Brétigny-sur-Orge : trois enquêtes ouvertes sur le déraillement du train
Selon la SNCF, c'est la défaillance d'une pièce appelée éclisse, "sorte d'agrafe métallique" reliant les rails, qui a provoqué l'accident.
La défaillance d'une pièce d'un aiguillage serait à l'origine de l'accident de train meurtrier de Brétigny-sur-Orge (Essonne) vendredi 12 juillet, selon la SNCF. Cette pièce, appelée éclisse, est "une sorte d'agrafe métallique", de "10 kilos environ", qui permet de relier deux rails, ont expliqué les dirigeants de la compagnie, lors d'une conférence de presse samedi.
La veille, le déraillement d'un train en provenance de Paris et à destination de Limoges a coûté la vie à au moins six personnes, quatre hommes et deux femmes âgés de 19 à 82 ans. Il a également fait 30 blessés, dont huit étaient dans un état grave samedi. Trois enquêtes sont ouvertes.
La défaillance d'une pièce d'aiguillage au cœur de l'enquête du ministère des Transports
Le Bureau d'enquêtes sur les accidents de transport terrestre (BEA-TT), rattaché au ministère des Transports, doit réaliser, "en toute indépendance", l'enquête technique. Ses investigations doivent permettre d'identifier les circonstances, les causes certaines ou possibles, et d'émettre si nécessaire des recommandations de sécurité pour éviter qu'un tel accident se reproduise.
Selon Guillaume Pepy, président de la SNCF, "l'éclisse s'est désolidarisée [des rails] et s'est logée au milieu de l'aiguillage", provoquant sans doute le déraillement. "A cet endroit, elle a empêché le passage normal des roues du train et elle aurait provoqué le déraillement du train", a précisé Pierre Izard, directeur général des infrastructures de la SNCF.
Les dirigeants du groupe ont admis qu'il restait à comprendre pourquoi la pièce s'est détachée. Le président de Réseau ferré de France, Jacques Rapoport, a pour sa part souligné que l'aiguillage en question avait été vérifié lors d'une inspection régulière, le 4 juillet. "La désolidarisation de cette éclisse du rail est l'objet même" des enquêtes technique et judiciaire en cours, a indiqué Guillaume Pepy.
D'éventuels responsables dans le viseur de la justice
Ouverte par le parquet d'Evry, l'enquête judiciaire sera chargée de désigner, s'il y en a, les responsables de cet accident et de les punir. Samedi matin, le ministre des Transports, Frédéric Cuvillier, a exclu une erreur humaine, louant les réflexes du cheminot aux commandes du train.
"Heureusement, le conducteur de la locomotive a eu des réflexes absolument extraordinaires en déclenchant l'alerte immédiatement, ce qui a évité la collision avec un train qui venait dans le sens inverse et qui aurait [sans cela], à quelques secondes [près], percuté les voitures qui déraillaient", a-t-il précisé sur RTL.
Selon Jean-Paul Huchon, président (PS) de l'Ile-de-France, "personne ne peut exclure un acte de malveillance". "Cette pièce [l'éclisse] était tenue par quatre boulons. Il paraît bizarre que les boulons aient tous sauté en même temps", a-t-il déclaré sur France Info. Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, a en revanche affirmé samedi soir "ne pas avoir le sentiment" que le déraillement soit le fruit d'un acte de malveillance.
La SNCF mène sa propre enquête et lance une campagne de vérification sur tout le réseau
La SNCF a également ouvert une enquête interne. Tous les éléments de ses investigations sont transmis au BEA-TT et à la justice. "La SNCF se considère comme responsable : elle est responsable de la vie de ses clients", a expliqué Guillaume Pepy.
La compagnie a annoncé une campagne de vérification de tous les équipements similaires, près de 5 000 en place sur le réseau.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.