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Où en est l'enquête sur la collision de Millas ?

Un mois après l'accident qui a fait six morts, franceinfo fait le point sur ce que l'on sait des circonstances du drame.

Article rédigé par franceinfo
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Le carcasse du car au lendemain de sa collision avec un train à Millas (Pyrénées-Orientales), le 15 décembre 2017/ (RAYMOND ROIG / AFP)

"Mes clients ne veulent pas un coupable à tout prix mais le coupable." Dans l'édition du samedi 13 janvier du Parisien, Jehanne Collard, l'avocate de trois familles de victimes de l'accident de Millas (Pyrénées-Orientales), est catégorique : les parents des six enfants morts dans la collision d'un car scolaire et d'un TER sur un passage à niveau veulent connaître la vérité et savoir comment a pu se produire le drame, à la sortie du collège le 14 décembre dernier.

Un mois après les faits, franceinfo fait le point sur ce que l'on sait des enquêtes en cours.

Trois enquêtes en cours

Pour tenter de comprendre le déroulement des faits, trois enquêtes sont menées en parallèle. L'une est dirigée par le pôle spécialisé dans les accidents collectifs au sein de la juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) du parquet de Marseille.  Selon Le Figaro, leurs investigations se concentrent sur le passage à niveau, son fonctionnement et ses éventuelles défaillances. Pour le moment, c'est le scénario d'une barrière fermée au moment du drame qui est privilégiée par le procureur de Marseille, Xavier Tarabeux, et qui justifie la mise en examen de la conductrice du car.

Le Parisien révèle également que la conductrice a reçu un message sur son téléphone portable quelques minutes avant l'accident, mais qu'il n'a pas été consulté. En outre, on apprend que cette femme de 47 ans a l'habitude de prendre des somnifèresdepuis le décès de son père sept ans plus tôt, sans que l'on sache si ce fut le cas la veille du drame. 

La deuxième enquête, interne celle-là, est commanditée par la SNCF. Selon un premier rapport dont la teneur a été révélé fin décembre par l'avocate de certaines familles de victimes, "tout fonctionnait parfaitement" au passage à niveau de Millas. Ce qui accrédite la thèse d'une erreur humaine. Ce rapport a été transmis au procureur de la République ainsi qu'au Bureau d'enquêtes sur les accidents de transport terrestre (BEA-TT), chargé lui aussi d'enquêter sur l'accident.

Des témoignages contradictoires 

Qu'ils proviennent d'automobilistes ou de passagers du car, les témoignages sur les circonstances du drame sont contradictoires, depuis le début de l'enquête. Dans l'autocar, des enfants ont vu la barrière fermée, d'autres assurent, comme la conductrice, qu'elle était levée. Selon Le Parisien, qui a consulté des procès-verbaux d'audition, "deux ont vu la barrière se baisser et le car la casser", quand un autre explique qu'elle "s'est baissée sur le véhicule avant de se relever"

Des automobilistes présents sur les lieux apportent également des versions contradictoires. L'un d'eux, "formel", indique que "le bus a forcé le passage". Une version avancée également par les deux conducteurs du train qui ont "vu le car pousser la barrière, la franchir et avancer sur la voie ferrée". Deux autres automobilistes, qui se trouvaient de l'autre côté de la voie ferrée, affirment eux que les barrières étaient ouvertes.

"Les témoignages ne seront pas déterminants. Ce sont les expertises techniques qui fourniront la clé de l'énigme", estime de son côté Jean Codognès, l'avocat de la conductrice de l'autocar. 

Une analyse technique sur les barrières

Les barrières du passage à niveau étaient-elles ouvertes ou bien fermées ? C'est donc le point-clé que doit éclaircir l'enquête. Pour ce faire, des analyses sont en cours. Samedi 17 décembre, soit cinq jours seulement après le drame, le procureur révélait que l'analyse du "bloc d'articulation de la barrière" avait montré que cette dernière se trouvait "en position fermée".

Des affirmations contestées par l'avocat de la conductrice, qui critique le premier rapport rédigé par les gendarmes employés par la SNCF. "Comment peuvent-ils affirmer quelques jours seulement après l'accident que tout fonctionnait alors que les pièces étaient censées se trouver sous scellés ?" s'indigne Jean Codognès, dans Le Parisien, avant de dénoncer un "brouillage" de la scène de l'accident.

La conductrice mise en examen et hospitalisée

Interrogée à plusieurs reprises par les gendarmes en charge de l'enquête, la conductrice de l'autocar, âgée de 47 ans, a toujours expliqué avoir fait le nécessaire au moment de franchir le passage à niveau. "Je vérifie qu'il n'y a pas de feu clignotant. Les barrières sont normalement levées et il n'y a pas de voiture", dit-elle dès sa première audition, dont Le Parisien a consulté le procès-verbal.

Informée par les enquêteurs, cinq jours plus tard, que les premiers éléments de l'enquête semblent contredire sa version et que "le passage à niveau fonctionnait normalement", elle réplique : "Vous êtes en train de me dire que tout a marché et que c'est de ma faute ?" "Ce jour-là, il n'y avait rien, ni voyant ni barrière", répète-t-elle.

La conductrice, employée par son entreprise depuis avril 2017 a été mise en examen le 20 décembre pour "homicides involontaires". Blessée au sternum lors de l'accident, elle est aujourd'hui "hospitalisée dans une unité psychiatrique", selon Le Parisien.

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