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Vidéo Selon un pilote de 737 MAX, Boeing aurait sacrifié la sécurité pour des questions de rentabilité

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Complément d'enquête. Selon un pilote français de 737 Max, Boeing aurait sacrifié la sécurité pour des questions de rentabilité
Article rédigé par France 2
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Deux récents crashs aériens impliquent des Boeing 737 MAX, appareils de dernière génération, et surtout leur nouveau système de stabilisation. Dans les deux cas, celui-ci a obligé l'avion à piquer suite à des informations erronées. Il aurait fallu le désactiver, mais les pilotes n'ont pas été informés de son existence. Pourquoi ? Dans "Complément d'enquête", voici ce qu'en dit un pilote.

Avant le drame qui a causé la mort de 157 personnes en Ethiopie le 10 mars 2019, il y a eu l'accident d'un vol de la compagnie Lion Air, en octobre 2018. Deux crashs aériens qui mettent en cause des Boeing 737 MAX, un appareil de dernière génération, et surtout son nouveau système antidécrochage, le MCAS. Celui-ci, conçu pour prendre le dessus sur le pilote, peut obliger l'avion à piquer en dépit de toutes les interventions manuelles. Pour pouvoir le désactiver, encore faudrait-il être au courant de son existence... Or les pilotes n'en ont pas été informés. Pourquoi ?

Boeing s'est contenté d'envoyer une note

Après le crash de la Lion Air, Boeing s'est contenté d'envoyer à tous les pilotes de 737 MAX une note de recommandation. La FAA, l'Agence fédérale de l'aviation civile américaine, a quant à elle publié en novembre 2018 une mise en garde au sujet du MCAS. Elle y évoque "un risque de piqué répété", dû à un signal erroné envoyé au système de commandes de vol, et de perte d'altitude "importante, jusqu'à l'impact avec le sol". 

"Une panne très critique", juge un pilote qui s'estime trahi par Boeing

"Complément d'enquête" a pu s'entretenir avec l'un des rares pilotes français de 737 MAX. Il travaille pour une compagnie étrangère. Comme de nombreux confrères, il ne comprend pas pourquoi cette note est arrivée si tard. "Elle était la bienvenue, mais elle n'était pas rassurante", confie-t-il. Avant le crash, en Ethiopie comme en Indonésie, c'est pendant la phase de décollage que le système MCAS s'est déclenché à tort. "C'est le pire moment", alors que "l'équipage est vraiment occupé". "Une panne très critique", juge-t-il.

Or ce pilote nous confirme que dans son manuel de bord, à aucun moment, le système MCAS n'est mentionné. Il a le sentiment d'avoir été trahi par Boeing. "C'est incroyable que, dans le design comme dans la documentation fournie avec l'avion, on n'ait aucune information là-dessus. C'est pas criminel, mais presque ! C'est juste ajouter quelques pages, et peut-être une procédure ou deux... Ce n'est pas insurmontable."

L'avionneur a-t-il voulu faire des économies ?

Selon lui, le problème serait économique. "Ils n'ont pas voulu modifier trop profondément l'avion pour que les pilotes n'aient pas à repasser une qualification pour cet avion. [Cela] coûte de l'argent aux compagnies, il faut développer des simulateurs, etc. Donc finalement, conclut-il, à vouloir éviter à tout prix ce passage de qualification pour le Max, on en arrive à deux crashs d'une centaine de morts..."

Extrait de "Boeing : la descente aux enfers", un reportage à voir dans "Complément d'enquête" le 21 mars 2019.

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