Euro 2021 : la surprise danoise, le retour du public, l'échec des Bleus... Ce qu'on a aimé et moins aimé du tournoi
L’Euro 2021 s’est achevé dimanche avec la victoire de l'Italie en finale face à l'Angleterre. Après un mois de compétition, voilà ce que l’on a retenu du tournoi.
Plus que n'importe quelle autre édition du tournoi, l'Euro 2020 - devenu entre-temps Euro 2021 - s'est fait attendre. Un intervalle de temps inhabituel de cinq ans, entre l'édition 2016 et celle-ci, en raison de l'épidémie de Covid-19. Cette dernière n'a pas disparu des radars et a forcément impacté le déroulement de la compétition, au grand dam de certains supporters. Le public a tout de même fait son retour dans les stades, dans des proportions critiquées parfois, et sur le terrain, les joueurs de cet Euro nous ont réservé de belles surprises.
Ce qu'on a aimé
L'épopée danoise
Oui, l'Italie a remporté le tournoi, et l'Angleterre a vécu une immense déception face à son public dimanche soir à Wembley. Mais l'édition 2021 de l'Euro aura surtout gravé à jamais dans la mémoire collective le parcours des joueurs du Danemark, dont la résilience les a menés jusqu'en demi-finale. Plus encore que la Russie et la Turquie en 2008 ou le pays de Galles en 2016, cette place dans le dernier carré pour les Rouge et Blanc sera inoubliable pour ce qu'elle dit de tout un groupe.
Le 12 juin, il y a tout juste un mois lors de leur entrée en lice face à la Finlande (0-1), les joueurs de la sélection pensaient perdre un de leurs amis sur le terrain. Le cœur de Christian Eriksen venait de cesser de battre, et c'est tout le Danemark qui tremblait. Après les nouvelles rassurantes du milieu de l'Inter, les Danois enchaînaient une deuxième défaite face à la Belgique (1-2) qui semblait les condamner. C'était avant l'allégresse du match contre la Russie (4-1), avant les huitièmes et les quarts, avant cette défaite cruelle face à l'Angleterre en demi-finale (1-2 a.p.) qui n'enlève rien à la force d'une sélection qui se dit déjà tournée vers le Mondial 2022.
Le retour du public dans les stades
L'Euro 2021 restera également, d'une certaine manière, comme le retour au monde d'avant dans les tribunes. De Glasgow à Copenhague en passant par Bakou, les onze villes-hôtes de la compétition ont fait preuve de plus ou moins de volontarisme en autorisant la présence des supporters dans les travées des stades. Résultat, certaines ambiances ont fait chaud au cœur, à Londres lors des matches des Three Lions, à Budapest dans la fournaise de la Puskas Arena ou encore à Rome pour le match d'ouverture de l'Italie.
Certaines images de supporters nous ont touché et l'ambiance dans certaines villes nous a rappelé que, finalement, le football avec des fans, ça a quand même plus de charme. Malheureusement, il semblait évident qu'avec la présence du Covid-19 et malgré les précautions prises par l'UEFA, certains supporters n'échapperaient pas à la pandémie. C'était le prix à payer pour que l'Euro 2021 soit tout de même perçu comme une fête.
Un tournoi spectaculaire
Le spectacle n'était pas que dans les tribunes lors de cet Euro. Des renversements de situation, des prolongations, des séances de tirs au but irrespirables et quelques jolis buts... Ce tournoi nous a réservé de belles séquences et surtout de belles surprises avec des favoris qui ont flanché. Alors oui, le niveau de jeu n'a pas été au rendez-vous tout au long de la compétition, mais tel est le sort réservé à un Euro qui se joue à 24 équipes au terme d'une saison harassante pour les joueurs.
D'un point de vue purement factuel, l'Euro 2021 a été agréable à suivre : avec 142 buts, soit 2,79 buts en moyenne par match, cette édition se situe devant l'Euro 2000 (2,74 buts/match), décrit par les observateurs comme l'un des plus beaux de l'histoire. Difficile de situer l'Euro 2021 à ce niveau-là, mais après avoir patienté une année de plus pour y assister, on ne peut que saluer les scénarios qui l'ont émaillé.
Des révélations en pagaille
Comme lors de chaque grand tournoi international, certains joueurs se révèlent, plus ou moins sur le tard, au grand public. L'Euro 2021 n'a pas échappé à la règle avec plusieurs joueurs dont les performances ont épaté. À commencer par Pedri, qui figure dans notre équipe-type du tournoi. Le gamin de 18 ans a impressionné avec l'Espagne et sera l'un des futurs grands de la Roja. Côté Danemark, le jeune Mikkel Damsgaard (21 ans) est également très prometteur.
Comment ne pas évoquer les pistons, véritable attraction de cet Euro : de Joakim Maehle à Leonardo Spinazzola (blessé en cours de compétition), en passant par Denzel Dumfries et Robin Gosens, ces latéraux à tendance offensive ont pris la lumière. Patrik Schick, meilleur buteur du tournoi à égalité avec Cristiano Ronaldo, a rappelé qu'il reste un bon espoir tchèque. Mais comme toujours, de bonnes performances lors d'un grand tournoi ne sont pas gage de réussite par la suite. Reste à savoir lesquels de ces joueurs vont confirmer en club.
Ce qu'on n'a pas aimé
L'échec de l'équipe de France
Une déception. On ne va pas vous refaire toute l'histoire, mais en y repensant, il y avait de la place pour réaliser ce doublé. Et dire que sans ce but magnifique de Paul Pogba face à la Suisse (3-3, 4-5 t.a.b), les Français auraient sans doute échappé à un relâchement coupable, qui les a donc menés à cette séance de tirs au but dramatique. Mettons cet Euro 2021 derrière nous : Didier Deschamps a été confirmé par la FFF, et veut déjà mettre le cap sur le Mondial 2022.
Un format douteux
Aleksander Ceferin l'avait déjà dit il y a plusieurs mois, il l'a rappelé vendredi : l'Euro itinérant n'aura pas lieu deux fois. "Trop difficile à mettre en œuvre", le projet de Michel Platini pour fêter les 60 ans de la création de l'Euro a créé quelques tensions lors du tournoi. Pour les supporters, le format s'est avéré douloureux tant au niveau financier qu'organisationnel pour suivre leur équipe.
Du côté des sélections, certaines ont été clairement désavantagées. "Ne comptez pas sur moi pour parler d'inégalité ou d'injustice, je ne vais pas me plaindre", assurait Didier Deschamps avant le huitième de finale des Bleus face à la Suisse. Mais le fait est que la France, comme d'autres équipes, a dû parcourir de longues distances et affronter des variations de température forcément préjudiciables pour la récupération des joueurs. Au contraire, les quatre équipes présentes dans le dernier carré de l'Euro ont joué la phase de groupes à domicile.
La réaction de l'UEFA au "rainbow gate"
L'UEFA aura tout tenté pour l'éviter, mais elle a fini par se prendre les pieds dans le tapis. En refusant la requête de Munich d'illuminer l'Allianz Arena avant le match entre l'Allemagne et la Hongrie aux couleurs LGBT - une manière de contester le vote d'une loi hongroise homophobe -, l'instance qui dirige le football européen a provoqué de nombreuses réactions. Un bad buzz en bonne et due forme qui a totalement discrédité l'UEFA et Aleksander Ceferin.
Dans un communiqué, l'UEFA a expliqué avoir refusé la demande de Munich pour assurer "la neutralité politique et religieuse" de l'instance. Ce qui ne l'a pas empêché de changer sa photo de compte Twitter pour soutenir la cause LGBT. Un faux pas considérable, alors que l'Union européenne a décidé ces derniers jours de mettre la pression sur la Hongrie pour qu'elle retire son texte qui assimile homosexualité et pédophilie. Pour ceux qui se le demandaient encore : oui, football et politique sont intimement liés.
Le parcours tronqué des Pays-Bas
Ils ont été l'une des attractions de la phase de groupes et devaient apporter un peu de panache à la phase finale. Le tournoi des Néerlandais s'est finalement arrêté au stade des huitièmes de finale, en butant sur l'étonnante République tchèque (0-2). Pourtant, les Pays-Bas avaient de quoi faire avec Memphis Depay, Frenkie de Jong et le nouveau joueur du Paris Saint-Germain Georginio Wijnaldum.
Après avoir raté l'Euro 2016 et la Coupe du monde 2018, les victoires face à l'Ukraine (3-2), l'Autriche (2-0) et la Macédoine du Nord (3-0) en début de tournoi étaient prometteuses. Finalement, l'aventure s'est arrêtée bien trop tôt, provoquant d'intenses débat au pays sur la légitimité d'un système à trois défenseurs. Le sélectionneur Frank de Boer n'a pas tenu le choc, puisqu'il a été rapidement démis de ses fonctions, passée la déception de l'élimination.
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