la crise.
Les socialistes victimes de la crise
Le PSOE, au pouvoir depuis 2004, devient ainsi la nouvelle victime d'une crise qui a déjà balayé les gouvernements grec et italien. Depuis mai 2010, les Espagnols sont soumis à une politique d'austérité : baisse de 5 % du salaire des fonctionnaires, gel des retraites ou recul de l'âge de la retraite de 65 à 67 ans.
Le parti écolo-communiste Izquierda Unida (Gauche unie) fait une percée en obtenant 11 sièges, toujours d'après les projections. Il est difficile de dire si cette performance est liée au mouvement des "indignés", très fort en Espagne, qui s'est toujours détaché de la politique. La gauche indépendantiste basque fait également son entrée au Parlement avec sept députés.
Les électeurs de gauche peu motivés
L'élection semblait tellement jouée d'avance - les sondages prédisaient 15 points d'avance pour les conservateurs - que les électeurs ne se sont guère mobilisés. En nombre de voix, le Parti Populaire n'a pas progressé, mais c'est le PSOE qui s'est effondré en perdant 4,5 millions d'électeurs.
Pour la première fois de sa vie, mais sans conviction, Octavio Arginano, un ouvrier madrilène à la retraite de 67 ans interrogé par l'AFP, a ainsi choisi la droite. "Mon fils est au chômage depuis plus d'un an. Ma fille ne gagne que 600 euros par mois en gardant des enfants, a-t-il confié. Il faut qu'il y ait un changement, mais je ne suis pas sûr que quelqu'un sache quoi faire pour nous sortir de cette situation."
"Le point fort de Rajoy, c'est la crise"
Le nouveau président du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, se décrit lui-même comme un homme "austère". Le seul trait amusant de son CV est sa passion pour le Real Madrid et les cigares hors de prix. Après deux défaites lors des élections législatives, en 2004 et en 2008, la troisième tentative a été la bonne. "Son principal point fort, c'est la crise et le chômage. Ce qui était une grande faiblesse, l'image d'un homme ennuyeux, prévisible, a fini par se muer en une grande force", commente Anton Losada, professeur en sciences politiques à l'université de Saint-Jacques-de-Compostelle (Espagne).
Mariano Rajoy, 56 ans, devrait être investi chef du gouvernement le 20 décembre.
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